En visite en Algérie les 16 et 17 novembre, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Sidi Ould Tah, a pris acte du recours progressif du pays au financement extérieur inscrit dans la loi de Finances 2025. Cette orientation ouvre la voie à de futurs projets, dont la ligne ferroviaire Laghouat–Ghardaïa–El Meniaa, première étape du projet de la ligne ferroviaire Alger-Tamanrasset, et s’inscrit dans un programme plus large de développement industriel, minier, énergétique et hydraulique présenté aux responsables de l’institution panafricaine.
« La Banque africaine de développement est extrêmement honorée d’avoir été pressentie comme partenaire international de choix dans le cadre du réengagement de l’Algérie avec le financement extérieur », a déclaré Sidi Ould Tah, cité dans un communiqué de la BAD publié le 18 novembre sur son site web. Exprimant sa gratitude au président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, il a souligné que cette décision marquait une étape stratégique dans la relation entre l’Algérie et le Groupe de la Banque, selon la même source.
Le même communiqué précise : « Le recours graduel de l’Algérie au financement extérieur de projets d’intérêt national, inscrit dans la loi de Finances 2025, ouvre la voie à la mobilisation de ressources en faveur du premier grand projet prioritaire : la ligne ferroviaire Laghouat–Ghardaïa–El Meniaa (495 kilomètres), dont le coût est estimé à 2,8 milliards de dollars américains ». Selon la BAD, cette ligne constitue « la première étape d’un corridor structurant du Nord au Sahara profond, la Transsaharienne ferroviaire, un axe Alger-Tamanrasset d’environ 2 000 kilomètres, appelé à se prolonger vers le Niger », un projet destiné à améliorer la connexion du Sud et à faciliter l’accès logistique des pays du Sahel tout en soutenant l’exploitation des ressources minières sahariennes.
La BAD explique aussi : « Cette opération s’inscrit dans un programme national d’expansion ferroviaire qui vise à doubler le réseau actuel pour le porter à 10 000 kilomètres en 2030, avant d’atteindre 15 000 kilomètres à plus long terme ». L’objectif avancé par les autorités est de moderniser la logistique, de réduire les coûts de transport, de désenclaver certaines régions et d’encourager la transformation locale des minerais.
Le ministre d’État chargé des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, rappelle dans ce même document : « Nous ne pouvons plus accepter d’exporter nos matières premières à l’état brut ! ». D’après la BAD, l’Algérie souhaite augmenter la part de transformation locale des hydrocarbures, « de 30 % à 60 % d’ici à 2035 », avec un programme d’investissements de 60 milliards de dollars prévu entre 2025 et 2029. Ce plan inclut l’exploration, le raffinage, la pétrochimie, l’hydrogène et les industries liées au gaz. Mohamed Arkab insiste également sur l’importance d’étendre cet effort à d’autres secteurs, notamment les engrais, les huiles, les pneumatiques, ainsi que les activités de transformation minière.
La Banque souligne encore : « Dans le domaine minier, le ministre a mis en avant un potentiel considérable : fer, zinc, or, terres rares, minerais destinés à l’électrification et aux technologies émergentes. De nombreux gisements sahariens, distants de près de 2 000 kilomètres des ports, sont pénalisés par un transport routier coûteux et lent ». Elle ajoute que le développement de la Transsaharienne permettra, avec des trains de marchandises à 220 km/h, de rendre l’exploitation de ces gisements plus viable et de créer de nouveaux débouchés logistiques pour les pays voisins sans accès à la mer.
« L’Algérie s’est dotée d’une capacité d’exécution rare sur le continent »
Sidi Ould Tah a également insisté sur la cohérence de cette vision avec la stratégie qu’il porte à la tête de la BAD. Il fait référence à l’étude Bloomberg NEF commandée par la Banque, la BADEA et d’autres partenaires, qui met en avant un avantage compétitif africain dans la production de matériaux liés aux batteries. Selon lui, « les pays africains gagneraient à adopter une approche coordonnée, sous l’égide de la Commission de l’Union africaine, pour protéger et valoriser leurs minéraux critiques de manière durable ».
Le communiqué rapporte aussi les échanges avec les ministres algériens chargés des transports et des travaux publics. Ceux-ci ont présenté l’expérience acquise dans la réalisation d’infrastructures, la BAD notant que : « L’Algérie s’est dotée d’une capacité d’exécution rare sur le continent, avec 950 kilomètres de voies ferrées construits en 24 mois sur fonds propres et avec une expertise 100 % nationale ». Cette dynamique concerne aussi les corridors nord-sud et les lignes minières stratégiques à l’Ouest et à l’Est.
Le volet hydrique a également été abordé. La BAD indique : « La sécurité hydrique a constitué un autre axe central du déplacement du président Ould Tah en Algérie », évoquant sa visite de la station de dessalement « Fouka 2 », mise en service en 2025. Le pays exploite actuellement 19 stations et en construit cinq autres, ce qui doit permettre, selon la Banque, de couvrir jusqu’à 60 % des besoins nationaux à l’horizon 2030 face à la sécheresse persistante.
Dans le domaine énergétique, la BAD rapporte : « En matière de sécurité énergétique, le gouvernement algérien s’est déclaré disposé à partager son expertise dans le gaz pétrole liquéfié avec les pays africains ». Mohamed Arkab rappelle que le GPL domestique couvre environ 75 % des ménages et alimente entièrement certaines villes du Sud. La BAD indique que cette expérience pourrait servir de modèle à d’autres pays souhaitant développer des solutions de cuisson propre.
La visite du Salon KAHRABA 2025 a permis au président de la BAD de constater que « l’Algérie produisait aujourd’hui près de 90 % de ses équipements électriques », couvrant l’ensemble de la chaîne de production.
Le communiqué se termine sur la déclaration de Sidi Ould Tah : « L’ambition du gouvernement algérien, la qualité de ses projets et la capacité d’exécution nationale en font un partenaire central pour l’Afrique », soulignant la volonté du Groupe de la Banque de soutenir cette dynamique.






