La valeur des échanges en Bourse a connu un recul de l’ordre de 68,48% en 2020 comparativement à 2019, en raison notamment de la pandémie de Covid-19 ainsi que le manque persistant d’attractivité du marché financier algérien, selon le dernier rapport annuel de la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob).
Les échanges en valeur se chiffrent à près de 78,5 millions de dinars l’année passée contre près de 249 millions de dinars au cours de l’exercice d’avant, selon le rapport annuel de cette autorité de régulation.
Pour sa part, le volume global des échanges en Bourse a reculé de 64,83% sur un an, en se chiffrant à 87.796 titres en 2020 contre 249.696 titres en 2019, a ajouté la même source.
La baisse du niveau d’activité globale s’explique, en partie, par les effets économiques de la pandémie, mais, principalement, par la « léthargie et la faiblesse endémiques » qui caractérisent la Bourse d’Alger, en raison du manque de profondeur du marché et d’attractivité pour les entreprises et les investisseurs, selon le rapport.
A noter que la valeur des échanges a atteint plus de 205,79 millions de dinars en 2018, 302,26 millions en 2017, et 805,50 en 2016, et ce, après avoir touché son plus haut niveau historique en 2015 avec 1.251,95 millions de dinars.
D’autre part, la Cosob a relevé une perte de la capitalisation de la Bourse à hauteur de 4,23% en une année (2019/2020) l’estimant à 42,881 milliard de dinars au 31 décembre 2020. Cette décrue s’explique par la baisse des transactions sur le marché en raison de la pandémie, mais aussi par la radiation du titre NCA Rouiba des cotations.
La Commission avait reçu une demande d’offre publique de retrait (OPR), présentée par NCA Rouiba, portant sur le rachat de ses actions cotées à place d’Alger, suivi d’une radiation de son titre de la côte de la Bourse d’Alger intervenue le 26 juillet 2020 en raison de la détérioration de la situation de la société et la chute du cours de son action de près de 8,3% en date du 6 février 2020.
Comparativement au Produit intérieur brut du pays, la capitalisation boursière représente un peu plus de 0,1% du PIB en 2020. « Ces chiffres renseignent sur la contribution insignifiante de la Bourse d’Alger dans le financement de l’économie », souligne encore le rapport.
En 2020, le marché n’a enregistré aucune opération ou émission de cession de valeurs mobilières sur le marché primaire, relève le même bilan. Néanmoins, la Cosob a traité deux demandes d’introduction en Bourse en 2020, émanant de deux PME.
Il s’agit des sociétés Casbah SPA et Viande de la Vallée SPA, qui ont déposé officiellement des demandes de visa pour une levée de fonds par appel public à l’épargne suivie d’introduction en Bourse. Ces deux sociétés envisagent de procéder à une levée de fonds dont les montants sont respectivement, de l’ordre de 600 et 440 millions de dinars, a souligné la Commission.
Le rapport a signalé également la demande introduite par la société AOM Invest, PME déjà cotée en Bourse – marché PME, qui a sollicité un visa pour une opération d’émission des titres participatifs selon les principes de la finance islamique (dont la rémunération est basée sur le rendement espéré) pour un montant de 2,5 milliards de dinars.
Cette opération, qui sera la première émission des titres participatifs sur le marché, a reçu le visa de la Cosob sur la notice d’information provisoire le 1 juillet dernier.
Une nouvelle loi sur le marché financier
Sur le volet juridique, la Cosob a proposé une nouvelle version enrichie du projet de la loi portant sur la Bourse des valeurs mobilières.
D’après le rapport, les principales modifications apportées au projet initial portent sur la coopération avec la Cellule de Traitement du Renseignement Financier (CTRF) et la Commission de Supervision des Assurances (CSA), la réalisation d’enquêtes sur de potentielles infractions à la loi portant sur la Bourse des valeurs mobilières, la réalisation d’enquêtes pour le compte d’autorités étrangères ayant des missions similaires à celles de la commission.
En outre, la Cosob propose d’introduire la possibilité de convoquer des témoins et d’audition sur toute personne en possession d’information sur des infractions potentielles à la loi portant sur la Bourse des valeurs mobilières, la possibilité de gel, à titre conservatoire, de compte-titres des contrevenants à la loi.
Il est également proposé de mettre en place un dispositif de conformité des IOB, d’instaurer des sanctions pécuniaires pour défaut de se présenter à une audition ou pour refus de fournir des informations à la Cosob, ou de transmettre les documents exigés dans le cadre d’une enquête sur de probables violations à la loi.
Des sanctions pécuniaires sont aussi requises pour défaut de transmission d’informations périodiques ou substantielles par les sociétés cotées.
Par ailleurs, l’autorité de régulation travaille sur un projet de règlement portant sur la mise en place d’un marché start-ups à la Bourse d’Alger.
APS