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Filière agrumicole : comment l’Algérie peut passer de la culture à la transformation

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Dans une analyse intitulée « L’économie de l’orance en Algérie : entre héritage prestigieux et transformation nécessaire », publiée récemment sur LinkedIn, le spécialiste en conseil aux entreprises et institutions financières, Mouloud Hedid, revient sur la place de l’orange dans l’agriculture algérienne.

Il explique que le marché mondial dépasse les 10 milliards de dollars, mais précise que « la vraie valeur ne réside pas dans le fruit frais ». Selon lui, l’essentiel de la richesse provient du jus concentré, des huiles essentielles et des sous-produits utilisés dans l’industrie alimentaire et pharmaceutique.

M. Hedid rappelle que le Brésil domine ce secteur grâce à « des variétés dédiées à la transformation et une industrie puissante ». Ce pays fournit entre 70% et 75% du jus d’orange mondial. Une performance rendue possible par un modèle productif orienté vers la transformation plutôt que la simple vente de fruits frais.

Un héritage prestigieux mais sous-exploité

L’expert rappelle également qu’au XIXe siècle, les oranges de la Mitidja occupaient une place importante sur les marchés européens. « Celles de Boufarik faisaient prime sur le marché londonien », écrit-il. Cet héritage demeure, même si la filière a changé de visage au fil du temps.

Aujourd’hui, la production nationale atteint 1,8 million de tonnes pour la campagne 2023-2024. Le pays a connu une hausse de 64% depuis 2010, avec environ 80 000 hectares de vergers et une expansion annuelle de 5 000 hectares. La Mitidja assure à elle seule près de 38% de la production totale.

Mais Mouloud Hedid souligne un paradoxe : l’Algérie continue de cultiver principalement des variétés destinées à la consommation directe. Ce choix limite la création de valeur, puisque la transformation représente près de 70% du potentiel économique mondial du secteur.

Deux pistes pour renforcer la filière

Pour l’expert, l’Algérie bénéficie d’une double opportunité. La première est le marché de la consommation haut de gamme. Il estime possible de « réveiller le prestige des oranges de la Mitidja », autrefois reconnues en Europe, et de viser les segments premium où les prix peuvent être nettement plus élevés.

La seconde piste concerne le développement d’une industrie de transformation. Cela impliquerait l’introduction de variétés adaptées au jus, la mise en place d’unités d’extraction d’huiles essentielles et la valorisation des sous-produits comme la pectine. Hedid évoque même l’idée que la région devienne une référence dans les « parfums d’agrumes ».

Construire une stratégie nationale

Selon lui, l’Algérie possède « la terre, le climat, l’histoire » pour se positionner comme un acteur important du secteur agrumicole. Il propose plusieurs axes : protéger l’héritage des oranges de la Mitidja, diversifier les variétés en fonction des besoins industriels et travailler à l’exportation de produits aussi bien frais que transformés. L’idée d’une indication géographique protégée (IGP) pour les oranges de la Mitidja est également avancée.

Pour Hedid, la filière peut ainsi renouer avec son histoire tout en répondant aux exigences d’une économie moderne fondée sur la valeur ajoutée. « De la Mitidja qui faisait prime à Londres au XIXe siècle aux usines de jus du XXIe siècle : l’Algérie peut écrire une nouvelle page dorée de son économie agrumicole », conclut-il.

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