Sans doute pour reléguer au second plan l’enquête que vient d’ouvrir le Sénat américain à propos de ses très controversées relations avec la Russie durant la campagne électorale, Donald Trump a jeté le trouble, aussi bien, dans son pays, qu’au sein de la communauté internationale, en annonçant le retrait des États-Unis d’Amérique de l’accord de Paris (COP21).
Un accord que son prédécesseur Barak O’Bama, avait été contraint de conclure, faute de majorité au Congrès, au moyen d’un décret et non pas d’une loi qui devait nécessairement passer par ce parlement dont la majorité républicaine, ne lui était pas acquise. C’est précisément ce mode d’adhésion par décret qui a rendu possible le rejet de l’accord en question par son successeur Donald Trump, qui en avait fait une de ses principales promesses électorales.
Une décision qui arrive à point nommé pour détourner l’attention des médias et de l’opinion publique américaine de l’enquête parlementaire en cours qui pourrait lui valoir de graves ennuis politiques, voire même, judiciaires. Il n’ignorait pourtant pas le tollé mondial que devait susciter cette décision qui heurte la sensibilité de milliards de citoyens acquis à la sauvegarde d’une planète qui donne depuis ce dernier demi siècle des signes évidents de dérèglement climatique et de déclin environnemental.
Outre les innombrables ONG écologiques qui activent de par le monde et les chefs d’États des pays signataires de l’accord de Paris, on signale déjà pas moins de 86 maires de grandes villes américaines, plus de deux cents firmes multinationales et pratiquement toutes les élites influentes du pays qui, non seulement, n’adhèrent pas à la décision de Donald Trump, mais sont décidés à poursuivre le combat écologique en appliquant ce traité, voire même, à pousser encore plus loin les ambitions de protection de la planète.
Il est bon de rappeler que ce ne sont pas moins de 195 nations qui ont ratifié l’accord sur le climat qui avait été unanimement adopté, non sans enthousiasme, à l’occasion de la COP 21 qui s’était tenue en 2015 à Paris. L’accord prévoit de mettre en œuvre une transition énergétique qui réduirait les émissions de carbone à l’origine du réchauffement planétaire, de manière à réduire la température d’au minimum 1,5° à le l’horizon 2030. Un fond vert de 100 milliards de dollars devait être constitué à l’effet d’engranger une dynamique mondiale de sauvegarde et d’apporter aide et assistance aux pays pauvres qui subissent injustement les conséquences de ce dérèglement climatique en grande partie causé par les pays riches.
Cet accord qui a réussi la gageure de fédérer autant de nations sur une question aussi controversée a déjà mis en branle une dynamique de réalisation d’équipements qui produisent de plus en plus d’énergies propres et réduisent les émissions de gaz à effet de serre (capteurs d’énergies solaire et éolienne, éclairage à basse tension, voitures électriques etc.).
Ce sont des millions d’emplois qui ont ainsi été créés à travers le monde et la promesse d’en faire d’avantage est bien réelle. Casser cette dynamique serait bien dommageable pour la planète, mais aussi et surtout, pour le pays dont le président vient de renier les engagements publics de sa nation, sans se soucier des progrès extraordinaires que les chercheurs et les entrepreneurs américains ont réalisé dans ce projet gigantesque d’avenir que constitue la transition énergétique.
Leur réussite incontestable a fait des USA le leader incontestable de ce modèle énergétique porteur d’espoir pour la planète, ayant de surcroît, un bel avenir économique, devant lui. Il n’est donc pas étonnant que ce Trump s’expose aux contestations de toutes les parties sensibles à cet épineux problème de réchauffement. L’onde de choc promet donc d’être si forte qu’elle pourrait fragiliser considérablement, son prestige international, voire même, l’exercice de son mandat notamment si les résultats de l’enquête du Congrès venaient à le fragiliser encore davantage.
Si Donald Trump venait à persister dans son erreur, les États-Unis d’Amériques qui étaient purtant bien partis pour rester le leader mondial des d’énergies renouvelables, courent le risque bien évident de perdre le challenge et se faire distancer par la Chine qui n’attendait que ce faux pas, mais aussi, par l’Europe et certains pays émergents du sud-est asiatique.
Les meilleurs économistes du monde sont pourtant aujourd’hui d’accord pour dire que c’est dans l’industrie des énergies renouvelable et les nouvelles technologies qui, généralement les accompagnent, que se trouvent les plus grands gisements d’emplois et de croissance.
Il y a, en effet, dans la révolution écologique qui s’est enclenchée, des opportunités de positionnement économiques pour des pays qui, grâce à leurs entreprises, leurs chercheurs et leurs promoteurs auraient de bonnes chances de devenir les futurs leaders de cette transition qui va générer des taux de croissances prodigieux du fait des innovations, de la construction d’équipements énergétiques de dernières génération et de la production massive d’énergies propres qui doit impérativement être assurée, pour écarter à terme les énergies fossiles.
L’avenir est donc à ceux qui sauraient en produire et en tirer avantages. Et certains pays, comme la Chine ou l’Allemagne qui sont les mieux avancés dans le domaine de la transition énergétique, ne verraient pas d’un mauvais œil que les États-Unis en fassent à l’avenir le moins possible dans ce domaine qu’ils souhaiteraient se réserver. Et si les chefs d’État des pays concernés déclarent être offusqués par la décision de Donald Trump, ils n’en sont en réalité pas du tout inquiets.
Ces derniers savent en effet pertinemment que le retrait de ce pays certes très pollueur, de l’accord de Paris, n’aura en réalité que peu de retombées sur le réchauffement planétaire, car les 195 pays qui restent encore engagés représentent pas moins 85% des gaz à effet de serre qu’il faudrait éradiquer pour faire baisser la température de 1,5° à l’horizon 2030, comme stipulé dans l’accord en question. C’est un objectif tout à fait à la portée de ces nombreux pays signataires, pour peu qu’ils restent solidaires.
Il resterait à régler le problème de la contribution de 4 milliards de dollars promise par les États-Unis d’Amérique au titre de la constitution d’un Fonds de soutien à la transition énergétique. Les promesses de dons faites par les grandes firmes américaines (Google, Apple) et certains maires (Washington, New York) auraient, en quelques jours seulement, dépassé allègrement ce montant requis, à en croire de nombreux médias occidentaux.