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De l’opulence à l’élégance contemporaine, le bijou d’Ath Yenni se réinvente sans perdre son âme

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Dans les ateliers du village d’Ath Yenni, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Tizi-Ouzou, l’argent, le corail rouge et l’émail se rencontrent sous les doigts des artisans pour donner naissance à des bijoux d’une beauté qui ne cesse de charmer.

De l’opulence ancestrale à l’élégance contemporaine, le bijou qui sort des ateliers de cette localité accrochée à un flanc de montagne, et réputée pour son orfèvrerie traditionnelle, se réinvente sans perdre son âme.

Ce patrimoine artisanal, transmis de génération en génération, a connu au fil des décennies une mue subtile mais essentielle pour s’adapter aux réalités économiques (cherté de la matière première) et aux désirs de la clientèle, tout en préservant son authenticité.

Les pièces traditionnelles, connues pour leur taille imposante, dont des colliers majestueux, des fibules volumineuses et des bracelets massifs incrustés de larges cabochons de corail et décorés d’émaux aux motifs géométriques flamboyants, ont progressivement cédé la place à des pièces moins imposantes mais tout aussi élégantes.

« L’évolution des modes de vie et la nécessité de s’adapter à un pouvoir d’achat ont poussé les artisans à innover tout en préservant l’âme, l’authenticité, et le mode de fabrication artisanal du bijou », a indiqué à l’APS M. Madjid Ogal, issu de la cinquième génération d’artisans bijoutiers de sa famille.

Rencontré à Ath Yenni, où il tient un stand d’exposition à la 19e édition de la Fête du bijou (du 31 juillet au 9 août), cet artisan a relevé que les bijoutiers ont su moderniser leurs créations en élaborant de nouvelles formes et de nouveaux décors, souvent inspirés des motifs géométriques de l’art décoratif amazigh, ce qui a permis de conserver l’essence du style des Ath Yenni.

Le bijou fabriqué localement, a-t-il souligné, évolue et suit son temps. « La femme travaille et porte des tenues modernes, nous lui confectionnons donc des bijoux adaptés à ce mode vestimentaire, tout en gardant l’originalité du produit. C’est un bijou qui vit son temps et s’adapte à toutes les générations ».

Le cachet du bijou traditionnel préservé

De son côté, l’artisan bijoutier, Azzedine Abad, fort d’une trentaine d’années de métier, a lui aussi indiqué que tout en innovant, les bijoutiers d’Ath Yenni veillent à préserver le cachet du bijou kabyle traditionnel.

Cette innovation, a-t-il expliqué, vise à préserver le métier en s’adaptant à la cherté de la matière première (corail et argent) et au budget de la clientèle. « Un artisan qui ne vend pas finira par mettre la clé sous le paillasson, il faut donc évoluer et s’adapter à la demande du marché, non seulement local, mais aussi au-delà », a-t-il observé.

« Nous essayons de créer un bijou qui doit plaire à tout le monde, non seulement localement, mais aussi au-delà de la Méditerranée », a ajouté l’artisan bijoutier.

Il a assuré que « les trois principaux critères qui font l’identité et la noblesse du bijou kabyle, à savoir l’argent, le corail et l’émail, sont préservés en modernisant le bijou. Cette modernisation touche principalement les formes, la taille et les motifs décoratifs ».

Les collections jadis composées de pièces imposantes se sont enrichies de modèles plus légers, plus fins et plus délicats, accessibles aux moyennes et petites bourses, est-il constaté.

Cette modernisation a permis au bijou d’Ath Yenni de conquérir une clientèle plus large, séduite par des pièces plus discrètes et plus faciles à porter au quotidien. On trouve désormais des boucles d’oreilles pendantes légères, des bagues fines et des pendentifs épurés qui se marient avec des tenues contemporaines, prouvant que tradition et modernité ne sont pas incompatibles.

Malgré cette adaptation, les modèles anciens n’ont rien perdu de leur attrait. Les pièces de collection, transmises de génération en génération, sont toujours aussi prisées. Sur les stands de la 19e Fête du bijou, les pièces massives et anciennes sont activement recherchées par les collectionneurs et les amateurs d’art.

Et pour cause, « leur valeur, loin de s’éroder, continue de croître, les positionnant non seulement comme des objets d’art, mais aussi comme des investissements stables, une véritable valeur sûre dans le patrimoine familial », a observé M. Ogal.

Ces bijoux en argent massif ne sont pas de simples parures, mais de véritables démonstrations de richesse et de statut social. Ils constituaient également une assurance financière que l’on pouvait échanger en temps de besoin, ont confié MM. Ogal et Abad.

Le bijou d’Ath Yenni, selon de nombreux artisans rencontrés à la Fête du bijou, « symbolise une tradition qui a su évoluer pour perdurer, un artisanat qui allie la beauté intemporelle des matières nobles à l’intelligence de l’adaptation et l’esprit d’innovation des orfèvres de la région ».

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