Dans cet entretien, l’économiste, Mr Abdelhak Lamiri réagit aux dernières statistiques de l’ONS concernant le nombre de sociétés qui ont cessé leur activité. Selon lui, la création d’entreprise a chuté considérant que cette situation est grave parce que nous avons au moins 2 fois moins d’entreprises que nécessaire.
Algérie-Eco : Selon les statistiques fournies par l’ONS, au premier semestre 2016, 2165 sociétés ont cessé leur activité, dont 34,7% ayant leur siège à Alger. Pourquoi cette situation à votre avis?
Abdelhak Lamiri : Le nombre de faillites parait important mais il faut le relativiser. Si les statistiques sont correctes, il ne faut pas trop s’en soucier. Il représenterait moins de 1% des créations d’entreprises. Je doute que ces chiffres sont fiables. Mais il faut toujours travailler à réduire le nombre de faillites. Le problème numéro 1 demeure le faible taux de création d’entreprises. Il faut l’améliorer surtout dans l’agriculture.
Il ne faut pas oublier que certaines entreprises rejoignent l’informel. La crise en est grandement responsable. La plupart de ces entreprises existaient dans le domaine de l’import qui connait des restrictions drastiques. Avec la réduction des dépenses de l’Etat et le non paiement des créances aux entreprises par des administrations publiques beaucoup, d’entrepreneurs abandonnent leurs projets et certains rejoignent l’informel.
Le rythme de création d’entreprises dotées de la personnalité morale a enregistré un ralentissement durant le premier semestre de 2016 comparativement à la même période de 2015, à l’exception de celles relevant du secteur du commerce et de l’industrie. Quel commentaire faites-vous dans ce sens?
La création d’entreprise a chuté mais pas énormément. Mais c’est un grave problème parce que nous avons au moins 2 fois moins d’entreprises que nécessaire. Il faut revoir notre stratégie de création d’entreprises et développer les pépinières, les incubateurs, les crédits Start ups etc. Une modernisation bancaire par le développement des banques d’investissement s’impose.
Si les entreprises disparaissent en Algérie, et si d’autres passent souvent par la plus que douloureuse situation pour voir le jour, est-ce la faute à la crise économique uniquement?
La crise en est, en grande partie responsable. Mais dans la stratégie de riposte à la crise le gouvernement aurait du privilégier le développement des entreprises, surtout dans les secteurs clés. La réduction des dépenses n’est pas suffisante. Il fallait booster le développement économique à travers les entreprises qui réussissent et la création de nouvelles. Si la création d’entreprise continue à ce rythme l’avenir du pays serait compromis.
Le dinar est à son plus bas historique, quelles en sont les conséquences sur l’économie du pays?
Les restrictions des importations, somme tout, inévitables vont induire inévitablement la dévaluation du dinar et accroitre l’écart entre le taux officiel et le taux parallèle. Ses conséquences seront une inflation plus importante. On la ressent dans les statistiques officielles ou elle se situe à des niveaux très élevés (6,9%). La stratégie de riposte à la crise par la réduction des dépenses est insuffisante il faut booster l’économie productive. C’est la mission du futur gouvernement.