Le géant pharmaceutique britannique Astrazeneca a annoncé mercredi qu’il retirait de la vente son vaccin contre le Covid-19 Vaxzevria, l’un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie, citant une chute de la demande.
Le groupe fait état d’un « surplus de vaccins mis à jour » face aux différents variants du virus et un « déclin de la demande pour le Vaxzevria, qui n’est plus fabriqué ou distribué », dans un communiqué.
« AstraZeneca a par conséquent pris la décision d’engager le retrait de l’autorisation de marketing du Vaxzevria en Europe », selon ce communiqué reçu mercredi par l’AFP.
L’autorité européenne du médicament, l’EMA, a écrit mardi sur son site que l’autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée « à la demande du détenteur de l’autorisation de marketing », à savoir le laboratoire pharmaceutique.
Le groupe va aussi « travailler avec les autres régulateurs dans le monde pour engager le retrait d’autorisations de marketing pour le Vaxzevria là où il n’y a pas de future demande attendue pour le vaccin ».
Dans son communiqué, Astrazeneca dit vouloir « conclure ce chapitre ».
Une source proche d’Astrazeneca a souligné auprès de l’AFP qu’il n’y avait « plus eu de ventes depuis un certain temps ».
« Nous sommes incroyablement fiers du rôle que le Vaxzevria a joué pour mettre fin à la pandémie », ajoute le groupe dans son communiqué, affirmant que « selon des estimations indépendantes, plus de 6,5 millions de vies ont été sauvées lors de la seule première année d’utilisation » du sérum, « et plus de trois milliards de doses ont été distribuées dans le monde ».
Revers
Si le bénéfice d’Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, tiré particulièrement par les ventes d’oncologie, le groupe fait état depuis des mois d’une baisse constante des ventes des médicaments liés au Covid — tout comme son rival GSK, qui avait été largement distancé dans la course à la mise au point d’un vaccin.
Ce vaccin, l’un des tout premiers sur le marché alors même que les sérums n’étaient pas la spécialité d’Astrazeneca, avait subi plusieurs revers, notamment un feu vert de commercialisation qui n’est jamais arrivé aux États-Unis.
Il a aussi connu des problèmes de livraison en Europe, combinés à des soupçons de risques de thrombose accrus à la suite de plusieurs décès.
Astrazeneca dit avoir mis à jour en avril 2021, avec l’accord du régulateur britannique MHRA, les informations sur le Vaxzevria pour inclure la possibilité qu’il déclenche dans de rares cas des thromboses.
Le Royaume-Uni, qui avait d’abord misé sur le Vaxzevria au début de sa campagne de vaccination anti-Covid, l’avait ensuite remplacé par des sérums concurrents.
Les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson avaient rapidement été largement abandonnés au profit de leurs homologues Pfizer-BioNTech et Moderna, tous deux à ARN messager, dans les pays européens.
AstraZeneca et Johnson & Johnson avaient toutefois gardé une place centrale dans Covax, un dispositif d’aide internationale à la vaccination Covid pour les pays moins riches.
Astrazeneca rappelle régulièrement que les régulateurs et différents États qui ont autorisé le vaccin ont estimé que « les bénéfices de la vaccination éclipsaient largement les risques d’effets secondaires extrêmement rares ».
Le vaccin n’est plus disponible en Australie depuis l’an dernier notamment.
Les syndromes de thromboses en question, les thrombopénies (TTS), engendrent la formation d’un caillot de sang avec des conséquences potentiellement mortelles. Ce syndrome rare est survenu chez environ 2 à 3 personnes sur 100.000 qui ont été vaccinées avec le sérum d’AstraZeneca.
Les TTS apparaissent comme plus sévères chez les jeunes femmes. Presque tous les cas de TTS signalés sont survenus après la première dose de vaccin.
Le groupe fait face à plusieurs procédures juridiques sur les conséquences du vaccin, notamment l’une au Royaume-Uni menée au nom de 51 plaignants.
AFP