Lors d’une séance plénière tenue mardi soir à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, a répondu aux questions des députés sur le projet de loi de finances (PLF) 2026, en particulier sur le financement du déficit budgétaire.
Le ministre a rappelé que le budget avait été établi sur la base de 70% de la consommation de l’année précédente, ajoutant que « le déficit sera financé par l’endettement intérieur sans incidence sur les prix et les taux d’inflation ».
Il a précisé que le niveau actuel de la dette intérieure est estimé à près de 18 000 milliards de dinars, dont 8 000 milliards destinés à couvrir le déficit budgétaire, 6 000 milliards correspondant à la dette non conventionnelle de 2017, et 3 500 milliards représentant les crédits aux entreprises publiques, notamment Sonelgaz, pour financer les projets de production d’électricité et les stations de dessalement.
Le PLF 2026 prévoit des dépenses de 17 636,7 milliards de dinars (42,1 % du PIB), contre des recettes estimées à 8 009 milliards de dinars (19,1 % du PIB). Le solde budgétaire projeté est de -9 627,6 milliards de dinars (-23 % du PIB), tandis que le solde global du Trésor est prévu à -5 186,6 milliards (-12,4 % du PIB), calculé sur la base d’un taux de consommation des dépenses de 70 %.
Pour 2027 et 2028, les dépenses devraient continuer à croître et les déficits rester à des niveaux élevés, tandis que les recettes augmenteraient légèrement. Selon les projections gouvernementales, les dépenses s’établiraient à 17 815,7 milliards de dinars (39,6 % du PIB) en 2027 et à 18 499,7 milliards de dinars (38,2 % du PIB) en 2028, tandis que les recettes atteindraient 8 187,2 milliards de dinars (18,2 % du PIB) et 8 412,7 milliards de dinars (17,4 % du PIB). Le solde budgétaire est attendu à -9 628,5 milliards de dinars (-21,4 % du PIB) en 2027 et à -10 087 milliards de dinars (-20,8 % du PIB) en 2028, avec un solde global du Trésor respectivement de -5 133,8 milliards (-11,4 % du PIB) et -5 417,1 milliards (-11,2 % du PIB).
Il convient de rappeler que le Fonds de régulation des recettes (FRR) est à sec depuis 2024, selon les estimations du FMI et de la Banque mondiale.
Parachever la numérisation des administrations
Abdelkrim Bouzred a également insisté sur l’intensification des efforts pour achever rapidement la numérisation des administrations, afin de créer une base de données unifiée facilitant les transactions et soutenant les réformes en cours.
Selon lui, le processus de numérisation dans le secteur des finances progresse de manière « satisfaisante ». Le ministère dispose désormais d’une base de données regroupant les biens des citoyens et des entreprises et a signé des conventions de coopération avec d’autres organismes pour l’échange d’informations. Début 2026, les citoyens pourront accéder à distance à leurs documents administratifs, un « saut qualitatif » vers une administration numérique moderne.
Au premier semestre 2026, le livret foncier électronique sera également lancé, permettant la mise à jour des données foncières et simplifiant les transactions entre citoyens et administration. Par ailleurs, un système numérique intégré pour les dossiers des commerçants et opérateurs économiques sera opérationnel d’ici la fin de l’année, garantissant transparence et sécurisation des droits de l’État et des citoyens.
Gestion budgétaire et subventions
Le ministre a indiqué que la gestion du budget connaîtra une transformation radicale dès le début de l’année prochaine, avec un recours total aux transactions électroniques pour le paiement des salaires, la collecte des statistiques et le suivi des opérations financières. Cette numérisation permettra d’améliorer la gestion des liquidités, notamment les créances des entreprises et les investissements, et d’identifier les entités n’ayant pas utilisé les fonds alloués, optimisant ainsi les dépenses publiques.
Concernant les subventions aux produits de large consommation, M. Bouzred a précisé que « l’accélération de la numérisation, en vue de la création d’une base de données exhaustive contenant toutes les informations sur les citoyens, permettra l’application d’un système d’aide directe aux citoyens dans le besoin ».
Marchés publics et fiscalité
Le ministère travaille également à simplifier les procédures des marchés publics dans le cadre de la nouvelle loi de 2023. Le décret exécutif de cette loi n’a pas encore été publié en raison de l’introduction d’amendements visant à tenir compte des spécificités des régions du Sud et à assurer « l’efficacité de l’exécution des projets et leur suivi sur le terrain ».
M. Bouzred a également évoqué le règlement fiscal volontaire prévu dans le projet de loi, permettant aux commerçants et opérateurs de régulariser leur situation en payant 10 % des sommes déclarées, notant qu’il s’agit d’une approche différente de celle de 2016, « où les résultats escomptés n’avaient pas été atteints », et visant à améliorer le recouvrement fiscal.






