La raffinerie d’Augusta, dans le sud de l’Italie, rachetée en 2018 par le groupe Sonatrach à l’américain Exxon Mobil, semble se porter bien, en réalisant plusieurs d’une centaines millions de dollars de bénéfices durant la première moitié de l’année en cours.
En effet, selon le magazine Jeune Afrique, qui cite une source proche du dossier, la raffinerie a réalisé durant les six premiers mois d’activité de 2022, plus de 450 millions de dollars de bénéfices.
« Sonatrach pourrait engranger plus de 800 millions de dollars de bénéfices [sur cette raffinerie] cette année, avance une source proche de ce dossier. C’est loin d’être une arnaque. Bien au contraire », selon le même média.
Un résultat « positif » en 2021
En février dernier, le vice président de l’activité raffinage et pétrochimie à la Sonatrach, Baatouche Boutouba, s’est exprimé sur les résultats de la raffinerie durant les années 2019, 2020 et 2021.
Intervenant sur les ondes de la radio chaîne 3, M. Boutouba avait indiqué que la raffinerie d’Augusta a réalisé des résultats négatifs durant les deux années qui ont suivi sont acquisition. En 2019, en raison des travaux de maintenance qui ont fait que la raffinerie n’ait fonctionné que pratiquement la moitié de l’année. Et en 2020, les résultats de cette raffinerie ont été impactés par la crise.
Pour l’année 2021, cette raffinerie a réalisé un résultat « positif », ce qui lui a permis de payer une partie de la dette contractée en 2019 et 2020. « Pour 2021, la raffinerie a réalisé un résultat positif, ce qui a permis de rembourser une partie de sa dette contractée en 2019 et 2020 », avait-t-il précisé, en ajoutant que l’année 2020 a été une année assez spéciale pour toute l’économie mondiale.
La raffinerie d’Augusta a une capacité de raffinage de 10 millions de tonnes d’essence, de gasoil et pas mal d’autres produits raffinés. « Son niveau actuel est de 2.6 millions de tonnes de gasoil et 1.6 millions de tonnes d’essence », a précisé le vice-président de l’activité raffinage et pétrochimie à la Sonatrach.
L’affaire devant la justice
L’acquisition de cette raffinerie, vieille de 70 ans, a été très critiquée par les experts et spécialistes dans le domaine des hydrocarbures. Cette infrastructure a coûté près de 1 milliards de dollars.
A l’époque, on avait mis en avant le fait que la raffinerie allait traiter le brut algérien, et ainsi combler le déficit national en produits raffinés. Mais, en réalité, la raffinerie d’Augusta était conçue pour des bruts de densités moyennes et lourdes et non pas pour du brut léger de la catégorie de ceux que produit l’Algérie.
Ainsi, Sonatrach s’est retrouvée d’ailleurs obligée de contracter un prêt de 150 millions de dollars auprès de l’Arab Petroleum Investment Corporation Apicorp pour l’achat de brut de la Saudi Aramco à destination de la même raffinerie de Sonatrach en Italie. Elle a même contracté des prêts pour les travaux de maintenance de la raffinerie, qui est de l’ordre de 100 millions de dollars.
Et en juillet 2020, le tribunal de Bir-Mourad-Raïs (Alger) avait décidé d’engager une enquête pour situer les responsabilités dans l’acquisition par Sonatrach de la raffinerie d’Augusta en Italie.
En août 2020, l’ancien ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, avait confirmé que l’affaire de l’acquisition de la raffinerie d’Augusta était devant la justice.
Un mandat d’arrêt international a été lancé en 2021 à l’encontre de l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour. Ce dernier a été extradé le 4 août de la même année, par les Émirats arabes unis (EAU) vers l’Algérie. Il a été placé le lendemain sous mandat de dépôt.