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L’Algérie dénonce un « chantage aux visas » de la France

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Au lendemain de la publication par l’ambassade de France en Algérie d’un communiqué annonçant une réduction « significatives » de ses effectifs et ceux des consulats d’Alger, Oran et Annaba, dès le 1er septembre, son chargé d’affaires a été convoqué ce mercredi au siège du ministère des Affaires étrangères.

Dans son communiqué publié mardi, la représentation diplomatique française a expliqué que cette décision est la conséquence de « la dégradation de la relation entre la France et l’Algérie ». Elle a également indiqué que le ministère algérien des Affaires étrangères n’a pas donné suite à l’essentiel des demandes de visas d’accréditation sollicités par ces personnels qui devraient prendre leurs fonctions début septembre prochain. Selon l’ambassade, la réduction des effectifs aura un impact direct sur le traitement des demandes de visas, qui seront désormais limitées, avec une priorité donnée aux renouvellements et aux dossiers d’étudiants.

En réponse, le ministère des Affaires étrangères a jugé ce communiqué d' »inacceptable ». Dénonçant un manquement aux usages diplomatiques, le MAE a rappelé le principe de réciprocité appliqué dans ce dossier. Alger a également accusé Paris de « chantage aux visas ».

« Le chargé d’affaires de l’Ambassade de la République française à Alger a été convoqué le 27 août 2025 au siège du Ministère des Affaires Étrangères par le Directeur Général du Protocole », annonce dans un communiqué le MAE, et de préciser : « Cette convocation intervient suite au communiqué rendu public par la représentation diplomatique française au sujet de l’accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie. »

Le communiqué est « inacceptable »

Selon la même source : « L’attention du diplomate français a été fermement attirée sur le grave manquement aux usages diplomatiques, les plus solidement établis, qui caractérise ledit communiqué. » Le DG du Protocole du MAE lui dit « que par sa forme autant que par son fond, ce communiqué était inacceptable en ce qu’il contenait une présentation tendancieuse des faits et qu’il s’adressait directement à l’opinion publique algérienne pour incriminer devant elle une prétendue responsabilité exclusive et entière du Ministère des Affaires Étrangères dans la non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie. »

Du point de vue de la forme, selon le MAE, « cette manière d’agir de l’Ambassade n’est pas tolérable, en ce qu’elle viole l’esprit et la lettre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961. » Du point de vue du fond, indique la même source, « il a été rappelé au diplomate français qu’il était personnellement le mieux informé des tenants et aboutissants de cette situation. »

En effet, selon le ministère des AE, « la non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie est intervenue bien après une décision française similaire et après épuisement, à l’initiative de la partie algérienne, de toutes les possibilités de règlement de ce différend à la satisfaction des deux pays. » « Il s’agissait là, ni plus ni moins, que de l’application stricte du principe de réciprocité », souligne le MAE.

« C’est le gouvernement français qui a été à l’origine, depuis plus de deux ans, du refus d’accréditation de Chefs de Poste et d’agents consulaires algériens en France », indique le ministère. En conséquence de cette situation, précise-t-il, « trois Consuls Généraux et six Consuls algériens n’ont pas reçu leurs accréditations sollicitées depuis plus de six mois. » « De même, quarante-six agents diplomatiques et consulaires algériens n’ont pu rejoindre leur lieu d’affectation en France du fait du silence observé par la partie française quant à leurs demandes d’accréditation », a-t-il fait savoir.

« Cette situation créée, de manière délibérée et calculée, par les autorités françaises lèse gravement les ressortissants algériens établis en France dans la double mesure où elle impacte les prestations consulaires à leur bénéfice et affecte la qualité de la protection consulaire qui leur est due », dénonce le MAE.

La France accusée de « chantage aux visas »

En conclusion, il a été « fortement » souligné à l’attention du diplomate français « qu’il est lui-même conscient de ce que la problématique des visas n’est pas limitativement liée à la question des accréditations » et « qu’il est de notoriété publique que son gouvernement a érigé cette problématique en levier central du bras de fer qu’il veut imposer à l’Algérie. »

Le ministère des Affaires Étrangères observe que « le chantage aux visas continue de la part du gouvernement français ». « La première phase de ce chantage s’est achevée avec la dénonciation par l’Algérie de l’Accord algéro-français de 2013 sur l’exemption réciproque de visas aux détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Aujourd’hui, les autorités françaises ouvrent une seconde phase qui concerne les passeports ordinaires qu’elles entendent gérer par le chantage, le marchandage et l’intimidation », conclut le communiqué.

Les relations algéro-françaises traversent une crise sans précédent depuis plus d’une année, à la suite de la décision du président français Emmanuel Macron de reconnaître la « souveraineté » marocaine sur le Sahara occidental. L’Algérie a depuis rappelé son ambassadeur à Paris. La France a rappelé son ambassadeur à Alger en avril dernier.

La crise a été aggravée, début août, lorsque le président français avait demandé, dans une lettre adressée à son Premier ministre François Bayrou, de prendre de nouvelles mesures contre l’Algérie. Parmi ces mesures, la suspension de l’accord de 2013 exemptant de visas les détenteurs de passeports diplomatiques des deux pays. En réaction, l’Algérie a dénoncé l’accord de 2013 et mis fin à la mise à disposition, à titre gracieux, de biens immobiliers appartenant à l’Etat algérien au profit de l’ambassade de France en Algérie.

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