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Un nouveau gouvernement en France pour un casting ancien

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La France a enfin un nouveau gouvernement, mais celui-ci fait la part belle à d’anciens noms, avec beaucoup de poids lourds passés de la politique française.

Les ministres des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot et des Armées Sébastien Lecornu ont été reconduits à leurs postes respectifs dans le nouvel exécutif du Premier ministre centriste François Bayrou, a annoncé lundi soir par la présidence française.

Le gouvernement est aussi marqué par le retour des ex-Premiers ministres Elisabeth Borne et Manuel Valls, respectivement à l’Education et à l’Outre-mer, ainsi que de l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin nommé à la Justice. Malgré son profil clivant, Bruno Retailleau a été reconduit ministre de l’Intérieur, récoltant les fruits de ses mesures annoncées pour lutter contre la délinquance, le narcotrafic et l’immigration, notamment dans l’archipel français de Mayotte.

Le directeur de l’institution financière publique Caisse des dépôts et consignations, Eric Lombard, devient de son côté ministre de l’Economie et des Finances, un poste crucial alors que la France affronte l’une des pires crises budgétaires de son histoire récente. Parmi les autres noms : Catherine Vautrin, une proche de l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy, nommée à la tête d’un grand ministère de la Santé et du Travail.

M. Bayrou, désigné le 13 décembre, avait dit vouloir aboutir à des nominations avant Noël. Le chef du gouvernement, âgé de 73 ans, s’exprimera à 20H30 (19H30 GMT) à la télévision. Le premier conseil des ministres se tiendra, lui, le 3 janvier, a précisé l’Elysée. M. Bayrou s’est dit « fier » sur X d’un gouvernement « d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français ».

Mais la composition de cette équipe a été très fraîchement accueillie par la gauche, arrivée en tête des législatives de juin. « Une droite extrême au pouvoir, sous la surveillance de l’extrême droite », a jugé le patron du parti socialiste, Olivier Faure. La cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, a elle dénoncé « l’indignité » de M. Bayrou, qui « se remet entre les mains de l’extrême droite ».

« Insupportable »

M. Bayrou a été nommé par Emmanuel Macron au terme de longues consultations pour trouver un successeur au conservateur Michel Barnier, dont le gouvernement minoritaire a été renversé le 4 décembre par les députés de gauche et d’extrême droite après seulement trois mois en poste.

L’annonce de lundi soir met fin à une dizaine de jours de tractations entre MM. Bayrou et Macron. « Cette durée de ce casting par rapport aux urgences du pays, aux crises que l’on traverse, c’est insupportable », avait critiqué le député d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy, dénonçant « toujours le même sketch » pour les remaniements ou les nominations de chef de gouvernement.

Le président du RN Jordan Bardella a accusé M. Bayrou d’avoir « réuni la coalition de l’échec ». M. Bayrou est le sixième chef du gouvernement depuis la première élection de M. Macron en 2017 et le quatrième depuis le début de l’année, une instabilité que n’avait pas connue la France depuis des décennies.

Le nouveau Premier ministre doit naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives anticipées organisées après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par M. Macron en juin. L’hémicycle est fracturé en trois blocs (alliance de gauche / macronistes et centristes / extrême droite) ; aucun ne dispose de la majorité absolue.

Urgence : budget

M. Bayrou souhaitait former une équipe resserrée et la plus ouverte possible. Il voulait qu’elle comprenne des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, afin de répondre aux urgences qu’affronte le pays et éviter une nouvelle censure. Mais cet objectif d’ouverture est loin d’être atteint.

Les ministres devront surtout préparer dans l’urgence un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers. Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget.

La première semaine de M. Bayrou à Matignon a été surtout marquée par le tombereau de critiques sur sa présence au conseil municipal de Pau, ville du sud-ouest dont il entend rester maire, en pleine crise à Mayotte, frappée par un cyclone dévastateur. Il a une cote de popularité historiquement basse pour une prise de fonction, 66% des Français se disant mécontents, selon un baromètre publié dimanche.

AFP

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