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Présidentielle Française: prudents, les investisseurs font les derniers réglages

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À trois jours du premier tour de l’élection présidentielle française, les investisseurs peaufinent leurs stratégies en vue d’un scrutin jugé imprévisible et dont le véritable enjeu, selon eux, n’est autre que l’avenir de la zone euro.

« Qui va gouverner ? Ce n’est pas tellement la question. (…) Ce que l’on cherche à mesurer, c’est avant tout le risque sur l’euro », affirme à l’AFP Samy Chaar, économiste de la banque privée genevoise Lombard Odier.

Les acteurs sur les marchés redoutent une victoire de la candidate du Front National Marine Le Pen, qui prône une sortie de la monnaie européenne et de l’Union après référendum. Un scénario jugé très improbable mais qui, s’il se réalisait, serait de nature à fragiliser tout l’édifice européen.

« Une remise en question de l’euro, deuxième devise la plus utilisée au monde en termes de flux commerciaux et d’épargne, constituerait un risque majeur pour les investisseurs internationaux et leurs clients », pointe M. Chaar.

« Les marchés aiment se faire peur », déplore Eric Brard, responsable mondial gestion taux chez le gestionnaire d’actifs Amundi. Mais jusqu’à présent, il n’y a « pas de mouvements financiers de défiance, ni de spéculation », assure cet expert.

C’est le résultat d’un travail de pédagogie mené par les banques, les analystes et la presse ces dernières semaines, soulignent beaucoup de financiers.

« Aux quatre coins du monde, les analystes décortiquent depuis plusieurs semaines les articles de la constitution française et les mécanismes électoraux français », raconte un trader sous couvert d’anonymat.

Et les investisseurs se rendent compte que « même si Marine Le Pen était élue, il lui serait difficile d’appliquer sa politique » de sortie de l’euro en raison des barrières constitutionnelles et politiques, ajoute encore M. Chaar.

Fort de ce constat, « l’ambiance est calme dans les salles de marché, mais la prudence est de rigueur car on ne veut pas réitérer des épisodes comme le Brexit ou l’élection de Donald Trump », qui avaient surpris bon nombre d’observateurs, rapporte à l’AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

L’issue du vote n’a jamais paru aussi incertaine alors que l’écart dans les sondages entre les quatre principaux candidats (Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon) se resserre nettement depuis 15 jours.

Côté investisseurs, un duel entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon est qualifié de « cygne noir », soit un événement fortement improbable mais dont la réalisation aurait un impact massif sur les marchés, selon M. Dembik.

Certains experts évoquent un risque de « bank run », terme désignant des retraits massifs de la part des clients des banques, et « une dégradation très rapide de la note (de la dette) française ».

Benoist Lombard, associé-gérant de Witam MFO et président de la Chambre nationale des conseillers en gestion de patrimoine (CNCGP), s’inquiète pour sa part d’une possible fuite des capitaux vers d’autres pays de la zone euro. « Depuis quelques temps, les contrats d’assurance vie au Luxembourg intéressent fortement certains clients, soucieux que leurs placements restent investis en euros », constate auprès de l’AFP M. Lombard.

Pour tenter de prédire l’issue de l’élection, chacun sa méthode. Outre le suivi des sondages, certains confient surveiller les sites de paris en ligne, d’autres scrutent l’audience des candidats sur les réseaux sociaux.

Face à la difficulté d’établir des scénarios de victoire, la plupart des investisseurs et gestionnaires ont déjà pris leurs dispositions. « Tout le monde se prépare un peu de la même manière », estime M. Chaar. « Sans nécessairement changer la structure des portefeuilles, on met des airbags qui ne coûtent pas trop cher si tout va bien et qui peuvent rapporter si les choses se passent mal », détaille celui-ci.

Certains investisseurs se tournent notamment vers des devises considérées comme fortes, telles que le franc suisse, d’autres souscrivent des contrats d’assurance pour se protéger face à de possibles remous sur les marchés financiers. Mais « il y a une vraie lassitude parmi les investisseurs internationaux. Certains nous disent que c’est la dernière fois qu’ils investissent en euros car ils sont lassés de voir l’euro remis en cause » régulièrement, pointe un trader.

Afp

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