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Mohand Ouamar Benlhadj (SG ONM) : « Les objectifs de la Révolution ne sont pas encore atteints »

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Le secrétaire général par intérim de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Mohand Ouamar Benlhadj, a estimé que les objectifs de la Révolution (1954-1962) ne sont pas encore atteints.

« (…) On a recouvré l’indépendance du pays, on a un drapeau, il y a une avancée dans le domaine socio-économique, la libération de l’homme également, mais le projet n’est pas atteint, étant donné que la grande masse des Algériens n’a pas encore ses droits non seulement politiques mais aussi socio-économiques, car c’était ça le projet », a-t-il dit dans un entretien accordé au quotidien Le Soir d’Algérie.

Le SG par intérim de l’ONM qui répondait à une question de savoir si les objectifs de la Révolution et le projet des martyrs sont atteints, a noté : « 58 ans après l’indépendance, la répartition des richesses n’est pas juste. En plus des scandales que nous voyons dans les tribunaux, nous savons que les richesses du pays ne sont pas distribuées équitablement et nous nous retrouvons à peu près dans la même situation qu’à l’époque coloniale : 90% des revenus du pays sont accaparés par 10% de la population. Nous avons une poignée d’hommes qui contrôle 90% de la rente algérienne. Ce n’était pas le but de Novembre. Et dans ce domaine, le but est loin d’être atteint. »

Concernant l’objectif politique de l’édification d’un Etat démocratique et social, Mohand Ouamar Benlhadj a indiqué : « Nous n’avons pas atteint cet objectif car, en 1962, on a continué sur la lancée colonialiste malheureusement, avec des élections truquées à la Naegelen, qui a laissé son nom ». « Il n’y a jamais eu d’élections libres en Algérie depuis le multipartisme, du fait que durant le parti unique, les Algériens étaient appelés uniquement à dire oui ou non pour un seul candidat sans avoir de choix. On a atteint le pourrissement avec l’achat et la vente des sièges. Les Assemblées ne sont pas l’émanation réelle du peuple. Donc, il n’y a pas eu d’avancée dans ce domaine. Le pouvoir attribuait des quotas et participait à la magouille organisée. On a dépassé un peu Naegelen, on a perfectionné sa méthode », a rappelé Mohand Ouamar Benlhadj.

« La proclamation du Premier Novembre n’a jamais été pour fonder un Etat religieux »

Interrogé sur la tendance née ces derniers mois se proclamant de la « badissia-Novembria », le SG par intérim de l’ONM a relevé que « cette tendance avait remis en cause même le combat armé contre le colonialisme. On les connaît. »

Il a rappelé que « la proclamation de Novembre vient du programme du PPA et du MTLD et même de l’Etoile nord-africaine si on veut aller plus loin, où le combat était pour une Constituante algérienne souveraine, élue au suffrage universel sans distinction de race ni de religion. La proclamation du Premier Novembre, comme la plateforme de la Soummam, était faite pour toutes les populations d’Algérie, y compris les non-musulmans. Cela n’a jamais été pour fonder un Etat religieux, étant donné l’existence du multi-confessionnalisme en Algérie. Ils ont sorti aussi novembria-badissia. Or, il n’y avait pas de badissia le Premier Novembre (…) ».

« La restitution de ces crânes est un leurre »

Amené à donner son avis sur le rapatriement des restes mortuaires de 24 résistants algériens à l’occupation coloniale française, Mohand Ouamar Benlhadj a indiqué que « cela n’avait pas d’importance » pour son organisation.

« Ce sont des résistants et des chouhada mais combien de martyrs de la guerre de 1954-1962 qui sont des milliers dont on ne sait pas où sont leurs crânes ni leurs ossements. Pour nous, avec notre croyance, ils sont vivants au Paradis. La France qui nous propose aujourd’hui des crânes et elle a des milliers de crânes à mettre sur le marché, il lui faut des choses en contrepartie. Qui nous dit d’abord que le crâne de Boubeghla est réellement son crâne ? C’est difficile à croire. Où est donc le corps de Boubeghla pour pouvoir comparer les ossements ? Il n’y a pas de témoignages pour attester qu’il s’agit de son crâne. Maintenant si les scientifiques établissent qu’il s’agit bien de ces résistants, c’est tant mieux qu’ils soient là pour les enterrer et non les exposer au public », a-t-il dit.

« Pour moi, la restitution de ces crânes est un leurre. Sinon, pourquoi ne restituent-ils pas les archives utiles pour le développement du pays, les archives du domaine économique surtout ? », s’est-il demandé en conclusion.

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