Le PDG de la compagnie française TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a abordé, jeudi 20 novembre sur le plateau de la chaîne française LCI, les relations entre l’Algérie et la France. Il répondait à une question sur le gaz et le rapprochement pressenti entre Paris et Alger, quelques jours après la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Répondant à un journaliste qui lui demandait si le besoin d’approvisionnement en gaz justifiait un rapprochement avec Alger, M. Pouyanné a précisé que « le gaz fait partie de la relation avec l’Algérie », tout en mettant en avant l’existence « d’autres sources de diversification ».
« Le gaz algérien, on le paie au même prix que le gaz américain ! », ajouté. « La seule différence c’est qu’il (le gaz algérien, ndlr) est tout prêt. Il suffit de traverser la Méditerranée et le transport est un peu plus faible », a-t-il dit, pour expliquer la proximité géographique entre la France et l’Algérie permet de réduire les coûts de transport, la traversée de la Méditerranée représentant un avantage logistique significatif pour le groupe.
Les exportations algériennes vers la France sont dominées par les hydrocarbures (pétrole et gaz). Durant le premier trimestre 2025, ces exportations d’hydrocarbures ont enregistré une légère hausse de 0,3 %, passant de 1,075 à 1,078 milliard d’euros. En 2024, ce secteur a représenté 79,4 % des exportations algériennes vers l’Hexagone. L’année dernière, les ventes d’hydrocarbures algériens vers la France ont enregistré une diminution de 14 % à 5 milliards d’euros, contre 5,8 milliards d’euros en 2023. Plus précisément, les importations françaises d’hydrocarbures algériens étaient composées à 46,7 % de pétrole brut, en légère baisse de 2,7 % à 2,7 milliards d’euros, et à 41,9 % de gaz naturel, liquéfié ou gazeux, en forte diminution de 19,1 % à 2,4 milliards d’euros.
« Les relations entre Total et Sonatrach sur le gaz et le gaz naturel liquéfié sont égales », a déclaré Patrick Pouyanné, avant d’ajouter : « Malgré la volatilité des relations politiques entre les deux pays, on a maintenu le contrat, on a maintenu les relations de façon constante ». Dans un contexte de tensions diplomatiques, il a souligné que l’entreprise peut poursuivre ses activités sans interférences politiques, assurant ainsi une continuité pour les deux parties.
Questionné sur le potentiel d’affaires dans la perspective d’une détente, M. Pouyanné a notamment mentionné « l’obtention récente d’un permis d’exploration », en Algérie, mais « il se trouve que c’est passé inaperçu », a-t-il dit. En effet, TotalEnergies et la compagnie énergétique qatarienne QatarEnergy ont obtenu un permis d’exploration d’hydrocarbures dans le sud algérien, dans le cadre de l’appel d’offres « Algeria Bid Round 2024 » lancé par l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft), dont les résultats préliminaires ont été annoncés lors d’une cérémonie d’ouverture des plis organisée le 17 juin dernier à Alger. Le permis concerne le site d’Ahara, situé entre les bassins de Berkine et d’Illizi. Les deux compagnies opéreront aux côtés du groupe Sonatrach, qui détient la majorité conformément à la législation en vigueur. L’Algérie a récemment finalisé la procédure pour ce périmètre.
précisant que les discussions se tiennent avec Sonatrach et le patron de la compagnie publique algérienne, sans intervention politique. « J’ai prononcé le nom de Sonatrach, parce que moi je continue de travailler avec l’entreprise algérienne, et mon interlocuteur c’est le patron de Sonatrach et je n’ai pas besoin de demander au président Tebboune ni au président Macron d’aller négocier des contrats pour TotalEnergies », a-t-il déclaré, et de préciser : « Justement, moins nous politiserons ces relations économiques, meilleures seront ces relations entre ces entreprises. »
Ces déclarations interviennent alors l’atmosphère entre Paris et Alger semble s’éclaircir. Après une période de forte turbulence diplomatique, des gestes récents suggèrent une volonté mutuelle de mettre un terme à la crise qui a lourdement pesé sur les relations bilatérales. Des représentants des affaires étrangères et de l’intérieur français sont attendus à Alger.
Mardi dernier, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a évoqué un « processus de contacts » actuellement en cours entre les deux pays. Il a précisé que cette dynamique n’avait aucun lien avec la grâce accordée à l’écrivain Boualem Sansal, gracié le 12 novembre par le président Abdelmadjid Tebboune, en réponse à une demande formulée par le président allemand Franck-Walter Steinmeier. Pour sa part, Emmanuel Macron s’est déclaré disponible pour échanger Abdelmadjid Tebboune, insistant sur « la nécessité d’un dialogue sérieux et structuré ». Les autorités françaises souhaitent relancer la coopération sur des dossiers sensibles, notamment la sécurité régionale, la migration et les échanges économiques.






