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Après la refonte de la constitution: Une nouvelle génération de réformes économiques s’impose

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Il y a de nombreuses questions que les hommes d’affaires se posent avec acuité quand il s’agit d’investir en Algérie ou de manager du mieux possible une activité économique. L’arsenal juridique y est, en effet, incomplet, souvent contradictoire et parfois même sujet à de brutaux changements. Les réactions des autorités publiques sont versatiles, la concurrence exercée par le marché informel, est pour le moins, déloyale et le climat des affaires peu motivant. C’est pourquoi ces opérateurs économiques sont aujourd’hui nombreux à souscrire à l’idée d’un grand débat national que la récente réforme de la Constitution et le prochain remaniement ministériel, rendent incontournable. A l’occasion de cette rencontre les acteurs concernés pourraient à titre d’exemples plancher sur les problèmes qui entravent l’investissement, la stratégie à adopter dans le court et le moyen terme pour lever ces obstacles et le train de mesures à prendre pour accélérer la transition au système de marché. La nécessité d’un tel forum est reconnue par tous les acteurs économiques et sociaux du pays, tant les interférences du politique dans la conduite des affaires économiques, ont fini par faire perdre de vue l’objectif central visé par les réformes de 1988, à savoir, l’édification d’une économie de marché.

Tous ces acteurs ont effectivement besoin de savoir si les entreprises publiques économiques sont, comme le proclament les autorités politiques, autonomes et soumises à l’obligation de résultats ou seulement des démembrements de l’Etat fonctionnant comme des administrations publiques. Ils veulent également savoir si les dirigeants de ces entités doivent être d’authentiques managers dotés de pouvoirs de décision ou de simples fonctionnaires aux ordres des tutelles. Les 810 entreprises publiques économiques en situation de faillite mais toujours en activité, recensées par le bureau d’études du ministère de l’Industrie « ECOFIE » tendent à confirmer la perte d’autonomie de ces entreprises et l’abandon total de l’obligation de résultats ouvertement assumés par les plus hautes autorités du pays. Les assainissements financiers dont ont bénéficiées ces toutes dernières années des centaines d’entreprises publiques économiques insolvables confirment malheureusement ce constat de « double collège » dont bénéficient les entreprises publiques mais jamais les sociétés privées. Elles ont pourtant le même statut de sociétés par actions nécessairement régies par la même loi, en l’occurrence, le Code Commerce. Un article de la nouvelle Constitution a certes mis fin à cette anomalie en mettant les entreprises publiques et privées sur pied d’égalité mais son application promet d’être ardue tant les intérêts des uns et des autres sont en jeu.
Les acteurs économiques comptent également sur cette concertation multi latérale à haut niveau, pour apporter des réponses ou, à défaut, sensibiliser les autorités politiques concernées sur des problèmes aussi importants que les modalités d’octroi de crédits aux entreprises, la politique de change, l’accès au foncier, le régime des transferts appliqués aux franchises, l’implication du privé dans le financement des grandes infrastructures, le concours multiformes des élites expatriées et autres préoccupations majeures d’entrepreneurs en quête d’un meilleur climat possible des affaires. La nouvelle Constitution élève, là aussi, le climat des affaires au rang des grandes préoccupations de l’Etat qui doit consacrer toute son énergie en vue d’une amélioration significative et constante. Il faudra attendre la mise en œuvre de cette disposition pour juger de son efficacité.

Les banquiers, certes tétanisés par un code pénal ultra répressif , ne devraient ils pas faire preuve d’un peu plus d’audace lorsqu’il s’agit de prendre des risques susceptibles de contribuer à la promotion de projets utiles pour le pays ? Quel taux de change appliquer au dinar ? Faut-il stabiliser le dinar à sa valeur actuelle ou, au contraire, le soumettre aux mécanismes du marché ? L’Algérie a telle intérêt à avoir un dinar fort ou faible ? Faut-il arrimer le dinar au dollar, à l’euro ou à d’autres monnaies? Quelles actions précises l’État compte entreprendre pour éradiquer le marché parallèle de la devise et autres activités informelles qui gangrènent notre économie. Autant de questions fondamentales qu’un débat national pourrait trancher, ou pour le moins clarifier, pour le grand bien du pays, pensent de nombreux entrepreneurs, notamment, ceux qui sont affiliés à des organisations patronales.

Les acteurs économiques et sociaux ont également besoin d’être fixés sur le statut des richesses du pays et des instances habilitées à décider de leur exploitation. Pour ce qui est des hydrocarbures par exemple, la décision doit elle revenir au Conseil National de l’Énergie créé à cet effet mais qui ne s’est jamais réuni ou, comme c’est aujourd’hui le cas, à quelques hautes autorités qui ne prennent jamais le soin d’expliciter publiquement la portée de leurs décisions. Ils ont également besoin de savoir si l’intensification des exportations de pétrole et de gaz n’hypothèquera pas à terme nos réserves d’hydrocarbures qu’on n’a pas pris le soin d’évaluer de manière précise. Il y a également lieu de débattre sur la question centrale de l’après pétrole, d’autant plus, que les perspectives en matière de prix restent fondamentalement pessimistes en dépit de quelques redressements épisodiques. Les énergies renouvelables peuvent elles constituer une alternative viable aux énergies fossiles ? Quelle richesse hors hydrocarbures leur substituer pour garder les niveaux de recettes générés par les ventes de gaz et de pétrole ? L’agriculture doit elle être développer sous la forme bio ou au contraire selon des modes de production intensif s? Comment réformer notre système éducatif afin qu’il dispense des enseignements en phase avec les besoins des entreprises et pour que nos centres de formation supérieure soient directement au service du développement des territoires et de la nation ?

Quelle variante économique choisir pour l’Algérie ? Une économie de marché à connotation sociale de type européen ou une économie ultra libérale à l’américaine que la crise des « subprimes » a quelque peu ternie ? Comment mettre en œuvre les accords que l’Algérie s’apprête à conclure avec l’OMC, eu égard au retard que notre pays a pris en matière de réformes et de mise à niveau des entreprises ?
Sans limitation des thèmes dont il faut absolument débattre, les économistes évoquent pelle mêle des thèmes aussi stratégiques que la mise à niveau des administrations et des institutions chargées de la mise en œuvre des réformes économiques. Comment faire pour mettre au service des réformes des administrations aussi sclérosées et aussi sclérosantes que les nôtres ? Quelle stratégie d’intégration à l’économie mondiale adopter compte tenu de la situation de nos entreprises et de nos modes de production ? Quelle stratégie adopter en matière de privatisations ? Quelles sont les entreprises qui doivent en être épargnées ? Qu’est ce qu’un service public devant rester sous le giron de l’Etat et une entreprise publique économique qui doit, de par son statut de société par actions, être soumise à l’obligation de résultats, à la concurrence et, si nécessaire, à la privatisation ?
Qui sera chargé de piloter la transition à l’économie de marché en veillant, à travers un échéancier d’objectifs à atteindre, à ce quelle soit la moins longue possible ?

Beaucoup de questions, pour certaines fondamentales continuent, comme on le voit, à se poser, aussi bien, aux acteurs économiques (entreprises, banques, investisseurs etc.) confrontés à d’inextricables difficultés de terrain, qu’aux acteurs politiques, qui ont du mal à prendre des mesures législatives et réglementaire en cohérence avec les objectifs d’une politique économique suffisamment bien clarifiée. La non réponse à ces questions explique, en grande partie, l’enlisement des réformes avec tout le cortège de dérives qu’il génère, parmi lesquelles, la prolifération du marché informel, l’excès d’importations, la surmortalité des entreprises de production, la désertification industrielle, le climat des affaires peu incitatif et la dépendance persistante des hydrocarbures, sont les plus apparentes.

Nordine Grim

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