La nappe de la Mitidja est fortement menacée par la pollution et l’augmentation des prélèvements, sous l’effet du développement démographique et économique important dans cette région, selon une étude menée par l’Agence nationale de gestion intégrée des ressources en eau (AGIRE).
L’exploitation des ressources en eau dans la plaine de la Mitidja, qui s’étend sur une superficie de 1.450 km2 au sud d’Alger, a augmenté « significativement » ces dernières décennies en raison notamment des prélèvements agricoles et de l’alimentation en eau potable (AEP), souligne l’étude.
Cette augmentation s’est accompagnée de rabattements « considérables » de la nappe superficielle notamment dans le secteur de la Baie d’Alger (Nord-est de la plaine de la Mitidja) et semble avoir favorisé l’intrusion marine dans les eaux souterraines dans ce secteur.
D’après les analyses physico-chimiques des eaux souterraines de la Mitidja, il a été constaté des concentrations des nitrates, « largement » supérieures aux normes (autour de 50 mg/litre), a fait remarquer AGIRE expliquant que cette pollution était due essentiellement à l’agriculture, les rejets urbains drainés par le réseau d’assainissement public et déversés dans des oueds parcourant la plaine.
Parallèlement, la région Est de la Mitidja connait une très forte activité industrielle dont les effluents sont déversés directement dans les oueds sans traitement préalable, selon la même source, soulignant que cette région est « la plus affectée » par la pollution où les concentrations en nitrate atteignent en moyenne 120 mg/I.
Le diagnostic établi par AGIRE démontre que la région de la Mitidja Est est soumise à des « pressions tant quantitatives que qualitatives qui engendrent des impacts avérés sur la nappe ».
« D’un point de vue quantitatif, les principaux usages de la nappe sont l’alimentation en eau potable (AEP), l’irrigation et l’industrie.
L’ensemble des prélèvements engendre un rabattement de la nappe ayant pour conséquence des phénomènes d’intrusion marine qui constitue la plus grande menace qualitative des eaux exploitées tant pour l’usage AEP que pour l’irrigation », soutient la même source.
Alors que le nombre de la population de cette région devrait passer de 628.516 habitants en 2018 à 712.424 habitants en 2030, les besoins d’alimentation en eau potable passeront de 34 millions m3/an en 2018 à 40 millions m3/an en 2030, ce qui augmentera les prélèvements de 23 à 26 millions m3/an.
Afin de faire face à cette situation, un « contrat de Nappe » dans la zone de la Mitidja Est s’étalant jusqu’à 2023, a été conclu entre différentes agences et direction activant dans le domaine des ressources en eau dans le but de gérer d’une manière « durable et solidaire » la ressource en eau souterraine dans cette région.
Le protocole d’accord relatif à ce contrat a été signé lundi à l’occasion de la Journée mondiale de l’Eau, par 22 institutions impliquées dans la gestion de la nappe de la Mitidja (AGIRE, ADE, SEAAL, ONA, ONID, directions des secteurs des Ressources en eau, de l’Industrie, de l’Environnement, d’Alger et de Boumerdès, Chambres d’agricultures des deux wilayas…).
Il s’agit d’une démarche volontaire qui vise à engager un dialogue multi-acteurs permettant de partager un diagnostic, de définir les enjeux, les défis et les solutions envisageables.
Qualifiant cette démarche engagée de « totalement novatrice » en Algérie, AGIRE a souligné que ce contrat nappe permettra d’obtenir des engagements des partenaires pour une meilleure gestion des eaux souterraines dans cette région.
Il vise, entre autres, à mettre sur pied un plan d’action pour apporter des réponses adéquates et opérationnelles aux problématiques pertinentes sur ce sujet.
Ainsi, un plan d’action opérationnel sera planifié sur une période de trois années, visant à hiérarchiser les problématiques identifiées et à y apporter les solutions adéquates sous la contrainte des moyens (tant humains que matériels et financiers) pouvant être mobilisés, selon AGIRE.
» La préservation de la Nappe constitue, donc un des enjeux majeurs auxquels le contrat de nappe tentera de répondre, face aux risques avérés représentés par l’augmentation des prélèvements dans la nappe, la dégradation de la qualité des eaux et l’intrusion marine », conclut la même source.
APS