L’Algérie n’a pas acheté de blé tendre français durant la campagne 2024-2025. Les opérateurs français n’ont exporté aucune tonne vers l’Algérie durant cette période. La France, qui fournissait par le passé jusqu’à 80% des besoins algériens en blé tendre, a vu ses exportations chuter ces dernières années.
L’Algérie, client historique, absent depuis deux ans, note Xavier Cassedanne, ingénieur d’affaires spécialisé grains au Crédit Agricole, dans une déclaration au site spécialisé Pleinchamp. Selon lui, cette situation est due à la dégradation des relations diplomatiques entre l’Algérie et la France.
En effet, les deux pays viennent de boucler une année de crise diplomatique inédite, qui avait débué fin juillet 2024 après la décision du président français Emmanuel Macron de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental occupé. Depuis, plusieurs événements sont venus accentuer la brouille entre Alger et Paris.
Xavier Cassedanne estime qu’il y a peu d’espoir pour que l’Algérie continue de privilégier le blé français dans ses prochains appels d’offres. Selon lui, ce retrait affaiblit un marché important pour la filière française. « L’Algérie, qui était historiquement le premier client pour le blé tendre français, n’est plus au rendez-vous depuis deux ans », a-t-il relevé, et de préciser : « En 2024-2025, aucune tonne n’a été exportée vers ce pays. »
Selon lui : « Les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sont catastrophiques, ce qui laisse peu d’espoir quant au fait que l’Algérie privilégie encore l’origine française dans ses futurs appels d’offres. » « Ce retrait fragilise considérablement un débouché majeur pour le blé français », a-t-il dit.
Contrairement à 2024, année marquée par une mauvaise récolte, en 2025, la production céréalière française s’est nettement améliorée. Cependant, la filière française doit composer avec des marchés export sous tension et des clients traditionnels en retrait, selon Xavier Cassedanne.
Pour la campagne 2025-2026, il indique que la France prévoit d’exporter environ 8 millions de tonnes de blé tendre sur une production estimée à 33 millions de tonnes. Ce volume reste inférieur aux années habituelles. L’enjeu principal sera de savoir si les clients traditionnels achèteront suffisamment, car sinon, des stocks importants pourraient rester en fin de campagne.
Après avoir été pendant longtemps le principal fournisseur de blé de l’Algérie, couvrant parfois jusqu’à 80 % de ses besoins, la France a vu ses exportations baisser fortement ces dernières années. En 2019, l’Hexagone avait exporté vers l’Algérie près de 5 millions de tonnes de blé tendre, pour un montant avoisinant 1 milliard d’euros.
L’Algérie a modifié son cahier des charges pour l’importation des céréales, en revoyant à la baisse certains critères techniques. Cette décision a permis à d’autres fournisseurs, notamment de la mer Noire (Russie, Ukraine…), de prendre place sur le marché algérien, grâce à des prix plus compétitifs.
Mi-juillet, l’Algérie a acheté environ un million de tonnes de blé tendre dans le cadre d’un appel d’offres international lancé par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Bien que l’origine est optionnelle, la provenance du blé a été la région de la mer Noire, incluant l’Ukraine, la Russie et la Bulgarie, tandis qu’une une part de la cargaison provenait de la région de la mer Baltique. Lors de cette importante acquisition, l’origine française n’a pas été retenue.
Ces dernières années, les pays de la mer Noire, notamment la Russie, ont renforcé leur position en Afrique du Nord, l’une des principales zones d’importation de blé dans le monde. Elle représente à elle seule environ 15 % du commerce mondial dans ce secteur. Cette région était autrefois, le principal débouché pour le blé français.
Selon les données récentes du Département américain de l’agriculture (USDA), les exportations de blé russe vers la région ont continué d’augmenter. Pour la campagne 2024/2025, elles ont dépassé les 13,5 millions de tonnes, ce qui représente 42 % des importations totales de la région. En comparaison, les pays de l’Union européenne couvrent environ 25 % de ces importations.
La Russie domine le marché du blé en Afrique du Nord, surtout en Égypte (7 millions de tonnes), et renforce ses ventes en Tunisie et au Maroc, où elle est devenue le principal fournisseur en 2024. L’Ukraine, après un recul lié au conflit, a repris ses exportations, notamment vers l’Algérie et la Tunisie. Selon l’USDA, la région devrait continuer à importer davantage de blé, avec 32,2 millions de tonnes prévues en 2025/2026.