Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a déclaré, dans une entrevue avec des médias nationaux diffusée vendredi soir, que l’économie parallèle doit disparaître et intégrée dans l’économie réelle. En Algérie, l’économie parallèle représente, selon les estimations officielles, 10 000 milliards de dinars, soit l’équivalent d’environ 90 milliards de dollars.
« Le constat, nous l’avons fait depuis 2020 et 2021. Pour que l’économie nationale se développe, il faut que l’économie parallèle disparaisse et devienne réelle, générer des impôts et des revenus pour l’Etat, et créer des emplois réels. C’est ce qu’on est en train de faire », a-t-il dit, assurant que la méthode suivie consiste à convaincre les gens pour qu’ils intègrent le circuit formel, excluant l’usage de la méthode forte.
Pour illustrer l’ampleur de l’argent qui circule hors circuit bancaire, le président Tebboune a indiqué qu’il y a des gens qui ont des pièces remplies jusqu’au plafond en billets de banque. « Il y a des gens, actuellement, quand tu leur demande combien ils ont, ils répondent : ‘J’ai un F3’. ça veut dire quoi un F3 ? ça veut que j’ai trois pièces remplies jusqu’au plafond avec de l’argent. Voilà où on est arrivé », a-t-il regretté, relevant que cette situation a complètement désarticulé le marché, les importations, et la flambée de l’immibilier, dont les prix sont multipliés par cinq, voire dix.
« Nous avons pris les premières mesures d’intégration de l’économie informelle. Nous avons commencé par légaliser le commerce du cabas (micro-importation, ndlr) », a-t-il souligné, ajoutant qu’avec cette décision, il n’y a plus d’importations parallèles et ceux qui exercent cette activité devienne des agents économiques, font rentrer de l’argent à l’Etat, paieront leurs impôts et les taxes douanières. « C’est la première étape de l’intégration de l’économie parallèle dans l’économie réelle », a-t-il dit, précisant que la prochaine étape, c’est le gros du capital qui est toujours dans le marché informe qui sera ciblé.
Selon le président Tebboune, cette année, beaucoup de gens se sont inscrits, notamment comme auto-entrepreneur, pour intégrer l’économie réelle, d’après les données du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. « C’est une très bonne chose pour l’intégration de l’économie parallèle », a-t-il estimé, annonçant qu’il y aura d’autres mesures pour intégrer notamment les sommes importantes thésaurisées par les gens.
« Une fois qu’on aura intégrer tout cela, l’économie nationale va changer totalement. Même les indices économiques de la Banque mondiale et du FMI vont changer », a-t-il indiqué, en rappelant les mesures prises pour limiter l’utilisation de l’espèce ou cash dans les transactions immobilières, achats de véhicules auprès des concessionnaires, les polices d’assurance et l’achat de yachts. Il a également souligner que le paiement électronique est en train de se développer rapidement. Relancé sur le fait que c’est la bancarisation qui pose problème, le chef de l’Etat indiqué que c’est plutôt « la cachoterie qui pose problème ».
« Tout ça, tant à cerner un peu cette masse monétaire qui échappe au contrôle. Même sur le plan sécuritaire elle pose problème », a-t-il indiqué. Relevant la difficulté de la chose, il a expliqué qu’« il y a des éléments immatériels qui rentrent dans cette politique-là », comme les mentalités de ces gens, qu’il il faut convaincre et attirer les gens vers soi…etc. « Nous sommes en train d’accélérer les choses, et ce comportement-là ne date pas d’aujourdhui, mais date depuis 1991 », a-t-il rappelé. « De 1991 à aujourd’hui, il y a des accumulations énormes. Nous n’allons pas changer ça en cinq ans. Cela prend du temps et convaincre (les gens concernés, ndlr) », a-t-il précisé, assurant qu’il est « optimiste » à ce sujet.
« Nous sommes très sensibles à ce problème. Si nous parlons d’économie et de finances, cela fait de nos problèmes. La Banque mondiale et le FMI savent que nous faisant des efforts énormes pour bancariser » l’agrent de l’économie informelle, a-t-il indiqué, appelant ceux qui détiennent ces sommes importantes de les investir dans l’économie réelle en créant, notamment leurs propres banques privées.