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Relations avec la France, Sahara occidental, Maroc, Gaza, Mali : Ahmed Attaf s’exprime

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Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a commenté, mardi 18 novembre à Alger, plusieurs dossiers diplomatiques. Lors d’une conférence de presse animée au siège du ministère des Affaires étrangères, M. Attaf a évoqué les relations avec la France, faisant état d’un « processus de contacts » en cours entre les deux pays. Il a précisé que ce processus n’avait aucun lien avec la grâce accordée à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

Ces signaux apparaissent après le changement de gouvernement en France début octobre. Depuis l’arrivée de Laurent Nunez à l’Intérieur, les échanges semblent reprendre. A l’occasion de la commémoration de l’anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne le 1er novembre, le président français Emmanuel Macron avait adressé un message au président Abdelmadjid Tebboune, avant la décision de gracier Boualem Sansal le 12 novembre à la demande du président allemand Frank-Walter Steinmeier.

Ahmed Attaf a été interrogé s’il avait « eu vent » des initiatives pour la reprise du dialogue entre Alger et Paris. « S’il y a des choses qui se passent, permettez-moi de vous dire que je n’en aurais pas eu vent, je suis un acteur », a-t-il répondu, et d’ajouter : « Il n’y a pas d’initiative majeure, il y a un processus de contacts qui est en train de s’organiser entre l’Algérie et la France, sans plus ».

Le ministre a signalé que la reprise du dialogue n’était pas liée à l’affaire Sansal : « La reprise du contact entre la partie algérienne et la partie française a précédé la décision de grâce prise par le président de la République ». Il a appelé à ne pas accorder à l’écrivain « plus d’importance qu’il ne mérite ». Ahmed Attaf a insisté que « les relations algéro-françaises sont plus grandes que cela » et qu’elles ne peuvent pas être influencées par « les opérations menées par des milieux connus en France, qui ont fait de cette personne un porte-drapeau pour régler des comptes avec l’Algérie ».

Sahara occidental et Maroc : la mise au point d’Ahmed Attaf

Ahmed Attaf a aussi répondu aux déclarations d’un conseiller de Donald Trump, Steve Witkoff, qui avait évoqué un « accord de paix » entre l’Algérie et le Maroc dans les « 60 jours ». Le ministre s’est dit « surpris » par ces propos : « J’ai été surpris par cette déclaration parce que, personnellement, je ne suis pas au courant d’un projet d’accord de paix entre les deux pays qu’il a cités ».

Selon lui, il y a « confusion » entre les relations entre les deux pays et le dossier du Sahara occidental. Il explique : « Je pense qu’il y a eu confusion entre ce que tentent de faire les États-Unis dans le dossier du Sahara occidental et les relations algéro-marocaines. Je pense qu’il voulait parler de l’initiative américaine, en coopération avec l’ONU, de proposer un plan de résolution de la question sahraouie ».

Le ministre a détaillé le rôle actuel de Washington : « Les États-Unis travaillent en ce moment avec le Maroc et sont en contact avec le front Polisario. L’accord de paix évoqué par M. Witkoff, c’est cette opération qui est une opération entre le Maroc et les Sahraouis et qui est au cœur de l’initiative américaine. Quant à la dimension algéro-marocaine, elle n’est pas à l’ordre du jour actuellement ».

À propos de la résolution du Conseil de sécurité, il a contesté la communication du Maroc. Pour lui, « la rhétorique du dossier clos ou du dossier plié » est récurrente, alors que le dossier est toujours inscrit à l’ONU. Il a rappelé que le Conseil de sécurité n’a pas reconnu la « souveraineté du Maroc » et que le principe d’un référendum d’autodétermination demeure.

Ahmed Attaf considère que la résolution contient « trois acquis » pour la cause sahraouie : maintien du mandat de la Minurso, fin de l’exclusivité de la proposition marocaine, et absence de position définitive sur la nature des négociations. Il a réaffirmé : « L’Algérie n’hésitera pas à soutenir toute initiative de médiation entre les deux camps », à condition qu’elle s’inscrive dans le cadre de l’ONU et qu’elle vise une solution « juste, durable et définitive ».

Gaza : pourquoi l’Algérie a voté en faveur du plan américain

Lors de la même conférence, Ahmed Attaf est revenu sur le vote algérien en faveur du plan de paix proposé par le président américain Donald Trump pour Gaza. Le projet a été adopté par 13 voix au Conseil de sécurité de l’ONU.

Le ministre a reconnu que le texte comporte des limites, mais il a souligné que la priorité était d’assurer le cessez-le-feu et de faciliter l’arrivée de l’aide. Il a expliqué que le consensus arabe et musulman avait pesé dans la position algérienne : « L’Algérie ne peut se désolidariser de la position de ses frères palestiniens et du consensus arabo-islamique qui soutient le projet de résolution. L’Algérie ne peut adopter une position contraire à ses propres convictions ».

Il considère que la résolution traite surtout de la phase suivant l’agression contre Gaza : consolidation de la trêve, aide humanitaire et reconstruction. Il a exprimé un souhait : « Nous espérons que cela contribuera à soulager les souffrances infligées au peuple palestinien ».

Mali : mise en garde contre l’option militaire

Abordant la situation au Mali, Ahmed Attaf a rappelé que l’Algérie reste disponible pour aider ce pays en crise. « Notre pays tend la main à ses frères du Mali », a-t-il déclaré, en insistant sur les liens historiques entre les deux peuples.

Il a évoqué la montée de la violence terroriste et le risque d’effondrement des institutions maliennes. Il a repris un extrait d’un communiqué algérien de janvier 2024 : « L’option militaire constitue la principale menace pour l’unité et l’intégrité territoriale du Mali. Elle porte en elle les germes d’une guerre civile, compromet les efforts de réconciliation nationale et représente une menace réelle pour la sécurité et la stabilité régionales ».

Le ministre a exprimé l’espoir que les autorités maliennes « se réveillent et prennent conscience de l’inéluctabilité d’un retour à la voie politique ». Selon lui, « la solution à la crise malienne ne saurait résider dans une option militaire ou une approche d’exclusion ». Il estime qu’elle passe par « un dialogue responsable et une réconciliation globale entre tous les habitants de ce pays ».

Libye, Niger, Burkina Faso, Soudan

Ahmed Attaf est revenu sur le mécanisme tripartite concernant la Libye, accueilli récemment par l’Algérie. Il a affirmé que les trois pays impliqués cherchent à accompagner une solution politique, en établissant des contacts avec toutes les parties libyennes. Le mécanisme vise « à engager une démarche politique susceptible de contribuer à l’élaboration d’un règlement politique de la crise ».

Concernant le Niger, il a commenté un message adressé à Abdelmadjid Tebboune par le président du Niger Abdourahamane Tiani. Ce message s’inscrit, selon lui, dans une volonté de rétablir les relations : « Ce n’était pas un message protocolaire de routine, son ton témoignait d’une volonté d’améliorer les relations entre les deux pays ». Il a précisé qu’il n’existait aucun différend direct entre l’Algérie et le Niger ou le Burkina Faso, mais que ces pays avaient suivi le Mali dans son opposition à l’accord d’Alger.

Le ministre s’est également exprimé sur le gazoduc transsaharien TSGP, indiquant que les tronçons algérien et nigérian ont avancé, et que le passage par le Niger reste le plus adapté selon les études disponibles. Il a précisé que « le projet a réalisé une avancée dans ses deux volets algérien et nigérian, sachant qu’une grande partie du gazoduc a été parachevée dans les deux pays et il ne reste que le tronçon concernant le Niger », rappelant par là même, qu’il « y a des études qui ont été effectuées, relatives au coût du gazoduc et à la durée de sa réalisation », et qui confirment qu’il est le meilleur itinéraire pour transporter le gaz naturel vers l’Europe.

Au sujet du Soudan, il a estimé que l’implication extérieure bloque toute tentative de relancer un processus politique : « Le rôle des parties externes est devenu une entrave à toute approche politique concernant la crise ». Il a ajouté qu’« en notre qualité de membre au Conseil de sécurité, nous savons que toute démarche pour relancer un processus de paix au Soudan ne peut réussir au vu de la situation complexe qui y prévaut ».

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