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« Il faut agir maintenant pour sauvegarder la biodiversité et les actifs naturels de l’Afrique » (rapport Dasgupta)

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Le rapport Dasgupta, une étude indépendante sur l’économie de la biodiversité commandée en mars 2019 par le Trésor britannique qui appelle à un changement dans la façon dont le monde pense et agit à l’égard de la nature, était au centre d’un webinaire organisé le 25 mai dernier par la Banque africaine de développement, en partenariat avec l’Institut pour la protection de l’environnement de Stockholm (SEI) et le Trésor britannique.

Selon les participants, l’Afrique, avec le reste du monde, doit répondre à cet appel qui nécessite de comprendre que nos économies sont intégrées à la nature et qu’elles ne lui sont pas extérieures.

Auteur de ce rapport avec l’appui d’un groupe consultatif composé de spécialistes des politiques publiques, des sciences, de l’économie, des finances et des affaires, Sir Partha Dasgupta, professeur émérite d’économie à la Conférence Frank Ramsey de l’université de Cambridge, est revenu lors de cette rencontre sur les conclusions de son rapport, dont les conséquences pour l’Afrique ont servi de thème aux tables rondes organisées lors de ce webinaire.

Le rapport intitulé : « The Economics of Biodiversity : The Dasgupta Review » (La biodiversité de l’économie : le rapport Dasgupta) est une évaluation des atouts économiques de la biodiversité à l’échelle mondiale. Il examine les coûts économiques et les risques de perte de biodiversité et définit les mesures capables, simultanément, d’améliorer la biodiversité et d’assurer la prospérité économique.

Lors du webinaire, le professeur Dasgupta et le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, ont souligné la nécessité de changer les méthodes, les moyens d’action et les modes d’évaluation de la réussite dans l’intégration de la biodiversité dans l’économie ainsi que de l’établissement d’un équilibre entre « ce que l’humanité tire de la nature, et ce que nous laissons à nos descendants ». La responsabilité envers la protection de la nature est une responsabilité internationale, commune à tous, ont-ils affirmé de concert. « La biodiversité n’est pas vraiment une richesse. C’est une combinaison d’actifs. La nature se situe au cœur de chaque décision », a plaidé Partha Dasgupta. « Si nous valorisons le capital naturel, nous devons évaluer ce que nous valorisons le mieux, a ajouté le président Adesina. Si nous valorisons la biodiversité, nous valorisons les écosystèmes, et nous devons alors nous assurer que le coût imputé que nous attribuons à la biodiversité incite à sa préservation. »

Selon les experts, l’Afrique contribue moins aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais le continent subit de manière disproportionnée les effets négatifs du changement climatique. « Aujourd’hui, la charge supplémentaire que représente la pandémie de coronavirus fait que les pays ont encore moins de ressources pour les initiatives de protection de la biodiversité et pour s’adapter aux effets du changement climatique », a déploré le président de la Banque africaine de développement.

D’autres intervenants, comme Pushpam Kumar, conseiller économique principal au Programme des
Nations unies pour l’environnement (PNUE), Pr Théophile Azomahou, directeur de la formation au Consortium de recherche économique en Afrique (AERC), Al-Hamdou Dorsouma, directeur par intérim du Département du changement climatique et de la croissance verte à la Banque africaine de
développement et Philip Osano, directeur de SEI Afrique, ont discuté des possibilités de mise en œuvre des « choix pour le changement » de l’Afrique.

Les banques multilatérales de développement devraient pouvoir jouer un rôle plus important dans le financement et le développement d’un système financier capable d’orienter les investissements financiers, publics et privés, vers des activités économiques qui améliorent le stock d’actifs naturels et encouragent des modes de consommation et de production durables.

Selon le commissaire à l’Économie rurale et à l’Agriculture à la Commission de l’Union africaine (UA), Josefa Leonel Correia Sacko, l’UA apporte son soutien à de nombreuses initiatives et programmes pour lutter contre le braconnage et préserver la faune et la flore naturelle sur le continent. Ces initiatives comprennent un cadre de coopération régionale destiné à faire progresser l’économie de la biodiversité et ont pour objectif la transformation des matières premières et l’amélioration des chaînes de valeur, ainsi que l’accroissement des investissements dans l’utilisation durable des ressources biologiques pour la transformation de l’Afrique.

Dans le cadre des mesures prises pour l’après-Covid-19, l’Union africaine a mis en place le Programme de relance verte en Afrique, qui porte sur la préservation de la biodiversité, la lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages, la revitalisation de l’écotourisme et de l’économie de la biodiversité et la gestion durable des forêts. « Parmi ses principaux appuis, l’Union africaine compte le Programme des Nations unies pour l’environnement et la Banque africaine de développement », a salué Josefa Leonel Correia Sacko.

La Banque africaine de développement dispose d’un portefeuille de plus en plus substantiel d’initiatives axées sur l’exploitation du capital naturel et de la biodiversité, qui sont réparties grâce à son approche intégrée visant à soutenir une reprise verte et durable après la pandémie de Covid-19.

Kevin Chika Urama, directeur principal de l’Institut africain de développement de la Banque africaine de développement, s’est réjoui des conclusions du rapport Dasgupta au regard de la solide analyse sur la rentabilisation qu’elle propose en faveur d’un réalignement des investissements et de prises de décision visant à intégrer les actifs apportés par la nature.

Åsa Persson, directrice de la recherche et directrice adjointe de l’’Institut pour la protection de l’environnement de l’Institut de l’environnement de Stockholm (SEI), a rappelé le rôle et le devoir qui incombent à son institut de soutenir les recommandations faites en matière de politiques avec « des preuves et des données » avant qu’elles n’atteignent les tables de négociation et ne soient prises en compte dans les budgets des gouvernements.

Sandy Sheard, directrice adjointe du Trésor britannique, a déclaré qu’elle souhaitait que le rapport suscite d’autres engagements ambitieux : les principaux points à retenir sont l’importance du rôle joué par les sciences et les données ainsi que la nécessité de faire les choses différemment, en montrant l’exemple. « La solution est vraiment simple. La nature est notre habitation et l’économie signifie que nous devons mieux la gérer », a-telle-insisté.

Au début du webinaire, le directeur de SEI Afrique, Philip Osano, a souligné le lien étroit existant en Afrique entre la culture et la biodiversité. Selon lui, « il est opportun que ce dialogue politique sur l’économie de la biodiversité se déroule à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’Afrique (le 25 mai), dont le thème porte, cette année, sur la renaissance culturelle africaine. »

Source B.A.D

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