Erosion des terres, baisse des précipitations, sécheresse, enchaînement des événements climatiques extrêmes (inondations, feux de forêts) …ect. À l’instar de nombreux pays, l’Algérie subit de plein fouet les changements climatiques, qui sont aujourd’hui une réalité amère et un défi majeur avec lequel il faut compter dans le futur. Selon les données officielles de 2009, les dommages causés par les changements climatiques en Algérie représentent entre 1,3 et 4,3% du PIB.
« L’Algérie est considérée comme l’un des 24 sites hotspots, dans le monde, touchés par les impacts des changements climatiques, selon le rapport d’évaulation du groupe intergouvernemental des experts sur le climat », indique Hind Bougherara, ingénieure principale à l’Agence nationale des changements climatiques (ANCC), lors de son passage ce jeudi 13 février à la radio Chaîne 3.
Parmi les impacts de ces changements climatiques en Algérie, Hind Bougherara fait état de 13 millions d’hectares de terres touchés par l’érosion. Le pays perd annuellement près de 40.000 hectares à cause de ce phénomène naturel. Elle relève également que l’Algérie subit, depuis les années 1970, une sécheresse récurrente avec une baisse des précipitations d’environ 10% durant les 20 dernières années, ce qui a entraîné un dérèglement dans le calendrier agricole, par conséquent, une baisse des rendements des céréales qui sont considérées comme cultures stratégiques.
Les 24 « hotspots » climatiques mondiaux sont des régions particulièrement vulnérables aux impacts du changement climatique. Cela s’explique par plusieurs facteurs : Augmentation des températures; Stress hydrique et sécheresse; Érosion côtière et montée du niveau de la mer; Désertification et dégradation des sols; Augmentation des phénomènes extrêmes (vagues de chaleur, feux de forêt, orages violents provoquant des inondations).
Ils sont situés en Afrique : Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte, Soudan, Éthiopie, Somalie, Madagascar. Au Moyen-Orient & Asie Centrale : Iran, Irak, Yémen, Afghanistan, Pakistan, Turkménistan, Ouzbékistan. En Asie du Sud & du Sud-Est : Inde, Bangladesh, Myanmar (Birmanie), Philippines. En Amérique latine : Brésil (Amazonie), Pérou, Bolivie. En Europe & Océanie : Australie Grèce.
Afin de se protéger des impacts dévastateurs du dérèglement climatique, les pouvoirs publics ont instauré une politique nationale de lutte contre ces changements. Dans cette perspective, le ministère de l’Environnement et de la Qualité de la vie lancera, dans les mois à venir, l’élaboration de la contribution nationale déterminée, a annoncé Hind Bougherara, « Cette contribution va intégrer l’évaluation du degré de réduction des gaz à effet de serre (GES) par secteur », a-t-elle expliqué.
D’après Mme Bouherara, l’Algérie se distingue par de bonnes performances en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES). En adhérant à l’Accord de Paris sur le climat en 2016, elle s’est engagée à élaborer sa contribution déterminée au niveau national. Elle ambitionne de réduire ses émissions de GES de 7 % grâce à ses propres ressources, un objectif pouvant atteindre 22 % avec un appui international. Par ailleurs, l’Algérie a récemment reçu une aide financière de 3 millions de dollars du Fonds vert pour le climat (GCF) afin d’élaborer un plan national d’adaptation couvrant 32 wilayas.
Ce plan national d’adaptation vise à réduire la vulnérabilité aux changements climatiques et à intégrer des mécanismes d’adaptation à l’échelle locale, en cohérence avec la politique nationale de lutte contre ces changements. Il s’inscrit en complément du plan national climat, qui comprend 155 actions, réparties entre 76 mesures d’atténuation, 63 actions d’adaptation et 16 initiatives transversales. « Toutes ces actions vont être réalisées en utilisant à financement national », a-t-elle précisé.