Les discussions sur la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) sont prévues pour janvier 2025. Initialement programmées en novembre dernier, ces consultations porteront sur des questions techniques liées aux différends commerciaux entre les deux parties. Une délégation de la direction générale du commerce de la Commission européenne est attendue à Alger pour cet événement.
Selon Diego Mellado, le nouvel ambassadeur de l’UE en Algérie, ces consultations seront suivies d’échanges de visites pour poursuivre les négociations. « Avec l’Algérie, on veut regarder la relation dans sa globalité », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec la presse mercredi 4 décembre, rapporte le journal El Watan
L’accent sera mis sur des domaines tels que les règles d’origine, les normes sanitaires et phytosanitaires, ainsi que les procédures douanières. L’ambassadeur a également souligné l’importance d’une « ambiance apaisée » entre les deux parties pour faciliter les discussions.
Diego Mellado a qualifié la relation entre l’Algérie et l’Europe de « positive », rappelant que l’UE est le principal client de l’Algérie en gaz et son premier investisseur. Le stock d’investissements européens en Algérie s’élève à 23 milliards d’euros, avec des échanges commerciaux atteignant 50 milliards d’euros.
L’ambassadeur a également évoqué la volonté de l’Europe de travailler avec l’Algérie dans le cadre de la transition énergétique. « Nous voulons un partenaire énergétique solide pour aller vers la transition », a-t-il déclaré. Une délégation algérienne du secteur de l’énergie s’est rendue récemment à Bruxelles pour discuter de ce partenariat.
Un nouvel outil de coopération, le pacte euro-méditerranéen, sera lancé en 2025. Ce pacte vise à renforcer les liens entre les deux rives de la Méditerranée. « On veut trouver des éléments communs pour redéfinir un pacte pour la Méditerranée. C’est vraiment une volonté politique. Il ne s’agit pas uniquement de liens commerciaux », a expliqué Diego Mellado.
Ce nouveau cadre ambitionne d’aller au-delà des accords commerciaux pour inclure des dimensions telles que l’investissement, la création d’emplois, et la stabilité économique. Depuis 2023, l’Algérie bénéficie déjà de l’initiative européenne « Partenariat euro-algérien pour l’investissement durable », qui met l’accent sur la transition verte, la sécurité énergétique, et la création d’emplois. Le succès de ces initiatives dépendra toutefois de l’engagement des pays du sud de l’Europe à collaborer activement dans ce cadre renouvelé.
Signé en 2002 et entré en vigueur trois ans plus tard en 2005, l’accord d’association est contesté ces dernières années par l’Algérie, qui estime qu’il ne lui est pas favorable et qu’il doit être révisé pour qu’il soit adapté à la politique de diversification de l’économie engagée par le pays.
En juin dernier, la Commission européenne a annoncé l’initiation d’une procédure d’arbitrage contre l’Algérie, en raison des mesures prises pour rationaliser les importations et réguler les investissements. Cependant, il semble que les deux parties aient choisi de privilégier une autre approche pour résoudre leur différend commercial, en optant pour des consultations.
« La procédure ouverte prévoit un arbitrage, mais nous n’en sommes même pas à cette phase, mais plutôt dans une première étape d’échange où le point de vue européen peut être expliqué et les arguments des Algériens peuvent être expliqués », avait assuré début novembre l’ambassadeur européen.
L’Accord d’association avec l’UE « n’a pas permis à l’Algérie d’atteindre une diversification commerciale » et, bien qu’il soit « très favorable » si l’on inclut les hydrocarbures dans la balance commerciale, « il y a des déséquilibres » avec le reste des biens, a reconnu le diplomate européen.
C’est ce déséquilibre majeur qui a poussé le président Abdelmadjid Tebboune à donner des instructions pour revoir l’accord de partenariat, point par point, dans une optique souveraine et selon une approche gagnant-gagnant. Début octobre dernier, lors d’une entrevue avec les médias le président Tebboune avait annoncé que l’accord d’association sera révisé à partir de l’année prochaine.
« L’accord d’association avec l’Union européenne sera révisé à partir de 2025 », avait déclaré le président Tebboune, soulignant que cette révision, désormais « nécessaire », sera menée « avec souplesse et dans un esprit amical sans entrer en conflit » car, a-t-il dit, « nous entretenons des relations normales avec les Etats (de l’Union européenne), y compris la France ».
Evoquant les raisons de cette révision, le chef de l’Etat avait indiqué que « l’accord avec l’Union européenne a été conclu à une époque où l’Algérie était bien différente de celle d’aujourd’hui ». « A l’époque, la contribution de l’industrie au revenu national ne dépassait guère 3% et nous importions des produits agricoles sans en exporter. En d’autres termes, l’Algérie d’alors n’avait pas de capacités d’exportation », avait-il expliqué.
Il avait souligné que « la donne a changé, l’Algérie produisant et exportant désormais une grande variété de produits manufacturés, électroménagers et autres ». Et d’ajouter : « aujourd’hui, nous demandons une révision, car l’essence même de l’accord avec l’Union européenne repose sur le libre-échange, et nous souhaitons le faire dans un esprit amical sans entrer en conflit ».
D’ailleurs, les Etats membres de l’Union européenne « veulent entretenir de bonnes relations économiques (avec l’Algérie) et ne s’opposent pas à une révision de l’accord », avait-il dit, saluant, par là même, le succès commercial remarquable des produits algériens sur les marchés européens.