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Khaled Drareni à RFI : « Je vais revenir à ce formidable métier que j’exerce depuis 15 ans »

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Après 11 mois passés en prison, le journaliste Khaled Drareni a été libéré vendredi à la suite de la grâce présidentielle décrétée jeudi par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Le correspondant en Algérie de la chaîne française TV5 Monde et de Reporters Sans Frontières (RSF), condamné en septembre 2020 en appel à deux ans de prison, a accordé une interview à Radio France Internationale (RFI) dans laquelle il a fait part de sa volonté de reprendre « ce formidable métier » qu’il exerce depuis 15 ans.

Après onze mois de détention, Khaled Drareni a dit qu’il va très bien et ce « grâce au soutien des algériens, de mes confrères, de mes compatriotes des avocats et de mes confrères à l’étranger, des gens attachés à la liberté de la presse, le soutien des gens n’a pas de prix. C’est ce soutien qui prouve que nous sommes innocents. C’est pour ça que je vais bien », a-t-il dit.

Interrogé sur comment ce sont déroulés les long mois passés en prison, le journaliste a répondu : « Je ne sais pas comment décrire onze mois passés en prison. On est privé de liberté même si on essaie de rester libre dans sa tête. Moi, je suis resté libre dans ma tête parce que j’étais en prison pour des convictions. J’étais en prison pour mes principes. Pour avoir défendu mon titre de journaliste et mon droit d’exercer ce formidable métier. »

Khaled Drareni a dit qu’il ne s’attendait pas à cette grâce présidentielle décrétée par le président Tebboune. « J’ai entendu le président faire son discours. Il a parlé de grâce présidentielle. Evidemment, moi, je ne suis pas concerné par une grâce, parce que je ne suis pas un condamné définitif, et je ne suis pas concerné par la deuxième catégorie que le président a cité, c’est-à-dire, ceux qui ne sont pas encore condamnés. Mais, j’ai été surpris hier de voir les autorités pénitentiaires me demander de faire une demande de liberté provisoire et de sortir. J’en étais bien évidemment heureux, heureux pour ma famille et mes amis, mes proches et tous ceux qui m’ont soutenus et pour pouvoir revenir à exercer ce formidable métier de journaliste », a-t-il dit.

Khaled Drareni a indiqué qu’il n’aurait pas du tout aller en prison parce qu’il est journaliste qui n’a fait qu’exercer son métier. « Je pense que j’ai passé onze mois de trop en prison. Qu’il en soit ainsi. Dans son pays, on doit se battre pour son métier de journaliste et pour la liberté de la presse », a-t-il ajouté.

Il a fait savoir que le 25 février, la Cour Suprême va étudier son pourvoi en cassation et a dit espérer qu’ils vont l’accepter et programmer un nouveau procès pour qu’il puisse être acquitté.

Pour Khaled Drareni : « un journaliste ne devrait pas être condamné et ne devrait pas faire de la prison en Algérie. La liberté de la presse doit être une liberté sacrée. Je me battrai pour que la liberté de la presse soit une liberté respectée aussi bien en Algérie que dans le monde ».

« Il faut libérer tous les détenus d’opinion (…) Tant qu’il y aura un seul détenu en prison, détenu politique j’entends, nous sommes tous des détenus. Au moment où je vous parle, je n’ai pas le chiffre exacte, à ma connaissance, la majorité absolue des détenus ont été libérés. Il reste peut-être une dizaine, peut-être plus ou moins. Il faut que tout le monde (les détenus d’opinion, ndlr) soit libéré. On ne doit pas mettre en prison des gens qui manifestent, qu écrivent des posts sur Facebook, et qui font leur travail de journaliste. J’espère que tous les détenus seront libérés », a-t-il indiqué.

A une question sur comment qualifier ce geste du pouvoir, Khaled Drareni a répondu : « je ne sais pas comment qualifier ce geste, mais, ces gens-là (les détenus d’opinion, ndlr) n’avaient rien à faire en prison. Je suis heureux qu’il soient aujourd’hui avec leurs familles, c’est la moindre des choses qu’on attend pour eux et qu’on doit faire pour eux ».

Concernant ce qu’il va faire maintenant, Khaled Drareni a indiqué : « Je vais revenir à ce formidable métier que j’exerce depuis 15 ans, que j’exerce avec fierté, avec amour et dévouement. J’ai payé un prix lourd comme beaucoup de journaliste. Je ne suis pas le seul, mais cela, ne doit pas nous empêcher de continuer à être journaliste, à exercer ce travail avec professionnalisme, avec sérieux et sincérité. Nous devons lecteurs, nos auditeurs, nos téléspectateurs  et à tous ceux qui attendent de nous une information crédible, sérieuse et responsable ».

A une question de savoir s’il sera lundi dans la rue pour le deuxième anniversaire du mouvement populaire « Hirak », Khaled Drareni a répondu : « Je ne sais pas encore. Pour l’instant, je vais le moment présent, je profite de ma liberté retrouvée, je profite de ma famille, de mes amis. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais vous le serez au moment opportun ».

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