Le bras de fer entre la direction de l’Entreprise Portuaire de Béjaïa (EPB) et les travailleurs en grève illimitée depuis le 20 juillet écoulé s’enlise. Alors que le PDG de l’EPB, Halim Kasmi a brandi, dimanche, la menace de licenciement, les travailleurs de l’entreprise portuaire ont sollicité, le même jour, l’intervention du wali de Béjaïa avec lequel ils se sont réunis.
La grève au port de Béjaïa a été initiée par le syndicat de l’entreprise et soutenue par la section locale de l’UGTA. La principale revendication des grévistes est le départ du PDG de l’EPB, Halim Kasmi.
Ce mouvement de grève a paralysé toutes les activités de marchandises du port et seule l’activité du port pétrolier est assurée par le traitement des bateaux transportant le gaz et le pétrole. Dans une déclaration au journal El Moudjahid, le PDG de l’EPB a indiqué que l’entreprise a enregistré durant 12 jours de grève plus de 400 millions DA.
Pour rappel, en raison de ce débrayage, le port de Béjaïa a été « consigné jusqu’à nouvel ordre », a indiqué, la semaine passée, l’EPB dans une note datée en demandant aux usagers de cette infrastructure portuaire de dérouter leurs navires vers d’autres ports algériens. L’entreprise a ajouté qu’elle continuera à assurer ses services pour les navires transportant des produits stratégiques (hydrocarbures, gaz, animaux vivants…).
Le PDG de l’EPB brandit la menace de licenciement
Dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux, le PDG de l’EPB a menacé de licenciement tout travailleur qui ne rejoindra pas son travail ce lundi. « Toute personne n’ayant pas rejoint son poste de travail demain (aujourd’hui, ndlr), fera l’objet d’une procédure disciplinaire sanctionnée par le licenciement sans préavis ni indemnité et toute personne qui tentera d’empêcher la reprise du travail, fera l’objet de poursuites pénales », a-t-il écrit dans son communiqué, à travers lequel il a appelé à la reprise du travail.
Tout en s’engageant à « rester à l’écoute » des travailleurs, et à « assurer leur sécurité » ainsi qu’à « surseoir toutes les sanctions financières et disciplinaires découlant de cet arrêt de travail illégal ». Halim Kasmi a accusé une « minorité de personnes », qui « veut du mal à l’EP Bejaia ». Il a estimé que cette « situation ne peut plus durer au risque de voir péricliter le gain-pain de milliers de personnes ».
Le PDG de l’EPB a dit avoir discuté avec « ceux qui se réclament » être les représentants des travailleurs. « Nous nous sommes accordés sur plusieurs points », a-t-il fait savoir, en s’interrogeant : « Pourquoi n’ont-ils pas appelé à la reprise du travail ? « La volonté de nuire à l’entreprise et de nuire aux travailleurs est maintenant manifeste », a-t-il conclu.
Les travailleurs de l’EPB sollicitent l’intervention du wali
De leur côté, les travailleurs de l’EPB ont sollicité l’intervention du wali de Béjaïa. »Une délégation composée de représentants de la section syndicale de l’entreprise portuaire de Bejaïa en présence des Secrétaires Généraux de l’UGTA locale et de wilaya, a été reçue par le Wali, a indiqué la cellule de communication de la wilaya de Béjaïa dans un communiqué posté sur sa page Facebook.
« Ces derniers sollicitent l’intervention du wali pour mettre un terme à la situation de crise que vit le port de Bejaia », a précisé la même source.
Après avoir écouté les représentants syndicaux, le wali a exprimé « sa préoccupation quant au devenir du port et des 1400 travailleurs,si cette crise venait à perdurer en faisant perdre au port des parts de marché importantes », a-t-on ajouté.
« Il a manifesté sa disponibilité à examiner les propositions de sortie de crise privilégiant toute rencontre entré partenaires et les voies de la sagesse,du dialogue, de l’écoute ,de concertation et surtout du respect de l’autre », lit-on dans le communiqué, qui ajoute que « le Wali s’est engagé à transmettre fidèlement les doléances exprimées aux autorités et tutelles du port de Bejaia ».
Les grévistes campent sur leur positions
Dans une déclaration publique devant environ 400 travailleurs de l’EPB à l’issue de la rencontre avec le wali de Béjaïa, l’un des représentants du syndicat de l’entreprise a fait un compte-rendu de cette réunion en expliquant les propositions du wali et celles des travailleurs.
Selon ce représentant, le wali leur a proposé de reprendre le travail momentanément dans l’intérêt de l’entreprise et si rien n’est réglé ils reprendront leur mouvement de grève. Tout en leur expliquant que la décision de mettre fin aux fonctions du PDG de l’EPB n’était pas de son ressort, le wali leur a promis de transmettre leur revendication au ministre des transports.
Le même représentant du syndicat a dit avoir expliqué au wali que ses propositions ont été communiquées aux travailleurs mais ces derniers ne voient qu’une solution à la sortie de crise le départ du PDG car ils n’ont plus confiance en lui. A la fin de la déclaration, les travailleurs ont décidé de camper sur leur position et de ne pas reprendre la travail.