Un grave accident de la route a endeuillé l’Algérie vendredi 15 août 2025. Un bus de transport de voyageurs assurant la liaison Réghaïa – Alger centre a dérapé d’un pont avant de chuter dans l’Oued El Harrach. Le bilan communiqué par la Protection civile fait état de 18 morts et 24 blessés, dont plusieurs se trouvent encore à l’hôpital.
Les services de secours sont intervenus à 17h46, mobilisant 16 plongeurs, 25 ambulances et 4 embarcations semi-rigides. Les dépouilles ont été transférées à la morgue, tandis que les blessés ont été évacués vers des établissements de santé proches. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de l’accident.
Face à cette tragédie, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décrété un deuil national d’un jour. Dans un message, il a présenté ses condoléances en déclarant : « C’est avec une profonde affliction que je me recueille sur l’âme des concitoyens décédés dans le tragique accident qui s’est produit suite à la chute d’un bus dans l’oued El Harrach (…). Je tiens à présenter mes sincères condoléances et ma profonde sympathie aux familles des victimes (…). A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons. »
Une importante délégation officielle, comprenant notamment le ministre des Transports, Saïd Sayoud, le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, et le directeur de cabinet du président de la République, Boualem Boualem, s’est rendue sur place pour suivre les opérations de secours.
Les premières explications
Selon des témoins, le bus était bondé au moment de l’accident. Le chauffeur, blessé, a expliqué, selon la presse : « La direction du bus s’est bloquée. Le bus était surchargé. Je ne sais combien de passagers exactement. »
Il a indiqué qu’il est employé chez l’entreprise ExtraNet et que chaque vendredi, il exerce comme chauffeur de bus pour arrondir ses fins de mois. « J’ai essayé de sauver des passagers, mais je ne pouvais pas à cause de ma blessure. J’avais mal », a-t-il dit.
Un survivant a raconté : « J’étais assis et je discutais au téléphone avec mon ami. Soudain, j’ai entendu le chauffeur crier, avant que le bus ne percute la barrière du pont et tombe dans l’oued. »
Nazim, un témoin arrivé sur les lieux, a indiqué avoir tenté d’aider des passagers avec ses amis avant l’arrivée des pompiers. « Quand nous sommes arrivés sur place, on n’a pas réfléchi (…). Ce qui m’a le plus touché, ce sont les deux filles qui ne voulaient pas sortir parce que leur maman n’a pas survécu. C’était émouvant. »
La question de la sécurité des bus
Ce drame a relancé le débat sur la sécurité du transport collectif en Algérie. Le ministre des Transports a rappelé que « 90 % des accidents de bus sont liés à l’excès de vitesse », tout en appelant les conducteurs à plus de responsabilité.
Il a également évoqué l’état de vétusté du parc national : « Le renouvellement du parc de bus est un projet en cours sur lequel travaille le gouvernement depuis longtemps. Il y a plus de 84.000 bus qui doivent être renouvelés, et cette opération de renouvellement se fera par étapes. »
Tout en soulignant que tous les bus de transport public en activité sont soumis au contrôle technique qui les autorise à circuler, le ministre a assuré : « Si un bus a une fiche de contrôle valide, cela signifie qu’il répond aux normes de sécurité requises pour transporter les voyageurs ».
Concernant l’importation des bus de moins de cinq ans désormais autorisée, Saïd Sayoud a précisé que certains opérateurs souhaitent bénéficier d’avantages supplémentaires, notamment une exonération des droits de douane.
« Si on accorde une exonération des droits de douane pour les bus de moins de 5 ans, qu’est-ce que l’opérateur va nous apporter ? », a-t-il déclaré, en soulignant que cette mesure pourrait plutôt être envisagée pour les importateurs de bus neufs ou électriques.
En en février dernier, le ministre avait souligné les besoins importants du secteur du transport terrestre de voyageurs, souffrant d’un parc vieillissant et nécessitant un renouvellement et un renforcement. « Le transport terrestre de voyageurs est emprunté par plus de 70 % de la population », avait relevé M. Sayoud.
En plus de de l’excès de vitesse, de la surcharge et du comportement de certains chauffeurs, sont également pointées du doigt les tensions liées à la disponibilité des pièces de rechange et la hausse de leurs prix, ce qui augmente les coûts d’entretien des bus.
Pour de nombreux observateurs, cette tragédie met surtout en lumière les conditions précaires de mobilité des Algériens et la nécessité de réformer en profondeur le transport collectif.