Le professeur en économie et finance, Nour Meddahi, a indiqué, dans un entretien accordé au quotidien Liberté, que l’écart entre le taux de change officiel et informel du dinar favorise les surfacturations.
« L’écart entre les deux taux de change est très élevé, soit près de 60%, ce qui est un maximum historique. Cet écart favorise les surfacturations. Une hausse de cet écart rendrait les surfacturations encore plus juteuses, ce qui les ferait augmenter et donc ferait baisser davantage les réserves de changes », a-t-il indiqué.
Il a ajouté que « l’autre effet négatif est lié à l’épargne. L’augmentation de cet écart rend l’achat de devises très attractif du point de vue de la rentabilité de l’investissement, au détriment des autres placements financiers comme par exemple l’achat de bons du Trésor ou d’emprunts obligataires », selon le même média.
M. Meddahi a souligné, dans le même entretien, qu’ « il est impératif de réduire l’écart entre les deux taux de change, en faisant baisser la valeur du dinar sur le marché officiel et en augmentant sa valeur sur le marché parallèle ».
« Nous avons expliqué qu’il était impératif d’augmenter de manière substantielle toutes les allocations de voyage, afin de diminuer la demande de devises sur le marché parallèle. Automatiquement, l’écart entre les deux taux de change baisserait de manière substantielle », a-t-il ajouté.
Interrogé sur la possibilité laissée aux Algériens d’importer des véhicules de moins de trois ans d’âge, mesure qui reste toujours en cours d’examen, l’économiste a rappelé que l’interdiction « a été prise dans une loi de finances, ce qui veut dire qu’il faudrait une loi de finances complémentaire que ne pourrait pas signer le chef actuel de l’État. Cette annonce ressemble donc plus à de la gesticulation qu’à autre chose ».
Par ailleurs, il a souligné que « si, dans le futur, cette mesure était réellement adoptée avec des paramètres intéressants pour le citoyen, afin de la rendre rentable, par exemple par une exemption des droits de douanes, elle aurait un impact sur le taux de change parallèle. En effet, le succès de cette mesure augmenterait la demande des devises sur le marché parallèle et donc le prix de ces devises », selon le même média.
Selon M. Meddahi, « la valeur du dinar baisserait sur le marché parallèle. Comme le dinar sur le marché officiel est stable, cela amènerait une hausse de l’écart entre les deux taux et favoriserait donc la surfacturation. En conséquence, les réserves de changes baisseraient encore plus rapidement, alors qu’un des arguments pour la mise en place de cette mesure est de ralentir la baisse de ces réserves ».
Questionné sur une éventuelle baisse du dinar par rapport aux principales devises, telles que l’euro ou le dollar, M. Meddahi a indiqué que « le dinar a beaucoup baissé depuis le contre-choc pétrolier de l’été 2014 (…). Néanmoins, l’énorme déficit du compte courant de la balance des paiements (13% du PIB en 2017 et 10% en 2018) et l’érosion rapide des réserves de changes (193 milliards de dollars en juin 2014 contre moins de 80 milliards actuellement) indiquent clairement que le dinar est très surévalué ».
Selon l’économiste, Il est « nécessaire de reprendre sa baisse, et l’accompagner par des augmentations salariales ou des baisses d’impôts pour compenser la perte du pouvoir d’achat », en affirmant qu’au regard des conditions actuelles « la valeur du dinar sur le marché officiel va rester stable à court terme ».