Le Trésor britannique a prévenu lundi qu’une récession s’abattrait sur le pays en cas de sortie de l’Union européenne, une nouvelle prévision anxiogène qui nourrissait l’argumentaire du Premier ministre David Cameron et la colère des défenseurs du Brexit.
Après avoir mis en garde il y a un mois contre le « choc économique violent » que représenterait à long terme un départ du navire européen, le ministère des Finances a diffusé des données inquiétantes sur l’impact cette fois à court terme d’un Brexit, à un mois du référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE le 23 juin.
« L’économie britannique plongerait dans une récession d’une année », a-t-il affirmé, soulignant que le pays apparaîtrait brutalement comme « moins ouvert au commerce et à l’investissement », subirait l’impact des incertitudes engendrées sur l’activité des entreprises et souffrirait d’une brutale volatilité des marchés financiers si chers à la City de Londres.
Au final, les experts du Trésor ont calculé que le produit intérieur brut (PIB) du pays serait inférieur de 3,6% au bout de deux ans à ce qu’il aurait été en cas de vote pour rester dans l’UE, et même inférieur de 6% dans le cadre d’un scénario encore plus pessimiste.
« Les Britanniques ont travaillé si dur pour remettre notre pays sur les rails (…), est-ce-que le Royaume-Uni veut désormais retomber en récession de par sa propre faute ? », a immédiatement réagi le ministre des Finances George Osborne qui, comme David Cameron, défend un maintien dans l’UE alors que le camp conservateur est très divisé entre pro et anti-UE.
M. Osborne rappelle que le pays a connu il y a huit ans « sa plus sévère récession depuis la Seconde Guerre mondiale » en raison de la crise financière internationale, avant que la croissance ne reparte pour atteindre ces deux dernières années un rythme supérieur à la plupart des autres pays riches du G7.
– Des chiffres ‘orientés’ –
La publication du Trésor est la dernière en date d’une série de mises en garde sur les conséquences économiques d’un Brexit, lancées ces dernières semaines par de nombreuses institutions officielles comme la Banque d’Angleterre, l’OCDE, le Fonds monétaire international (FMI) ou encore le G7 Finances samedi.
Si elle offre des munitions supplémentaires à M. Cameron, elle n’a fait qu’accroître la colère des partisans du départ face à ce qu’ils présentent comme une conspiration des « laquais » britanniques de Bruxelles et de l’establishment international.
Iain Duncan Smith, qui a démissionné en mars de son poste de ministre du Travail, a fustigé « une étude pas honnête, clairement orientée et qui ne doit pas être prise au sérieux ».
« La réalité, c’est que nous payons 350 millions de livres (450 millions d’euros) par semaine à l’UE. Si nous votons pour partir, nous pourrions remettre la main sur cet argent et l’utiliser ici au Royaume-Uni », a-t-il déclaré, usant au passage d’un chiffre ne prenant pas en compte le rabais octroyé par Bruxelles à Londres, soulignent les analystes qui parlent de 280 millions de livres hebdomadaires versés au budget de l’UE.
« Nous reprendrions aussi le contrôle de notre économie en créant des centaines de milliers d’emplois via la conclusion d’accords de libre-échange avec les pays du monde en forte croissance », a ajouté M. Duncan Smith.
La personnalité la plus en vue du camp du Brexit, l’ex-maire de Londres Boris Johnson, a lui ironisé contre le « camp de la peur », dans une tribune au Daily Telegraph où il a brossé le portrait idyllique d’un Royaume-Uni libre et prospère au lendemain d’un vote pro-Brexit.
« Les marchés furent calmes, la livre ne s’écroula pas, le gouvernement britannique lança une campagne efficace et populaire sur le continent pour expliquer qu’il ne s’agissait pas d’un rejet de +l’Europe+ mais juste des institutions supranationales; et une nouvelle relation (avec Bruxelles) fut rapidement mise en place basée sur le libre-échange et le leadership britannique traditionnel en matière de politique étrangère », écrit celui qui se verrait bien dans les souliers de M. Cameron.
AFP