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La croissance de la zone euro pâtit de l’incertitude politique

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La reprise dans la zone euro se confirme mais reste « modeste » et confrontée à « l’incertitude politique » liée au Brexit et aux élections à venir, a estimé mardi le Fonds monétaire international (FMI).

L’institution a certes revu à la hausse sa prévision de croissance pour 2017, à 1,7%, contre 1,6% lors de ses dernières prévisions en janvier, et laissé inchangé sa prévision pour 2018, à 1,6%. Mais elle estime que la zone euro aurait pu faire mieux sans les doutes politiques qui la tenaillent depuis des mois.

Première interrogation, selon le FMI, « l’incertitude relative à la relation future entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ».

La Première ministre britannique Theresa May vient tout juste de déclencher officiellement le processus de sortie de son pays de l’Union européenne, donnant le coup d’envoi à deux années de négociations à l’issue incertaine. Personne ne sait à ce jour comment va s’articuler la relation entre Londres –et sa puissante place financière– et le continent.

L’incertitude est d’autant plus grande que Mme May a annoncé mardi la tenue d’élections législatives anticipées au Royaume-Uni, un scrutin inattendu qui n’a bien sûr pas pu être pris en compte par le FMI dans le calcul de ses prévisions.

Dans le même temps, des élections indécises occupent déjà les deux principales puissances économiques de la zone euro, la France et l’Allemagne.

Les Français s’apprêtent à élire en mai un nouveau président de la République, un scrutin qui sera suivi en juin par des élections législatives.

Des élections législatives sont également prévues en Allemagne, en septembre, ou sera remis en jeu le fauteuil de chancelier qu’occupe Angela Merkel depuis 2005.

Enfin, l’Italie doit elle aussi organiser des élections législatives, au plus tard en février 2018, mais certains partis réclament des élections anticipées.

Une « année électorale tunnel », résume Charles de Marcilly, de la Fondation Schuman, ce qui empêche Bruxelles de redonner « une impulsion » à l’UE, faute du soutien « des gros pays » qui gardent leurs distances en période d’élections.

« Tout le monde se demande: qui sera le prochain président français ? Quelle sera la prochaine coalition en Allemagne ? », a déclaré la semaine passée la présidente du FMI, Christine Lagarde, dans un entretien à Bloomberg TV, faisant part de son « inquiétude » sur l’issue des scrutins français et allemand.

« Les derniers mois nous ont montré que des scénarios imprévisibles pouvaient arriver », avait-elle ajouté, en référence au Brexit et à la victoire surprise de Donald Trump aux Etats-Unis.

Dans le détail, le FMI prévoit un ralentissement de la croissance en Allemagne (1,6 % en 2017 et 1,5 % en 2018), en Italie (0,8 % en 2017 et en 2018) et en Espagne (2,6 % en 2017 et 2,1 % en 2018). Mais l’activité devrait s’accélérer « de manière modeste » en France (1,4 % en 2017 et 1,6 % en 2018).

Quatre facteurs vont selon lui soutenir la croissance dans l’ensemble de la zone en 2017 et 2018: « une politique budgétaire légèrement expansionniste, des conditions financières accommodantes, un euro plus faible et les retombées bénéfiques d’une relance budgétaire probable aux États-Unis ».

Mais à moyen terme, les perspectives « restent moroses » en raison d’une « productivité faible » et d’une « évolution démographique défavorable », mais aussi, dans certains pays, des « problèmes non résolus de surendettement public et privé, avec des prêts improductifs élevés ».

L’institution anticipe que la Banque centrale européenne (BCE) maintiendra « sa politique accommodante actuelle » de taux d’intérêts bas et de rachats massifs d’actifs afin d’injecter de l’argent bon marché dans le système et ainsi stimuler prêts et investissements.

Mais il est selon elle « crucial » que cette politique s’accompagne « de mesures visant à assainir les bilans, à renforcer le secteur financier, à utiliser l’espace budgétaire lorsqu’il est disponible et à accélérer les réformes structurelles ».

Afp

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