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Importation d’un million de moutons : les fournisseurs potentiels de l’opération et son coût

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L’Algérie prévoit d’importer un million de moutons pour l’Aïd El Adha, prévu début juin prochain, afin de répondre à la demande nationale. La décision a été prise dimanche 9 mars 2025 lors du Conseil des ministres présidé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

Le président Tebboune a demandé au ministre de l’Agriculture « d’élaborer un cahier des charges afin de lancer, dans les plus brefs délais, une consultation internationale avec des pays capables de fournir jusqu’à un million de têtes de bétail en prévision de l’Aïd El-Adha ».

Le Dr Lotfi Gharnaout, enseignant-chercheur en économie agricole à l’université de Toulouse (France), a abordé le sujet dans l’édition de ce lundi 17 mars du journal El Moudjahid. Selon lui, cette opération devrait reposer sur plusieurs fournisseurs potentiels, car « aucun pays ne peut fournir seul un million de têtes, surtout avec une demande mondiale accrue autour de l’Aïd et un cahier des charges algérien strict : moutons sains, vaccinés, âgés d’au moins 6 mois et pesant 40 à 45 kg/carcasse ».

Selon l’universitaire, les principaux pays fournisseurs sont la Roumanie et l’Espagne, qui offrent « une logistique rapide et des normes sanitaires fiables ». L’Irlande et le Royaume-Uni sont également en lice, bien que « ce dernier soit compliqué par le post-Brexit ». L’Argentine et le Brésil se démarquent par leurs prix attractifs, mais « ils sont désavantagés par leur distance, qui alourdit les frais de transport ». L’Australie est reconnue pour la qualité de son bétail, mais son éloignement est un frein. Enfin, le Soudan dispose d’un important cheptel, mais son instabilité rend l’approvisionnement incertain.

Cette diversité des sources nécessite « une organisation rigoureuse et une gestion précise pour optimiser les coûts et répondre aux exigences nationales », explique-t-il. L’importation est motivée par « une nécessité pressante, traduit une intention louable d’anticiper une crise et pose les bases d’une approche plus réfléchie », dit-il. Une stratégie plus large est nécessaire, combinant protection des consommateurs et développement durable de la production locale.

L’Algérie serait intéressée par l’importation de 300.000 moutons de Roumanie. Citant l’Autorité nationale de santé vétérinaire pour la sécurité alimentaire de Roumanie (ANSVSA), l’agence de presse roumaine ACTMedia a rapporté, la semaine dernière, que l’Algérie « est intéressée d’importer jusqu’à 300.000 moutons » de Roumanie. Selon la même source, une rencontre a eu lieu entre le directeur de l’ANSVSA, Alexandru Bociu, et l’ambassadeur d’Algérie en Roumanie, Abdelmadjid Naamoune, pour discuter de cette question. L’Algérie avait déjà importé 30.000 moutons de Roumanie en 2024.

L’opération « pourrait atteindre 230 à 260 millions de dollars »

Le cheptel local ne peut répondre entièrement à la demande, estimée à plus de 4 millions de moutons, indique le Dr Lotfi Gharnaout. Selon ce dernier : L’importation vise donc à « pallier un déficit manifeste et contenir une flambée des prix », même si un million de têtes « ne représente qu’un quart de la demande minimale ».

Sur le marché international, détaille l’enseignant-chercheur, « le prix d’un mouton vivant oscille entre 4 et 8 dollars/kg selon les pays ». Avec un poids moyen de 40 à 45 kg/carcasse et un prix moyen de 5 dollars/kg, « le coût par mouton s’élèverait à environ 200 à 225 dollars ». Au total, l’opération « pourrait atteindre 230 à 260 millions de dollars », en incluant les frais de transport et les taxes. Pour le Dr Gharnaout, cette mesure doit être « un tremplin vers une réforme ambitieuse, et non une solution isolée ».

Pour éviter une dépendance aux importations, l’universitaire indique qu’il est nécessaire de « mettre en place une stratégie ambitieuse mais réalisable, centrée sur la régénération du cheptel et la modernisation de la filière ovine ». Cela passe par l’importation d’agnelles pour le renouvellement du cheptel, avec des règles strictes pour éviter leur abattage.

Par ailleurs, ajoute-t-il, « des centres de reproduction modernes, exclusivement gérés et contrôlés par l’État, garantiront une amélioration génétique », tandis que des centres d’engraissement privés sous contrôle réglementaire assureront une production optimisée.

La restauration de la steppe, dégradée sur « plus de 70 % de ses 22 millions d’hectares », est un enjeu clé pour l’élevage ovin, souligne le Dr Gharnaout. D’autres aspects comme « la santé animale, soutenue par une production locale de vaccins atteignant 50 % d’ici 2030 », sont également cruciaux, dit-il.

Les prévisions indiquent qu’avec une meilleure gestion et une augmentation du taux de natalité, « le cheptel pourrait atteindre 30 millions en 2027, puis 38 millions à l’horizon 2030-2032, pouvant répondre en grande partie à la demande nationale ». Pour le Dr Gharnaout, cette approche « pourrait servir à transformer une dépendance passagère en une souveraineté alimentaire durable ».

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