L’Accord d’association Algérie-UE devrait être revu pour corriger le « déséquilibre » économique et commercial entre les deux parties, ont recommandé dimanche à Alger, les participants à une journée d’étude consacrée à l’évaluation de cet accord, tout en mettant l’accent sur la nécessité de diversifier l’économie nationale.
« Il faut procéder à la révision de cet accord et nous mettre à table pour le renégocier », a suggéré le professeur Berchiche Abdelhamid lors de la première journée d’étude sur l’accord d’association Algérie-UE organisée par l’Institut national d’étude de stratégie globale (INESG) sous le thème « état des lieux et perspectives », soulignant que « le point négatif (de l’Accord) concerne le volet commercial et économique ».
« La balance commerciale est très défavorable à l’Algérie. L’accord d’association Algérie-UE n’a généré ni l’investissement direct étranger qui est pratiquement nul ni de postes d’emploi et de croissance économique », a-t-il déploré lors de cette rencontre de deux jours.
L’ancien professeur à l’Ecole Supérieur de banque, a, par ailleurs fait savoir que « l’Union européenne a elle même reconnu cet état de fait et a procédé à des efforts pour redresser un peu la barre ». Il a néanmoins, relevé des « avantages » au niveau des secteurs de la justice et de l’enseignement supérieur.
Pour sa part, le professeur à l’Ecole supérieure de Commerce d’Alger, Derghoum Mahfoud, a mis l’accent sur le « déséquilibre flagrant dans les échanges commerciaux entre l’UE et l’Algérie », notant qu’il y a moins d’investissements direct étrangers (IDE) et peu d’exportations de l’Algérie vers l’UE ».
Déplorant notamment la prépondérance des matières premières dans les exportations algériennes vers l’UE, il juge, de ce fait, nécessaire de revoir l’accord d’association ou de le réajuster.
L’Algérie doit profiter des avantages octroyés par l’accord avec l’UE
De son coté, le directeur des relations commerciales bilatérales à la Direction générale du commerce extérieur au ministère du Commerce, Derradji Samir a insisté sur la nécessité de profiter des avantages octroyés par l’accord d’association Algérie-UE.
Afin de réussir la diversification de l’économie algérienne, M. Derradji estime qu’il faut surtout attirer suffisamment d’investissements direct étrangers (IDE) et de bénéficier de l’apport du savoir faire étranger comme le prévoit l’accord lui même.
Citant les efforts de l’Algérie dans le cadre des mesures incitatives visant à capter les IDE, le responsable du ministère du Commerce évoque la règle 51/49 qui a été réaménagée et spécifiée seulement pour les secteurs stratégiques.
« Nous sommes en train de développer une stratégie nationale d’exportation en étudiant des filières potentiellement avantageuses pour l’exportation », a-t-il également indiqué. Dans ce contexte, il cite l’exemple de l’agriculture, le ciment et le fer que l’Algérie commence déjà à exporter.
« Durant la décennie passée on a privilégié les importations au détriment des exportations », déplore également le responsable du ministère du Commerce », mettant l’accent sur la nécessité d’aller vers la production en développant des filières à fort potentiel d’exportation à même de créer un équilibre dans la balance commerciale.
Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait indiqué, durant les travaux de la 12ème session du Conseil d’association Algérie-UE , que la révision de l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne se fait toujours sur la base de « l’équilibre », affirmant « qu’il y a une volonté de dialogue de part et d’autre ».
« En tant que négociateurs Algériens, nous sommes assez conscients des manquements en matière de l’application de l’accord d’association notamment dans son aspect commercial. L’essentiel qu’il y a une volonté de dialogue de part et d’autre et il est évident que quand il y a déséquilibre nous intervenons pour le corriger », avait déclaré M. Boukadoum, faisant observer à ce sujet « que le message de l’Algérie est bien reçu par la partie européenne ».
L’accord d’association Algérie-UE est entré en vigueur en 2005, suite à une demande introduite par l’Algérie auprès de la Commission européenne en 1993. Il visait à établir un partenariat privilégié touchant tous les secteurs de l’économie.
APS