Le procureur de la République près le tribunal d’Annaba a requis, lundi 9 novembre, trois mois de prison ferme à l’encontre du directeur de publication du journal El Watan, Tayeb Belghiche, dans le procès qui oppose le quotidien aux fils du défunt chef d’Etat-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah.
Selon El Watan, le verdict du procès sera rendu le 23 novembre 2020.
Pour rappel, le quotidien El Watan est poursuivi pour « diffamation » par Boumediene et Adel, deux fils du défunt Ahmed Gaïd Salah, qui n’ont pas assisté au procès.
Début septembre, les fils de Gaid Salah ont déposé une plainte contre El Watan après la publication le 31 août d’une enquête sur leur fortune. L’article du journal a été intitulé : « Les enfants de Gaïd Salah détenteurs de nombreux biens : Les détails d’une fortune à l’ombre du général ».
Selon El Watan, Me Djedi, l’avocat des plaignants, a énuméré, au terme de sa plaidoirie les multiples épreuves du défunt Gaïd Salah en racontant que « lors de la guerre de 1973 contre Israël, AGS avait réussi, selon un général sioniste, à abattre plus de 300 chars… » Selon la même source, l’avocat des plaignants, qui, « après avoir cité les biens annoncés dans l’article tout en minimisant leur valeur », a réclamé « des dommages et intérêts, estimés à 10 millions de dinars. »
De son côté, l’avocat d’El Watan, Me Boutamine a déclaré dans sa plaidoirie : « Nous sommes étonnés de la demande du parquet qui, le même, a visé la plainte alors qu’elle ne comportait pas l’identification des parties poursuivies. La pratique judiciaire établit que ce type de requête est rejetée par le parquet si elle est incomplète. Ce n’était pas le cas ».
« Ce procès a démontré que tout ce qui a été écrit dans l’article d’El Watan repose sur des faits provenant de sources publiques, officielles et jamais inquiétées », a-t-il dit, en rappelant : « D’autres journaux ont évoqué la même problématique à l’égard des plaignants. Nous avons démontré que la véracité des faits repose sur des documents officiels, qu’il n’y a aucun caractère diffamatoire dans le fait de donner la liste des biens des plaignants, non exhaustive cependant. »
L’avocat a ajouté : « Le journal n’a évoqué que la suspicion entachant leurs biens quant à la légitimité de leur légalité. Et ce sont des sources officielles qui existent depuis 2017, reprises par plusieurs médias avec la même photo du défunt, de son vivant, sans qu’il n’y ait aucune poursuite judiciaire à leur encontre ni de sa part ni de ses enfants. »
« Il n’avait pas aussi l’intention de nuire, puisque le contexte est caractérisé par une lutte contre la corruption avec des charrettes de personnalités publiques et militaires qui ont été emprisonnées. C’est là le rôle de la presse à travers son droit d’informer », a expliqué l’avocat d’El Watan.
Quant au directeur de la publication d’El Watan, Tayeb Belghiche, il a été interrogé par le juge notamment sur la légalité de la pratique des pseudonymes, objet de l’article en question.