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Transport maritime de marchandises : L’Algérie vulnérable aux embargos

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Triste réalité que celle relatée par notre ministre des Transports, M. Boudjemââ Talaï à l’occasion d’une récente interview accordée à une radio nationale. Il y affirme en substance que l’Algérie ne dispose que de six bateaux en mesure de voguer sur les eaux territoriales étrangères, lesquelles sont soumises à de très strictes règles de navigation excluant de fait les vieux rafiots de la CNAN dont une partie non négligeable (environ 25 navires) est, apprend-on de cette même source, bloquée dans divers ports du monde pour défaut de paiement ou pour danger de navigation.
L’Algérie dispose pourtant de plus de 1200 kilomètres de façade maritime sur l’une des mers les plus animées au monde et que les corsaires algériens avaient outrageusement dominée des siècles durant, avant que la colonisation française n’y mette définitivement fin.

Monopole de la CNAN

Le ministre a bien raison de soulever ce paradoxe qui, non seulement, coûte très cher au pays mais, plus grave encore, le rend vulnérable à d’éventuels embargos que pourraient, pour une raison ou une autre, exercer sur lui des compagnies maritimes étrangères.
Ce grave problème a été posé de manière récurrente par pratiquement tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays depuis 1990, mais aucun n’a réussi à y remédier pour la simple raison qu’ils se sont tous entêtés à maintenir le monopole de l’Etat sur transport maritime de marchandises, monopole dévolu, comme on le sait, à la Compagnie Nationale de Navigation (CNAN). Une compagnie irrémédiablement empêtrée dans d’inextricables problèmes de gouvernance et d’endettement mais que les autorités politiques algériennes pensent pouvoir sortir d’affaire en l’aidant à acquérir de nouveaux navires.
Un programme d’acquisition de 25 bateaux neufs à l’horizon 2017 aurait été mis en œuvre et les premiers navires seraient même déjà livrés, selon une source proche de la CNAN, qui doute toutefois que le renforcement projeté puisse changer radicalement la donne. Ce dernier demeure convaincu que même avec ces 25 navires supplémentaires, la CNAN ne sera en mesure d’assurer, dans le meilleur des cas, que 3 à 4% du fret national.

Le privé indésirable

La solution, insiste-t-il, est dans l’accès du privé algérien au métier d’armateur, autrement dit, dans l’entrée en lice de propriétaires de navires marchands, d’autant plus, précise-t-il, qu’un décret datant de 2010 les y autorisent.
De nombreux hommes d’affaires se sont, en effet, intéressés à ce créneau mais n’ont trouvé devant eux que des difficultés inhérentes à une bureaucratie rétive au changement qui se cache derrière l’indisponibilité de textes d’application.
Il est vrai que le Forum des Chefs d’Entreprises (FCE) a, à diverses reprises, interpellé le gouvernement sur la nécessité de mettre en application le décret de 2010, mais faute de textes réglementaires qu’on tarde à promulguer, sans doute à cause de l’hostilité de certains partis politiques et d’une frange de l’UGTA à cette ouverture, le privé algérien n’a jamais pu investir dans le créneau de l’armement, laissant ainsi le champ libre à un monopole d’État mal assumé, qui pénalise lourdement le pays.

N.G

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