« Le départ de Bouteflika n’est pas synonyme de départ ou de changement de tout le système de gouvernance. Aujourd’hui, nous sommes dans un virage intéressant. La révolution a arraché des acquis, mais les attentes sont fortes », a indiqué Zoubida Assoul. Présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), lors d’un entretien accordé au quotidien El Watan.
Mme. Assoul a indiqué que « le processus de changement du système est engagé irréversiblement. Plus jamais l’Algérie de l’après-22 février ne sera comme celle d’avant le 22 février. Nous assistons aussi à une réappropriation de l’espace public et de l’espace politique. Le processus est déjà en place, mais il va falloir le consolider à l’avenir. Face à cela, le régime en place reste dans le déni de vérité ».
Elle a souligné qu’ « il ne s’attendait pas à ce que le peuple manifeste pacifiquement dans la durée et formule des revendications éminemment politiques. Le système politique ne s’attendait pas aussi à ce qu’il soit remis en cause de cette manière. Alors, il est en train de tâtonner et de chercher la meilleure formule pour essayer de trouver des solutions », selon le même média.
Interrogée sur le rôle de l’armée dans le processus de transition, la présidente de l’UCP, a indiqué, dans le même entretien, que « le chef d’état-major déclarait, depuis fort longtemps, que l’armée ne faisait pas de politique. Or, on sait très bien que l’armée a toujours joué un rôle prépondérant dans la prise de décision politique. Aujourd’hui, il est temps que cette dernière revienne à ses missions constitutionnelles ».
Elections présidentielles du 4 juillet 2019
Évoquant les élections présidentielles prévues pour le 4 juillet prochain, Mme. Assoul a indiqué que Bensalah « sait très bien qu’il est impossible d’aller vers des élections le 4 juillet prochain pour des raisons objectives. Actuellement, le peuple et l’écrasante majorité de la classe politique refusent de cautionner ce processus électoral ».
Abondant dans le même sens, elle a souligné qu’ « au lieu de s’accrocher aux élections du 4 juillet, il faut aller vers une solution politique de la crise. Mais, il ne faut pas attendre la fin du mandat de Bensalah, car on risque de se retrouver encore sous d’autres vides constitutionnels qui pourraient mettre en danger l’unité du pays », selon la même source.
Questionnée sur l’incarcération de certains hommes d’affaires et de Louisa Hanoune, SG du Parti des Travailleurs, Mme. Assoul a indiqué qu’ « en tant que cheffe de parti, c’est une situation inquiétante pour le devenir de la pratique politique. Le contenu des chefs d’inculpation est assez lourd ! ».
Elle a ajouté que « c’est inquiétant qu’une femme politique qui a toutes les garanties de se présenter à la justice soit mise en prison. Maintenant, si on parle sérieusement d’un Etat de droit et d’une justice indépendante, il faudrait respecter la présomption d’innocence », précisant qu’ « en aucun cas la justice ne doit être un outil de règlement de comptes, ni de conjoncture ponctuelle de lutte de clans ».