Les boulangers de la wilaya de Béjaïa ont annoncé, dans une déclaration, leur décision d’augmenter à 15 dinars le prix de la baguette de pain ordinaire subventionné par l’Etat.
« Suite aux différentes aummentations des prix des produits de base entrant dans la fabrication du pain, communément appelé pain ordinaire ; et ça à plusieurs fois de suite. Devant l’absence d’une solution définitive et durable du problème de marge bénéficiaire dont les boulangers souffrent et réclament depuis longtemps.En attendant qu’une solution sérieuse soit proposée pour régler la situation précaire du boulanger. Nous, les boulangers de la wilaya de Bejaia, avons décidé à partir du samedi 12 février 2022, d’augmenter le prix de la baguette de pain ordinaire à 15 DA, pour un poids de 180 grammes », peut-on lire dans la déclaration datée du 2 février et portant le cachet du comité des boulangers de la wilaya de Béjaïa affilié à l’Association nationale des commerçants et artisants algériens (ANCA).
« En cas de poursuite ou bien de représailles de la part des services de la »D.C.P », tous les boulangers de la willaya de Béjaïa vont procéder à la fermeture de leurs boulangeries », préviennent les boulnagers dans leur déclaration dont une copie a été adressée au Wali, une au chef de sûreté de wilaya et une autre au directeur de la DCP.
Début janvier 2022, des boulangers de plusieurs wilayas ont décidé d’augmenter le prix de la baguette de pain ordinaire à 15 dinars au lieu de 7,5 dinars. Le pain ordinaire, un produit de large consommation surbventionné par l’Etat.
Le ministère du Commerce refuse toute augmentation du prix du pain
Le 5 janvier, le directeur de l’organisation des marchés, des activités commerciales et des professions réglementées au ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, Ahmed Mokrani, avait indiqué que les services du ministère ont constaté que des boulangers de 6 wilayas recensées au niveau national ont procédé à l’augmentation du prix du pain ordinaire à 15 DA sans préavis et de leur propre chef.
M. Amokrane avait déclaré, sur les ondes de la radio nationale, que le ministère « refuse catégoriquement toute augmentation injustifiée du prix du pain ordinaire subventionné », faisant état d’un rapport adressé par le département du Commerce aux pouvoirs publics comportant plusieurs propositions pour la prise en charge des revendications des boulangers.
« Cette augmentation est inacceptable dans la mesure où ce produit est fait à partir de farine subventionnée, dont nous importons 7 millions de tonnes par an », avait-t-il expliqué ajoutant que « le ministère a reçu à plusieurs reprises les fédérations de boulangers et écouté leurs préoccupations et a préparé un rapport pour que les pouvoirs publics prennent en charge leurs revendications ».
A ce propos, M. Amokrane avait indiqué que les services du Commerce ont pris en charge certaines de ces revendications, dont l’approvisionnement continu en farine subventionnée et la lutte contre le phénomène de vente du pain sur les trottoirs, relevant que d’autres revendications ayant trait aux coûts de l’électricité, du gaz, de l’eau et d’autres matières ont été soumises aux services ministériels concernés.
Il avait fait état d’un rapport exhaustif contenant plusieurs propositions soumis par le ministère du Commerce au pouvoirs publics en vue de prendre en charge cette catégorie, lui assurer une marge bénéficiaire, sauvegarder cette profession et protéger le pouvoir d’achat du citoyen. Parmi les propositions contenues dans ce rapport, M. Mokrani a rappelé la possibilité de recourir au seuil minimum d’impôts et de taxes douanières et d’autres options.
Réunion pas concluante
Le 18 janvier, s’était tenue, au siège du département du Commerce, une deuxième réunion entre les représentants des boulangers et les représentants des départements ministériels concernés. Bien que le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, qui pris part à cette réunion, a affirmé, dans un communiqué, la volonté des pouvoirs publics de prendre en charge toutes les préoccupations des boulangers, en soulignant le rôle du dialogue continu avec tous les partenaires, en vue de satisfaire progressivement toutes les revendications exprimées.
Dans son édition du 19 janvier, le journal El Watan avait rapporté que « la réunion n’a finalement pas été concluante », et que « cette réunion, qui devait aboutir à des décisions, n’a été qu’une occasion pour rediscuter de la situation des artisans boulangers et de leurs revendications non satisfaites depuis plus d’une dizaine d’années. »
De l’avis des boulangers, leur situation économique est critique. Elle est induite par l’absence d’une marge bénéficiaire « satisfaisante ». « Le prix fixé par l’Etat date de plus de 20 ans. Il n’est plus d’actualité puisque le coût de revient de la baguette est de 12 da contre 7,50 da officiellement établi. De tous les intrants qui entrent dans la préparation du pain, il n’y a que la farine qui est subventionnée. Pour le reste, tout a augmenté de façon considérable. Je cite la levure, les améliorants et tous les autres frais liés aux factures d’électricité, d’eau et les salaires des travailleurs », selon président de la Fédération nationale des boulangers (FNB), cité par El Watan.
Pour ce qui est des solutions proposées, il y a la révision de la marge bénéficiaire pour les boulangers, opérer à des allégements de la TVA pour les intrants importés et faire bénéficier les boulangers de tarifs préférentiels en matière d’électricité et d’eau, seon le même journal.