Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu mercredi dernier au Palais El Mouradia à Alger une délégation de journalistes libanais, à l’occasion de la visite officielle du président libanais, Joseph Aoun.
Lors de cette rencontre, selon le journal libanais An Nahar, repris par le quotidien El Watan de ce samedi 2 août, le chef de l’État a évoqué plusieurs dossiers régionaux et internationaux. Il a réaffirmé la position de l’Algérie sur la cause palestinienne et la stabilité du Liban, en rappelant les principes de souveraineté et de non-ingérence. Il a parlé de l’état actuel des relations avec la France, qu’il a jugées tendues en raison de l’attitude d’une minorité politique française.
Pas de normalisation avec Israël avant la solution à deux États en Palestine
À propos de la normalisation avec Israël, M. Tebboune a déclaré : « Le monde entier parle d’une solution à deux Etats. Nous avons dit aux Américains que nous ne normaliserons pas nos relations avec Israël avant que cette solution ne soit mise en œuvre. » Il a rappelé que l’Algérie avait accueilli une conférence pour la réconciliation des factions palestiniennes, afin de mettre fin aux divisions internes.
Le président a également salué le rôle de l’Arabie Saoudite : « L’Arabie Saoudite joue actuellement un rôle important dans les efforts pour résoudre la question palestinienne. Nous avons des relations solides avec le Royaume et nous lui sommes reconnaissants d’avoir été à nos côtés pendant les guerres et les soulèvements. »
Président Tebboune : « Je n’ai pas de problème avec Macron »
Concernant les grandes puissances, il a indiqué que l’Algérie entretenait de bonnes relations avec les États-Unis, la Chine et la Russie. Il a rappelé que les Américains avaient soutenu la cause algérienne pendant la Révolution, notamment en portant le dossier à l’ONU. Il a ajouté : « Nous avons dit aux Américains que personne ne pouvait nous monter contre un autre pays. »
Sur les relations avec la France, Abdelmadjid Tebboune a reconnu une phase difficile, marquée par des tensions mémorielles et des déclarations de responsables français sur la colonisation et la migration. Il a précisé : « Je n’ai pas de problème personnel avec le président Emmanuel Macron, mais une minorité extrémiste en France a fait de l’Algérie son obsession. » Il a ajouté : « Nous avons une mémoire que nous ne renierons jamais. »
Le chef de l’État a ensuite abordé la question énergétique. Il a affirmé que l’Algérie restait un partenaire « fiable pour l’Europe » et a rappelé les « relations solides » avec plusieurs pays européens, notamment après sa récente visite en Italie.
L’Algérie, principal soutien au Liban en matière de reconstruction
À propos du Liban, M. Tebboune a rappelé que l’Algérie avait déjà apporté son aide, notamment lors de la panne d’électricité de l’été dernier. Il a déclaré : « L’Algérie serait le principal soutien du Liban en matière de reconstruction », et a annoncé la mise en place d’un comité d’ingénieurs pour « suivre l’exécution de ces projets ».
Le plan, évalué à 200 millions de dollars, vise à relancer des infrastructures essentielles. Interrogé sur le désarmement du Hezbollah, il a répondu : « Je ne m’ingère pas dans la situation interne, et le président Aoun est plus conscient que moi de cette question. »
L’Algérie n’est pas « opposée » aux changements en cours en Syrie
À propos de la Syrie, M. Tebboune a expliqué que l’Algérie n’était pas « opposée » aux changements en cours et qu’il percevait une volonté de réforme du président Ahmed Al Charaa. Il a affirmé : « Nous sommes prêts à répondre à toute demande d’aide formulée par l’Etat syrien. »
Il a estimé que « la Syrie ne redeviendra pas ce qu’elle était » et que « le processus de rassemblement national prendra du temps ». Concernant une éventuelle normalisation entre la Syrie et Israël, il a conclu : « Chaque responsable doit faire ce que son peuple attend de lui. »
