Après avoir presque doublé son bénéfice en 2016, PSA a confirmé son appétit jeudi pour la division européenne de General Motors (GM), le patron du groupe automobile français ambitionnant de créer avec Opel un « champion européen ».
Son patron Carlos Tavares a estimé que le bilan de PSA, redressé après avoir frôlé la faillite en 2013-2014, prouvait que le constructeur français peut aider Opel, déficitaire depuis 16 ans, à « sortir de l’ornière ». Il a promis, en cas d’accord, de garder à la marque son identité allemande, pierre angulaire d’une future stratégie commerciale.
Certains acheteurs de voitures neuves, à l’heure actuelle, « ne prennent pas en considération des marques françaises, mais s’intéresseront aux marques allemandes en raison de l’aura des marques allemandes haut de gamme », a relevé M. Tavares.
Opel, avec sa marque-soeur Vauxhall au Royaume-Uni, détient 6,6% du marché automobile européen, part qui s’ajouterait aux près de 10% de PSA avec ses trois marques françaises (Peugeot, Citroën et DS), a-t-il rappelé.
Alors qu’un rapprochement a soulevé l’inquiétude de syndicats en Allemagne, au Royaume-Uni et en France, M. Tavares a une nouvelle fois donné des gages sur son volet social.
Les accords en vigueur chez Opel incluent un engagement à ne procéder à aucun licenciement économique dans les usines allemandes de la marque à l’éclair d’ici à la fin 2018, ainsi qu’à investir dans ces sites au moins jusqu’en 2020. »Nous allons respecter les accords » signés entre GM et les syndicats, a déclaré M. Tavares, une question d' »éthique » selon lui.
Mais il a reconnu que des « améliorations » seraient nécessaires chez Opel, « sinon ils ne seraient pas dans la situation où ils sont ».
Si l’accord se conclut, PSA « fera confiance aux collaborateurs et à la direction d’Opel pour construire un plan (…) afin de sortir de l’ornière », a-t-il dit. »Nous sommes ici pour apporter une solution », a-t-il ajouté, sans mentionner ni de date pour un possible accord, ni le montant d’une transaction.
Le dossier Opel, sur lequel M. Tavares s’exprimait pour la première fois en public, a presque relégué au second plan les résultats financiers 2016 de PSA.
L’entreprise a publié un bénéfice net de 2,15 milliards d’euros (+79% par rapport à 2015) et s’est targuée d’une rentabilité « record ».
Le groupe a légèrement relevé ses objectifs financiers à moyen terme, visant désormais une marge opérationnelle supérieure à 4,5% pour sa division automobile sur la période 2016-2018, contre 4% auparavant.Cet objectif a déjà été dépassé l’année dernière, atteignant 6% contre 5% en 2015. PSA a toujours pour but une marge de 6% à horizon 2021.
Fort de cette rentabilité retrouvée, après -2,8% de marge en 2013 et 0,2% en 2014, PSA va distribuer à ses actionnaires, parmi lesquels l’Etat français, qui détient 12,81% des parts, un dividende pour la première fois depuis 2011. Il s’établira à 0,48 euro par action.
Les salariés ne seront pas oubliés, une prime d’intéressement de 2.000 euros net devant leur être versée selon Force Ouvrière, le premier syndicat de PSA pour qui « le compte est bon ». La CGT, en revanche, a dénoncé une prime « au rabais ».
Côté chiffre d’affaires, PSA ambitionne toujours une hausse de 10% à taux de changes constants entre 2015 et 2018, et 15% supplémentaires d’ici à 2021, aux termes de son plan stratégique publié en avril. L’année dernière, cet agrégat a toutefois reculé de 4,1% à 54 milliards d’euros, en partie en raison de la cession d’une activité de l’équipementier Faurecia, effective début août 2016.
Hors cession, l’activité a reculé de 1,2%, pénalisée par de forts effets de change, la livre sterling sur fond de Brexit et le peso argentin. A changes constants, elle progresserait de 2,1%. Les ventes de véhicules ont progressé de 5,8% l’année dernière, à 3,15 millions d’unités, surtout grâce à la réintégration des ventes iraniennes.
Hors Iran, les ventes unitaires ont baissé de 2%, plombées par la situation en Chine (-16%), dont M. Tavares a reconnu qu’elle constituait un « problème » auquel l’entreprise est selon lui en train de s’attaquer en mettant sur le marché des 4×4 urbains, catégorie très demandée.
Afp