Le groupe Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme (HTT) poursuit la rénovation de plusieurs de ses établissements dans le cadre d’un vaste programme de modernisation du secteur hôtelier public. Cette démarche s’inscrit dans la volonté de l’État de redynamiser le tourisme national à travers des infrastructures plus modernes et compétitives.
Cependant, les travaux engagés ne progressent pas toujours au rythme prévu. La plupart des hôtels concernés datent des années 1970 et présentent des défaillances techniques importantes : réseaux électriques et de plomberie vétustes, systèmes de sécurité dépassés ou encore fondations fragiles. Ce qui devait être une simple réhabilitation se transforme souvent en reconstruction partielle, allongeant les délais et les coûts.
Le PDG du groupe, Ammar Guellati, s’est rendu mercredi 29 octobre à l’hôtel Amraoua de Tizi Ouzou pour suivre l’état d’avancement du chantier. Selon lui, les travaux affichent « un taux d’avancement de 60% » et la livraison est prévue « fin juin 2026 ».
L’hôtel, qui compte 127 chambres doubles, trois chambres adaptées aux personnes à mobilité réduite, un restaurant de 450 places, un spa, des piscines et une salle de conférence de 450 places, symbolise les ambitions de relance du groupe. Mais les retards persistent. Le lancement du projet de réhabilitation de l’hôtel Hôtel Amraoua remonte à 2016. Par la suite, le chantier a connu des interruptions et des relances.

Face à ces lenteurs, le PDG a demandé de « mobiliser les ressources humaines et techniques » et de déployer « plusieurs équipes travaillant en parallèle » pour accélérer la cadence. Ces instructions font écho à celles déjà formulées par la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Houria Meddahi, qui avait exigé, lors de sa visite à Tizi Ouzou le 7 août dernier, « la finalisation des travaux d’ici la fin de l’année, sans prolongation. L’entreprise doit renforcer ses effectifs et ses ressources matérielles pour travailler en roulement ».
Le wali de Tizi Ouzou, Abou Bakr Seddik Boucetta, avait également insisté sur la nécessité « d’accélérer le rythme des travaux et d’adopter le système 3×8 pour rattraper le retard constaté, tout en veillant à réunir les conditions nécessaires pour faciliter les travaux ».
La ministre avait par ailleurs souligné « l’importance d’employer une main-d’œuvre qualifiée et d’utiliser des matériaux et équipements de fabrication algérienne, afin de réduire les importations et intégrer la numérisation (hôtel intelligent) dans la gestion, et le lancement immédiat des procédures d’achat des équipements nécessaires ».
Lors de sa visite, le PDG du groupe HTT a également annoncé que l’hôtel Tamgout, en « phase finale de réhabilitation », ouvrira ses portes le « 1er novembre prochain ». Cet établissement compte 79 chambres, un restaurant de 150 places, une salle polyvalente de 100 personnes et un espace spa.

Le constat de la Cour des comptes
Le rapport annuel 2023 de la Cour des comptes revient longuement sur les difficultés rencontrées par le programme de réhabilitation et de modernisation (PRM) du groupe HTT. Lancé en 2012 par le Conseil des participations de l’État (CPE), ce programme « n’a pas atteint les objectifs escomptés », selon la Cour.
Elle souligne que « les faiblesses des études technique et économique du PRM dont l’élaboration a été effectuée dans la précipitation et sans recours aux bureaux d’étude spécialisés, son mode de financement inadapté, l’absence d’une gouvernance et d’une supervision à la hauteur du programme et les déficiences caractérisant les procédures de contrôle interne » ont entravé sa mise en œuvre.
Le rapport note également que la réalisation des opérations de modernisation a été marquée par « l’absence de planning de lancement des projets », des « retards » et des « déviations dans la sélection des cocontractants », ainsi qu’un « recours excessif aux avenants dont certains ont été conclus hors délais contractuels ».
« En conséquence, l’objectif principal du PRM, à savoir la réhabilitation et la modernisation de 61 unités et la réalisation de 02 nouvelles unités, n’a été réalisé qu’à hauteur de 43% », précise la Cour. Elle relève aussi une forte hausse du coût global du programme, passé de 74 à 126 milliards de dinars, ainsi qu’une « prorogation considérable des délais d’exécution ».

La Cour observe que les objectifs d’amélioration de la qualité des services et du taux d’occupation « n’ont pas été atteints par toutes les unités hôtelières ». « Bien au contraire », note-t-elle, les principaux indicateurs économiques « ont connu, à partir de l’exercice 2015, des baisses significatives », compromettant la rentabilité et la viabilité de plusieurs filiales du groupe.
Le Groupe HTT gère plus 70 hôtels
Le groupe Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme (HTT) est une entreprise publique algérienne issue de la transformation de l’ancienne SGP-Gestour. Placé sous la tutelle du ministère du Tourisme, il gère et développe le patrimoine hôtelier public afin de soutenir la relance du secteur touristique national. Son capital social est d’environ 15 milliards de dinars et il joue un rôle stratégique dans la modernisation de l’hôtellerie publique.
Le groupe dispose d’un large portefeuille comprenant plus de 70 établissements répartis dans une trentaine de wilayas. Ses unités couvrent plusieurs catégories : hôtels urbains, stations balnéaires, établissements sahariens, complexes thermaux, centres de thalassothérapie et stations climatiques. Avec environ 15 000 chambres et 30 000 lits, HTT représente près de 20 % du parc hôtelier national.
L’entreprise s’appuie sur 17 filiales, dont 15 entreprises de gestion touristique et 2 de gestion hôtelière. Malgré cette structure importante, le groupe fait face à des difficultés liées à la vétusté de ses infrastructures et à la lenteur de ses programmes de modernisation, que les autorités tentent aujourd’hui d’accélérer pour redonner au secteur hôtelier public une place compétitive sur le marché national.






