Le Département du Commerce des États-Unis a estimé que le fer à béton importé d’Algérie était vendu à des prix jugés « injustement bradés » sur le marché américain, a annoncé vendredi 19 décembre dans un communiqué Commercial Metals (CMC), une entreprise américaine spécialisée dans la production, le recyclage et la distribution de produits sidérurgiques, notamment le fer à béton, l’acier long et les barres d’armature.
À la suite de cette conclusion préliminaire, une taxe antidumping de 127 % entre en vigueur immédiatement sur les importations de fer à béton d’origine algérienne. Cette mesure reste toutefois provisoire, dans l’attente d’une décision finale attendue dans un délai d’environ 75 jours. La société américaine Commercial Metals (CMC) a indiqué que cette procédure fait suite à une plainte déposée en juin dernier par des acteurs de l’industrie sidérurgique américaine. Ces derniers estiment avoir subi des préjudices liés aux importations de fer à béton provenant d’Algérie, mais aussi de Bulgarie, d’Égypte et du Viêt Nam.
Les décisions préliminaires du Département du Commerce concernant les autres enquêtes en cours sont attendues en janvier 2026 pour les enquêtes sur les droits compensateurs concernant l’Égypte, le Vietnam et l’Algérie, et en mars 2026 pour les enquêtes sur les droits antidumping concernant l’Égypte, le Vietnam et la Bulgarie, précise CMC dans son document.
« Je tiens à remercier le Département du Commerce pour sa défense du commerce équitable », a déclaré Peter Matt, président-directeur général de Commercial Metals, cité dans le communiqué. « Cette décision contribue à protéger les aciéries nationales et, plus important encore, les hommes et les femmes travailleurs qui font de notre industrie une référence mondiale, contre les pratiques perturbatrices et déloyales que les producteurs algériens ont affichées pendant des années », a-t-il ajouté.
Deux requêtes ont été déposées en juin par la Rebar Trade Action Coalition (RTAC), une coalition industrielle américaine qui représente les intérêts des fabricants de fer à béton aux États-Unis, auprès des autorités américaines, contre les exportations d’acier de l’Algérie, l’Egypte, la Bulgarie et le Vietnam. Ces requêtes concernent des mesures antidumping et compensatoires.
« Les gouvernements algérien, égyptien et vietnamien accordent des subventions passibles de droits compensateurs concernant la fabrication, la production et l’exportation de barres d’armature », avait accusé cette organisation, qui avait ajouté que « les importations de barres d’armature en provenance d’Algérie, de Bulgarie, d’Égypte et du Vietnam sont vendues aux États-Unis à un prix inférieur à leur juste valeur. »
Toujours selon RTAC, les produits visés sont « les barres d’armature en acier », quels que soient leur composition, leur longueur ou leur diamètre. Sont également concernés les produits ayant subi une transformation dans les pays d’origine ou dans un pays tiers, comme la découpe, le moulage, la galvanisation, la peinture, le revêtement ou toute autre forme de traitement.
Pour rappel, une taxe de 30% est également appliquée sur les exportations algériennes vers les Etats-Unis, dans le cadre des tarifs douaniers appliqués par l’administration Trump sur les importations en provenance de nombreux pays.
Ces dernières années, les États-Unis ont représenté un marché important pour les producteurs algériens d’acier. L’année 2023 a marqué un pic des exportations d’acier algérien vers les États-Unis avec 485 000 tonnes. En 2024, ce volume est tombé à 100 000 tonnes. L’exportation des produits sidérurgiques, notamment le fer à béton, constitue l’un des principaux produits composant les exportations hors-hydrocarbures de l’Algérie.
Toutefois, les nouvelles taxes risquent de réduire considérablement les exportations vers ce marché. Deux acteurs majeurs du secteur en Algérie, Tosyali Algérie et Algerian Qatari Steel (AQS), pourraient perdre des parts de marché. Néanmoins, le marché américain ne constitue pas leur seul débouché. Ces dernières années, les sidérurgistes algériens ont élargi leur présence à d’autres régions, notamment en Afrique et en Europe.
La capacité des producteurs algériens à répondre aux normes internationales de production est devenue un facteur clé pour s’implanter sur de nouveaux marchés. Les producteurs locaux ont obtenu plusieurs certifications qui leur ouvrent la voie à l’exportation, notamment vers l’Europe, un marché en pleine évolution.






