Le Fonds monétaire international (FMI) a conseillé mardi aux pays du Golfe « d’accélérer la diversification » de leur économie, encore trop dépendante du pétrole, jugeant le moment « opportun ».
Ces pays –Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar–, qui sont regroupés dans le Conseil de coopération du Golfe (CCG), devraient enregistrer cette année leur plus faible croissance du PIB depuis 2009, à +0,5%, a prédit le FMI.
« C’est aujourd’hui le moment opportun pour eux d’accélérer la diversification de l’économie hors du secteur pétrolier. Il faut promouvoir un rôle accru du secteur privé pour soutenir la croissance et créer davantage d’emplois », a déclaré à l’AFP le directeur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au FMI, Jihad Azour.
« Préparer les économies à l’ère post-pétrole devient une priorité pour toute la zone du Golfe », a-t-il insisté.
Les monarchies du Golfe ont longtemps mené grand train grâce à la manne pétrolière et gazière. Mais depuis l’effondrement des cours de l’or noir en 2014, leurs déficits budgétaires se sont creusés de manière abyssale, les forçant à couper certaines subventions, à introduire de nouvelles taxes et à stimuler d’autres secteurs économiques.
Pour M. Azour, l’introduction d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 5% annoncée par l’Arabie saoudite et les Emirats pour le début de 2018 est une des mesures qui permettra d’arriver à cette diversification tant souhaitée.
« Son taux bas aura un impact limité sur l’inflation », a souligné le responsable du FMI qui estime qu’elle permettra de générer entre 1,5% et 2% de Produit intérieur brut (PIB) chaque année.
Le FMI a par ailleurs souligné que le secteur non pétrolier enregistrait une croissance plus rapide que prévue en Arabie saoudite, pays qui est le premier exportateur de pétrole dans le monde.
La croissance de la première économie du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sera quasiment nulle cette année, mais le FMI voit malgré tout des signes positifs dans ce pays qui a lancé un vaste plan de transformation économique baptisé « Vision 2030 ». Ryad veut notamment créer une gigantesque zone économique, NEOM, sur les bords de la mer Rouge. Elle doit être dédiée à des secteurs aussi différents que la biotechnologie, le numérique, l’alimentation et les médias, selon le prince héritier Mohammed ben Salmane. « L’économie saoudienne se redresse et la mise en œuvre graduelle des ajustements budgétaires va lui permettre de croître plus rapidement », prédit M. Azour. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis pourraient atteindre l’équilibre budgétaire en 2020 et 2022.
Le royaume saoudien a affiché des déficits budgétaires d’un total de 170 milliards d’euros en 2014, 2015 et 2016, et devrait enregistrer un déficit de 45 milliards d’euros cette année.
Et preuve que le pétrole n’est plus aujourd’hui la ressource miracle, le FMI a indiqué que les économies des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord qui doivent importer de l’or noir devraient elle enregistrer une croissance solide de 4,3% cette année, largement supérieure à celle des pays exportant du brut.
Afp