Des voyages organisés vers la Tunisie servent parfois de couverture pour détourner l’allocation touristique de 750 euros vers le marché noir des devises. Voici comment certains organisateurs procèdent.
Cette semaine, la Banque d’Algérie (BA) a rappelé que cette allocation est « attribuée uniquement à destination du bénéficiaire effectif » et a averti contre toute utilisation détournée. « L’instruction N°05-2025 relative au droit de change pour voyage à l’étranger interdit et sanctionne le recours à toute manœuvre visant à dévier l’usage du montant du droit de change, conformément à la législation en vigueur », souligne la BA.
Depuis dimanche, les bus transportant des touristes algériens vers la Tunisie doivent présenter une autorisation internationale de transport, au lieu de la licence touristique habituelle. Cette mesure vise à limiter les abus liés à l’allocation touristique.
Des intermédiaires recrutent des groupes de voyageurs, souvent de jeunes chômeurs, en leur proposant des voyages financés entièrement par l’allocation. Selon le journal El Khabar du 9 décembre, citant des sources bien informées, ces intermédiaires collectent parfois les passeports, même de mineurs, pour déposer les demandes de droit de change auprès des banques.
Des séjours organisés à moindre coût
Dans certains cas, les intermédiaires prennent en charge les frais de passeport et remboursent la contrepartie de l’allocation en dinars à ceux qui ne peuvent pas avancer les frais. Les voyageurs, appelés « les troupeaux », confient leurs passeports aux intermédiaires comme garantie.
Le jour du départ, ils récupèrent les 750 euros à la frontière et poursuivent leur trajet vers la Tunisie. La plupart restent dans des villes proches de la frontière pour réduire leurs dépenses pendant la semaine nécessaire pour obtenir le droit de change.
Un résident algérien en Tunisie a expliqué au journal qu’un appartement bon marché est souvent loué par les intermédiaires pour héberger les participants.
À leur retour, après avoir payé l’intermédiaire, les voyageurs échangent le reste au marché noir, où le taux de change est plus favorable : un euro vaut actuellement 280 dinars contre 150 à la banque.
Même si cette méthode semble légale, elle enfreint la réglementation de la Banque d’Algérie sur le droit de change et constitue une des pratiques visant à détourner l’allocation touristique, rappelle l’institution.






