Accueilla deuxBus de touristes algériens vers la Tunisie : une nouvelle autorisation à...

Bus de touristes algériens vers la Tunisie : une nouvelle autorisation à l’origine des blocages aux frontières

Date:

Depuis dimanche 7 décembre, plusieurs bus transportant des touristes algériens vers la Tunisie sont bloqués aux postes-frontières d’Oum Teboul et d’El Ayoune, dans la wilaya d’El Tarf. Cette situation est liée à l’entrée en vigueur soudaine d’une nouvelle exigence administrative : une autorisation provisoire de transport international de voyageurs, délivrée par les directions des transports, est désormais requise pour les bus assurant ces liaisons.

Selon des organisateurs de voyages cités ce lundi 8 décembre par le journal El Khabar, cette mesure n’a pas été annoncée à l’avance. Elle a été appliquée le jour même à l’ensemble des postes-frontières terrestres entre l’Algérie et la Tunisie, provoquant le blocage de nombreux bus et la saturation des aires de stationnement aux frontières.

Des sources citées par le même journal, qui se sont exprimées sous couvert de l’anonymat, expliquent que cette décision serait liée à l’augmentation notable des voyages organisés par bus vers la Tunisie, souvent d’une durée minimale d’une semaine. Ces déplacements permettraient à certains voyageurs de bénéficier du droit de change au taux officiel, fixé à 750 euros, avant d’en détourner une partie à leur retour. Ce phénomène aurait donné lieu, selon les mêmes sources, « à des problèmes sociaux en Tunisie et à dérives et pratiques abusives ».

« Et c’est ce qui a poussé les autorités des deux pays, l’Algérie et la Tunisie, à mettre en place des mesures aux procédures de passage des frontières » afin de freiner ces pratiques. À ce stade, aucune déclaration officielle n’a toutefois été faite par les autorités des deux pays.

Dans ce contexte, la Banque d’Algérie est intervenue par un communiqué rendu public dimanche 7 décembre. Elle y rappelle que le droit de change est strictement personnel et destiné exclusivement aux besoins du voyage à l’étranger. « L’instruction N°05-2025 relative au droit de change pour voyage à l’étranger, notamment dans son article 10, interdit et sanctionne le recours à toute manœuvre visant à dévier l’usage du montant du droit de change, conformément à la législation en vigueur », précise l’institution.

Sur le terrain, les professionnels du secteur confirment l’ampleur du blocage. « Des dizaines de bus sont actuellement bloqués au niveau du poste frontalier Oum Teboul, car surpris par cette décision prise et appliquée le même jour », indique l’agence Sid Travel, citant « une décision ministérielle ». Selon cette même source, les compagnies doivent désormais « disposer d’une licence pour le transport international et non d’une licence touristique ordinaire ». L’agence a évoqué la possibilité d’annuler certains voyages programmés entre le 11 et le 18 décembre « dans le cas où la décision est maintenue ».

L’association nationale de tourisme Kounouz El Djazair a, de son côté, confirmé que plusieurs bus ont été empêchés de franchir la frontière pour défaut d’autorisation. Certaines compagnies ont toutefois réussi à régulariser leur situation. L’opérateur Ben Achour affirme avoir obtenu une autorisation provisoire délivrée par la direction des transports de la wilaya d’Annaba.

« L’opérateur Ben Achour, enregistré sur le registre national des transporteurs publics, est autorisé à effectuer des services internationaux de transport de passagers sur la liaison : Annaba – République tunisienne via le poste-frontière d’Oum Teboul », peut-on lire dans le document publié sur les réseaux sociaux. Cette autorisation, valable du 7 au 22 décembre, concerne un bus précis identifié par son numéro d’immatriculation. La compagnie assure ainsi : « Nous informons nos chers clients que la société Ben Achour dispose d’une licence de transport international et de tous les documents légaux nécessaires et que nous ne sommes pas contraints d’annuler aucun voyage ».

Cette mesure intervient alors que les flux touristiques algériens vers la Tunisie ont fortement augmenté en 2025. La revalorisation de l’allocation touristique à 750 euros, entrée en vigueur en juillet dernier, a largement contribué à cette dynamique. Selon les chiffres officiels tunisiens, près de 1,5 million de touristes algériens ont franchi les postes-frontières terrestres du gouvernorat de Jendouba jusqu’à fin novembre 2025.

Les statistiques du Commissariat régional au tourisme de Tabarka et Aïn Draham font état de 1.413.199 arrivées, contre 1.136.834 à la même période de l’année précédente, soit une hausse de 24,31 %. Cette affluence a eu des retombées économiques notables dans la région, notamment pour l’artisanat, le transport touristique et les activités liées au secteur.

Les autorités tunisiennes misent sur une nouvelle hausse pendant les fêtes de fin d’année et ont engagé plusieurs actions pour améliorer l’accueil aux frontières, notamment par l’installation de bureaux d’information à destination des visiteurs algériens. Toutefois, la nouvelle exigence imposée aux bus côté algérien risque de compliquer les déplacements durant cette période.

Aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée ni en Algérie ni en Tunisie, alors que de nombreux voyageurs attendent une clarification rapide de la situation.

Articles associés

Derniers articles