Les consultations sur la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE), initialement prévue pour mi-novembre à Alger, ont été reportées à une date ultérieure. Ce report fait suite à une demande des autorités algériennes, pour des raisons d’ordre technique.
« A la demande des autorités algériennes, et pour des raisons d’ordre technique, la visite de la délégation de la direction générale du commerce de la Commission européenne (CE) n’aura finalement pas lieu à la date prévue initialement », rapporte ce mardi le journal El Watan citant une source proche du dossier.
« Le rendez-vous est maintenu et la date des consultations sera arrêtée prochainement en concertation entre les deux parties », selon le même journal, qui rappelle que les échanges porteront principalement sur des questions commerciales, incluant les règles d’origine, les normes sanitaires et phytosanitaires, ainsi que les procédures douanières.
La tenue de ces discussions a été annoncée par le nouvel ambassadeur de l’UE en Algérie, Diego Mellado. Dans un entretien accordé à l’agence de presse EFE le 1er novembre, le diplomate a fait savoir que l’Algérie et l’UE prévoient de débuter des consultations techniques en ce mois de novembre dans le but de renégocier l’accord d’association.
Signé en 2002 et entré en vigueur trois ans plus tard en 2005, l’accord est contesté ces dernières années par l’Algérie, qui estime qu’il ne lui est pas favorable et qu’il doit être révisé pour qu’il soit adapté à la politique de diversification de l’économie engagée par le pays.
En juin dernier, la Commission européenne a annoncé l’initiation d’une procédure d’arbitrage contre l’Algérie, en raison des mesures prises pour rationaliser les importations et réguler les investissements. Parmi les mesures contestées, la Commission avait notamment évoqué les licences d’importation « ayant des effets similaires à une interdiction d’importation », l’obligation pour les constructeurs automobiles d’utiliser des pièces fabriquées localement, ainsi que la limitation de la participation étrangère dans le capital des entreprises algériennes importatrices de biens.
Cependant, il semble que les deux parties aient choisi de privilégier une autre approche pour résoudre leur différend commercial, en optant pour des consultations. Diego Mellado, qui a présenté ses lettres de créances le 21 octobre dernier au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a déclaré qu' »il y a un engagement clair » à Bruxelles (capitale de l’UE) pour une relation stratégique avec Alger en tant que « partenaire fiable ».
« La procédure ouverte prévoit un arbitrage, mais nous n’en sommes même pas à cette phase, mais plutôt dans une première étape d’échange où le point de vue européen peut être expliqué et les arguments des Algériens peuvent être expliqués », a assuré l’ambassadeur européen, qui a annoncé qu’une délégation de l’UE entamera à Alger des négociations sur ce différend dans les prochaines semaines.
L’Accord d’association avec l’UE « n’a pas permis à l’Algérie d’atteindre une diversification commerciale » et, bien qu’il soit « très favorable » si l’on inclut les hydrocarbures dans la balance commerciale, « il y a des déséquilibres » avec le reste des biens, a reconnu le diplomate européen.
C’est ce déséquilibre majeur qui a poussé le président Abdelmadjid Tebboune à donner des instructions pour revoir l’accord de partenariat, point par point, dans une optique souveraine et selon une approche gagnant-gagnant. Début octobre dernier, lors d’une entrevue avec les médias le président Tebboune a annoncé que l’accord d’association sera révisé à partir de l’année prochaine.
« L’accord d’association avec l’Union européenne sera révisé à partir de 2025 », a déclaré le président Tebboune, soulignant que cette révision, désormais « nécessaire », sera menée « avec souplesse et dans un esprit amical sans entrer en conflit » car, a-t-il dit, « nous entretenons des relations normales avec les Etats (de l’Union européenne), y compris la France ».
Evoquant les raisons de cette révision, le chef de l’Etat a indiqué que « l’accord avec l’Union européenne a été conclu à une époque où l’Algérie était bien différente de celle d’aujourd’hui ». « A l’époque, la contribution de l’industrie au revenu national ne dépassait guère 3% et nous importions des produits agricoles sans en exporter. En d’autres termes, l’Algérie d’alors n’avait pas de capacités d’exportation », a-t-il expliqué, soulignant que « la donne a changé, l’Algérie produisant et exportant désormais une grande variété de produits manufacturés, électroménagers et autres ».
Et d’ajouter : « aujourd’hui, nous demandons une révision, car l’essence même de l’accord avec l’Union européenne repose sur le libre-échange, et nous souhaitons le faire dans un esprit amical sans entrer en conflit ». D’ailleurs, les Etats membres de l’Union européenne « veulent entretenir de bonnes relations économiques (avec l’Algérie) et ne s’opposent pas à une révision de l’accord », a-t-il dit, saluant, par là même, le succès commercial remarquable des produits algériens sur les marchés européens.
Diego Mellado a également reconnu que l’Union européenne a « pris conscience » depuis le début de la guerre en Ukraine de « l’importance stratégique » de l’Algérie et « surtout de sa fiabilité en tant que partenaire énergétique ». L’Algérie est devenue le deuxième exportateur de gaz vers l’Union européenne par gazoduc.