Face à la perturbation du marché mondial des céréales ces dernières années, particulièrement en raison de la guerre en Ukraine, qui a fait flambé les prix, le gouvernement veut améliorer les niveaux de collectes des céréales produites localement afin de réduire la dépendance de l’Algérie aux importations et assurer la sécurité alimentaire du pays.
En effet, dans le cadre du Projet d’ordonnance portant loi des finances complémentaires 2022, le gouvernement a proposé une nouvelle mesure concernant la filière de production des céréales.
La mesure proposée concerne la collecte des céréales. « Tout agriculteur pratiquant la céréaliculture bénéficiant du soutien de l’Etat, tant en amont qu’en aval, et quelle qu’en soit sa forme ou sa nature, est tenu par l’obligation de céder sa production des blés et orges à l’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales », lit-on dans l’article 30 du PLFC 2022 approuvé par le Conseil des ministres du 17 juillet.
A ce propos, il convient de rappeler que l’Etat a déjà pris des mesures afin d’améliorer la collecte des céréales. Un plan spécial de collecte a été déployé et le relèvement du prix d’achat des céréales par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) aux agriculteurs, constitue également une incitation qui pourrait entraîner une augmentation du taux de collecte ».
Le prix d’achat est passé blé dur est passé de 4500 Da à 6000 Da le quintal pour le blé dur, de 3500 Da à 5000 Da pour le blé tendre, de 2500 Da à 3400 Da pour l’orge et de 1800 Da à 3400 Da pour l’avoine.
Il y a également le renforcement de la flotte de camions dédiée au transport des céréales, en particulier dans le Sud, et que 610 silos et points de stockage sont mobilisés, avec une capacité de stockage de l’ordre de 44,5 millions de quintaux.
Une amélioration de la production céréalière en Algérie est prévue pour campagne 2021/2022. Le bilan de la récolte pourrait se situer entre 2,2 et 3 millions de tonnes.
Les niveaux de collecte ne dépassent pas les 50%
En dépit de toutes ces mesures, le gouvernement relève, dans l’exposé des motifs du PLFC 2022, que les niveaux de collecte demeurent « faibles ».
« Le marché mondial des céréales a connu ces dernières années beaucoup de perturbations qui se sont traduites par une baisse significative de l’offre, avec pour effet la fluctuation à la hausse des prix ainsi que le taux d’inflation et l’augmentation des prix des intrants avec pour effet une hausse marquée des coûts de production des céréales impliquant une diminution significative des revenus des producteurs », indique le gouvernement.
Et d’ajouter : « En effet, au plan de la production et malgré ces fluctuations, les performances n’ont pas cessé de croître démontrant ainsi des capacités potentielles de production et des réserves de productivité existantes pour améliorer la production, réduire la dépendance de notre pays vis-à-vis de l’extérieur et permettre le renforcement de notre sécurité alimentaire en matière de céréales. »
« Néanmoins, malgré tous ces efforts consentis par l’Etat en matière d’encadrement technique et économique, les niveaux de collecte au niveau national demeurent toujours faibles, lesquels ne dépassent pas les 50% pour toutes espèces confondues et ce, en raison de l’absence d’une mesure obligeant les agriculteurs à livrer leur production à l’OAIC », relève-t-on de même source.
« A ce titre, et faisant suite à l’envoi de Monsieur le Premier Ministre n°1487 du 17/04/2022, il est proposé l’institution d’une mesure législative permettant la mise en place d’un dispositif obligeant les céréaliculteurs bénéficiant du soutien de l’Etat de céder l’intégralité de leur production des blés et orges à l’OAIC et qui fera l’objet d’examen dans le cadre de la préparation de la prochaine loi de finances », propose-t-on.
A noter que durant la campagne céréalières 2021/2022 (de juin à fin mai), l’Algérie a importé 10,6 millions de tonnes de céréales, contre 13,1 millions de tonnes durant la campagne 2020/2021. Cette différence s’explique principalement par la baisse de près de la moitié des importations de maïs.
Ces importations sont composées principalement de blé tendre avec près de 6,1 millions de tonnes, de maïs avec 2,6 millions de tonnes (contre 4,8 millions de tonnes durant la campagne précédente), de blé dur avec près de 1,4 million de tonnes et de 571.000 tonnes d’orge.