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Exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet : un projet important pour l’Algérie et la Chine

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Fin novembre 2023, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné, à Tindouf, le coup d’envoi de deux importants projets entrant dans l’exploitation du méga-gisement de fer de Gara Djebilet, dans le sud-ouest de l’Algérie.

Il s’agit du projet d’usine de traitement primaire du minerai de fer de Gara Djebilet. Cette usine s’inscrit dans le cadre de la valorisation et de l’exploitation de la mine, une des plus grandes au monde en termes de réserves avec près de 3,5 milliards de tonnes de minerai de fer et une capacité de production de 2 à 3 millions de tonnes/an dans une première étape (2022-2025). Et du projet de la voie ferrée Bechar-Tindouf-Gara Djebilet.

Les sociétés d’exploitation sont l’Entreprise nationale du Fer et de l’Acier (Feraal), en partenariat avec le Consortium chinois (CMH). En 2022, il y eut le lancement de l’exploitation de la mine de Gara Djebilet-Ouest avec des réserves estimées à 1,7 milliard de tonnes, soit plus de la moitié des réserves globales.

Dans son édition du 8 avril en cours, le quotidien chinois South-China Morning Post (SCMP) a consacré un article au projet d’exploitation du méga-gisement de fer dans le sahara algérien. « Au milieu du désert du Sahara, des ouvriers chinois bravent la chaleur intense de l’Algérie alors qu’ils construisent une ligne de chemin de fer de 575 km reliant l’une des plus grandes mines de fer du monde au réseau ferroviaire national », écrit le quotidien basé à Hong Kong.

Les travailleurs de l’enreprise publique chinoise China Railway Construction Corporation (CRCC) ont commencé à creuser le chemin rocailleux et poussiéreux entre la mine de fer de Gara Djebilet, dans la province du sud-ouest algérien de Tindouf, et Bechar, à la frontière avec le Maroc, en prévision de la pose de rails, rapporte le même media, qui releve : « C’est un travail difficile, mais une tâche qui pourrait finalement aider la Chine à sécuriser son approvisionnement en minerai de fer, tout en aidant en même temps le pays d’Afrique du Nord. »

« Actuellement, la Chine dépend largement de l’Australie et du Brésil pour son minerai de fer, la matière première principale pour la fabrication de l’acier. Pékin espère que l’approvisionnement en provenance de la mine de Gara Djebilet, qui dispose de réserves d’environ 3,5 milliards de tonnes, contribuera à diversifier ses sources. Pendant ce temps, Alger mise sur le minerai pour aider à réduire sa dépendance à l’égard de ses industries pétrolières et gazières pour les recettes d’exportation », explique SCMP.

La CRCC travaillera avec le groupe public Cosider pour réaliser le chemin de fer, qui reliera les parties reculées de la région occidentale riche en minéraux de la zone minière du fer de Gara Djebilet à la zone industrielle de Toumiat dans la région de Bechar, avec un total de 40 stations le long du chemin. « Ce faisant, il facilitera le développement de l’exploitation minière du minerai de fer en Algérie et fournira un coup de pouce bien nécessaire à l’économie », estime le journal, qui note que « le manque de liaisons ferroviaires a jusqu’à présent empêché l’Algérie de développer ses importantes réserves de minerai de fer dans le sud-ouest. »

Selon le journal, le projet de Gara Djebilet fait partie de la « diplomatie ferroviaire » de la Chine qui verra la construction de 6.000 km de voies ferrées à travers l’Algérie. « Il fait également partie de 19 accords de coopération d’une valeur de 36 milliards de dollars que le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le président chinois Xi Jinping ont signés à Beijing en juillet de l’année dernière », précise le journal, qui a rappelé la déclaration du président Tebboune lors de sa visite en Chine : « Renforcer le secteur ferroviaire est la meilleure garantie pour le développement et nos amis chinois ont accepté ce projet, qui couvrira environ 6.000 km ».

Un projet important pour l’Algérie et pour la Chine

SCMP a repris les déclarations faites à CGTN Africa, filiale africaine du China Global Television Network, par Mohamed Machkak, député et membre de la commission des transports à l’Assemblée populaire nationale (APN). Ce dernier a confié que le nouveau projet ferroviaire connectera des régions isolées, créant des milliers d’emplois directs et indirects pour les jeunes Algériens. Selon lui, il « élèvera les conditions de vie et créera des opportunités économiques pour les individus et les communautés ».

Le même journal a cité Yahia Zoubir, chercheur principal non résident au Middle East Council on Global Affairs à Doha (Qatar). Selon lui, la mine de Gara Djebilet au sud-ouest, les projets de phosphates à l’est, ainsi que d’autres minéraux, aideront l’Algérie à réduire sa dépendance de longue date au pétrole. « Il ne fait aucun doute que ce projet est important pour l’Algérie mais aussi pour la Chine car les retombées d’un tel projet, une fois mis en œuvre, seraient reproduites dans la région subsaharienne et dans le bassin méditerranéen », a déclaré Yahia Zoubir.

De son côté, Lina Benabdallah, professeur associé au département de politique et d’affaires internationales de l’université Wake Forest aux États-Unis, a indiqué que ce projet donnera également à la Chine accès à une autre source de minerai de fer. « Ce projet est intéressant pour le gouvernement algérien en raison du potentiel de diversification des revenus et de la croissance économique », a déclaré Lina Benabdallah, et dajouter : « Et pour la Chine, augmenter les options pour l’approvisionnement en minerai de fer est crucial pour éviter de dépendre d’un nombre limité de fournisseurs et de la volatilité des prix ou de l’accès qui peut en résulter. »

Steven Jackson, professeur de sciences politiques et membre du Centre Wilson de Washington, a convenu que ce que la Chine tirait principalement de l’accord avec l’Algérie, c’était une diversification de ses sources de minerai de fer. Il a rappelé que la Chine était le premier producteur mondial d’acier, produisant plus de 1 milliard de tonnes d’acier en 2022. Mais elle importe la plupart de son minerai de fer et 70 % proviennent d’un seul pays : l’Australie. « Les relations sino-australiennes se sont tendues ces dernières années et les dirigeants chinois voudraient probablement diversifier leurs sources », a souligné Steven Jackson, selon qui, il était nécessaire de trouver d’autres sources de minerai de fer dans un avenir proche.

Il a également rappelé qu’en 2017, les chinois et les algériens avaient signé un mémorandum d’entente pour explorer l’idée d’exporter du minerai de la mine de Gara Djebilet, mais qu’à l’époque, il avait été constaté que c’était à la fois un défi logistique, avec le chemin de fer nécessaire, et un défi technique, en raison du phosphore dans le minerai, qui affaiblit l’acier. « Les Chinois ont peut-être trouvé un moyen de le rendre viable », croit-il savoir.

Sur le plan des relations économiques, Steven Jackson a souligné que la Chine est le premier fournisseur de l’Algérie, avec 17 % du total des importations algériennes en 2022. Il a également relevé la diminution de la part de marché de la France sur le marché algérien, alors qu’elle était en tête en 2010. Selon lui, la Chine avait exporté près de 7 milliards de dollars de biens vers l’Algérie en 2022. Cependant, les exportations algériennes vers la Chine étaient inférieures à 2 milliards de dollars cette année-là. « Il y a un déséquilibre commercial significatif, et les dirigeants à Alger aimeraient exporter davantage vers la Chine. L’Algérie aimerait également voir davantage d’investissements chinois en Algérie », a-t-il dit.

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