Une étape supplémentaire a été franchie dans la dégradation des relations algéro-françaises, avec les mesures annoncées par le président français Emmanuel Macron dans une lettre adressée à son Premier ministre François Bayrou mercredi 6 août, notamment la suspension officielle de l’accord de 2013 qui dispensait de visa les détenteurs de passeports diplomatiques. Macron a également annoncé la suspension de la délivrance des visas long séjour (type D) à tous les demandeurs algériens.
En réaction, l’Algérie a répondu dès le lendemain, ce jeudi 7 août, en deux temps. Un premier communiqué a été diffusé dans la matinée par le ministère des Affaires étrangères. Celui-ci revient sur les décisions françaises concernant les visas et affirme que « l’Algérie ne cède pas à la pression, à la menace et au chantage, quels qu’ils soient ».
Plus tard dans la journée, une autre réponse a été rendue publique. Le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger – l’ambassadeur étant absent depuis son rappel le 15 avril – a été convoqué au siège du ministère des Affaires étrangères. Il a été reçu par le Directeur des Immunités et Privilèges. Alger a annoncé deux mesures relatives aux visas diplomatiques et aux biens immobiliers exploités par l’ambassade de France en Algérie.
L’Algérie dénonce l’accord de 2013
« Le Chargé d’Affaires de l’ambassade de la République française en Algérie a été convoqué ce jour au siège du ministère des Affaires Etrangères par le Directeur des Immunités et Privilèges », indique un communiqué du ministère. « A cette occasion, deux notes verbales ont été remises au diplomate français », précise la même source.
« La première note verbale a eu pour objet de notifier formellement la dénonciation par la partie algérienne de l’Accord algéro-français de 2013 relatif à l’exemption réciproque des visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service. Cette dénonciation va plus loin que la simple suspension notifiée par la partie française et met définitivement un terme à l’existence même de cet accord », ajoute le communiqué.
« En conséquence, et sans préjudice des délais prévus dans l’accord, le Gouvernement algérien a décidé de soumettre, avec effet immédiat, les titulaires de passeports diplomatiques et de service français à l’obligation de visas. Il se réserve, par ailleurs, le droit de soumettre l’octroi de ces visas aux mêmes conditions que celles que le Gouvernement français arrêtera pour les ressortissants algériens. Il s’agit là d’une stricte application du principe de réciprocité qui exprime, avant tout, le rejet par l’Algérie des velléités françaises de provocation, d’intimidation et de marchandage ».
Biens immobiliers
La seconde note verbale vise, quant à elle, « à informer la partie française de la décision des autorités algériennes de mettre fin à la mise à disposition, à titre gracieux, de biens immobiliers appartenant à l’Etat algérien au profit de l’ambassade de France en Algérie. Cette note annonce, également, le réexamen des baux, considérablement avantageux, contractés par l’ambassade avec les OPGI d’Algérie et invite la partie française à dépêcher une délégation à Alger pour entamer les discussions à ce sujet », souligne le communiqué.
« Il y a lieu de rappeler que la représentation diplomatique algérienne en France ne bénéficie d’aucun avantage de cette même nature. En conséquence, l’action algérienne ainsi décidée vise là également à introduire l’équilibre et la réciprocité dans la relation algéro-française globale », conclut la même source.