L’avocat et militant des droits de l’homme, Me Mostefa Bouchachi, a réagi, jeudi soir, aux consultations engagées par le chef d’Etat par intérim Abdelkader Bensalah, en estimant qu’elles ne concernent pas le peuple algérien. Me Bouchachi a appelé la classe politique qui dit être du côté du mouvement populaire à les boycotter.
« Ces consultations engagées par Abdelkader Bensalah, en le considérant comme chef d’Etat, avec la classe politique, sont une provocation pour le peuple algérien, et nous donne une idée sur l’entêtement du régime et sa minimisation de la volonté populaire. Je rappelle que, Bensalah rejeté par le peuple algérien pour gérer la période de transition pour qu’il soit président, ces consultations, ne concernent pas le peuple et elles sont entièrement refusées », a déclaré Me Bouchachi dans une vidéo en direct sur sa page Facebook.
Par la même occasion, il a appelé la classe politique (partis et personnalités) à boycotter ces consultations qui ne serviront à rien. « Je voudrais m’adresser à la classe politique et aux personnalités nationales, je pense que, ceux qui ont dit qu’ils étaient au côté du mouvement populaire, des marches pacifiques et disent qu’ils soutiennent les algériennes et les algériens dans leurs revendications légitimes. Je leur dis que la participation à ces consultations ne débouchera sur aucun résultat, parce que, l’initiateur est refusé par la rue, et que les algériens refusent qu’il (Bensalah) gère la période de transition et rejettent l’élection présidentielle ».
Bouchachi a appelé la classe politique a transformé leurs dires en actes, consistant en le boycott de ces consultations. Parce que, a-t-il estimé, « participer à ces consultations, sachant que le peuple n’accepte pas cela, et considère que ceux qui y participeront, sortent peut-être, de la volonté populaire et ne sont pas en phase avec le peuple et ses revendications légitimes. Mon souhait, c’est la classe politique toute entière, boycottera ces consultations, parce que, le peuple algérien, toutes catégories confondues, ne veulent pas que les symboles du système continuent de gérer les affaires courantes, et sur ce, il ne faut pas que la classe politique les aide pour continuer », a-t-il insisté.
« Je me demande comment, les maires et les juges refusent de réviser les listes électorales et d’encadrer les élections, et la classe politique courre vers ces consultations, qui à la fin, c’est de reconnaître que Bensalah est le chef de l’Etat et ce sera lui qui gérera la période de transition », a-t-il indiqué à l’adresse de la classe politique.
Bouchachi appelle les algériens à l’union face à la contre révolution
« Demain c’est le 9e vendredi du mouvement populaire. Depuis le début, nous avons dit que c’est un mouvement pacifique, ensuite, nous avons dit qu’il faut que le mouvement se poursuive, parce que, le régime corrompu et qui a corrompu la volonté des algériens durant les 20 dernières années, ne partira de sitôt. Il va s’entêter, il tentera de se maintenir, il va également essayer de mobiliser ses éléments pour faire une contre révolution », a expliqué Me Bouchachi.
Face à cela, il a appelé les algériens à rester unis. « Il faut qu’on reste unis. Il faut qu’on insiste et qu’on continue. Il faut que tout le monde sache que nous sommes déterminés, et que toutes les choses qui nous divisent durant cette étape sensible, il faut qu’on les mette de côté. Parce que, ce qui nous intéresse, c’est de continuer avec la même détermination, union et pacifisme. Nos concitoyens à l’étranger et le monde entier nous regardent avec admiration, c’est pour cela qu’il faut qu’on continue », a-t-il déclaré.
« Il faut que la neuvième marche soit plus grande à toutes les échelles. Il faut qu’elle soit une réponse à tout ceux qui hésitent parmi les symboles du système, et qu’ils peuvent encore continuer et s’entêter à provoquer le peuple, et de résister face à la volonté populaire. Et avec la marche de demain et les prochaines marches, nous ferons en sorte que tout le monde parte. Mais, ils partiront, lors que nous resterons unis, déterminés et pacifiques », a indiqué Me Bouchachi.
« C’est beau les communiqués, mais, on veut à l’avenir des actes »
Revenant sur le dernier communiqué du haut commandement de l’Armée, qui promis de protéger les citoyens, notamment, lors des marches, en affirmant que, toutes les perspectives possibles pour une sortie de crise dans les plus brefs délais, restent ouvertes. Me Bouchachi a estimé que c’est un acte positif de la part de l’Armée contrairement au précédent communiqué dans lequel il était indiqué que les revendications populaires sont « irréalisables ». Il a estimé que « c’est beau les communiqués, mais, on veut des actes à l’avenir ».
Commentant la démission du président du Conseil Constitutionnel Tayeb Belaïz, Bouchachi a estimé que c’était une une victoire de courte durée, du fait que, le système a nommé rapidement un nouveau président du CC (Kamel Feniche). Il a expliqué que, cette nomination est faite sans respecter les procédures légales et les délais.
« Il est supposé que le nouveau président du CC est nommé par le tiers des membres nommés par le président de la république, mais, celui-là, a été nommé par les magistrats du CC. En plus, il a été nommé quelques heures après la démission de Tayeb Belaïz. Cette vitesse dans la nomination du nouveau président du CC, c’est pour priver le peuple algérien de d’aller vers une période de transition avec les personnes qu’il veut qu’elles gèrent cette période et aller vers une nouvelle république algérienne. Elle est également pour ne pas laisser le poste de président du CC vacant, et dans le cas où Bensalah démissionnerait, c’est le nouveau président du CC qui serait désigné Chef d’Etat conformément à l’article 102 de la Constitution. Ce qui prouve que, le pouvoir ne s’est pas encore rendu et s’entête. Nous dirons, même le nouveau nominé doit partir tout comme les autres », a-t-il précisé.
En outre, Me Bouchachi a dénoncé la répression de la marche de vendredi 12 avril à Alger, les interpellations de manifestants et de militants, l’acte abjecte commis par la police au commissariat de Baraka, où quatre femmes ont été déshabillées samedi dernier, et l’irruption des services de sécurité dans l’enceinte de l’université de droit de Saïd Hamdine à Alger. Bouchachi a appelé à l’ouverture d’enquêtes en urgence sur ces actes.