Le Fonds monétaire international (FMI) a salué, ce lundi 30 juin, les perspectives globalement positives de l’économie algérienne à court terme. Il a cependant recommandé la mise en œuvre d’un rééquilibrage budgétaire progressif dans les meilleurs délais délais.
« Les perspectives à court terme de l’économie algérienne restent globalement positives malgré l’incertitude à l’échelle mondiale, mais les vulnérabilités budgétaires sont importante »; »Un ajustement budgétaire progressif, mais urgent, est essentiel pour renforcer la résilience budgétaire et reconstituer des marges budgétaires, tandis que la politique monétaire doit rester axée sur la stabilité des prix. Une plus grande flexibilité du taux de change renforcerait la capacité de l’économie à absorber les chocs extérieurs, y compris ceux liés aux cours des hydrocarbures »;
« Une consolidation des cadres institutionnels, ainsi que des réformes visant à renforcer la résilience budgétaire, diversifier l’économie et promouvoir l’investissement privé, sont essentielles pour stimuler la croissance et créer des emplois à moyen terme. » Résume le FMI dans un communiqué publié sur son site web à l’issue de la mission, dirigée par M. Charalambos Tsangarides, qui s’est rendue à Alger du 16 au 30 juin pour mener les consultations de 2025 au titre de l’Article IV avec l’Algérie.
« L’activité économique a ralenti de 4,1 % en 2023 à 3,6 % en 2024, les baisses de production décidées par les pays de l’OPEP+ ayant pesé sur le secteur des hydrocarbures. L’activité hors hydrocarbures est restée dynamique, avec une croissance de 4,2 %. Le solde courant est devenu déficitaire en 2024 sous l’effet d’une baisse de la production d’hydrocarbures et des prix du gaz. Les réserves de change sont restées conséquentes, s’établissant à 67,8 milliards de dollars, couvrant environ 14 mois d’importations », a déclaré M. Tsangarides, à l’issue de la mission.
Et d’ajouter : « L’inflation a fortement diminué, passant d’une moyenne annuelle de 9,3 % en 2023 à 4 % en 2024, principalement sous l’effet d’une progression plus faible des prix des denrées alimentaires, mais l’inflation hors énergie et alimentation a également reculé. La politique monétaire est restée accommodante au premier semestre de 2025. Le déficit budgétaire s’est considérablement creusé en 2024, atteignant 13,9 % du PIB, en raison de la baisse des recettes d’hydrocarbures et de la hausse des salaires et des dépenses d’investissement, et devrait rester élevé en 2025. »
« Les perspectives à court terme sont globalement positives, portées par une reprise progressive de la production d’hydrocarbures grâce à la levée graduelle des mesures de réduction de la production décidée par l’OPEP+, ce qui devrait soutenir la croissance en 2025, tandis que l’inflation resterait modérée », prévoit le FMI.
Et de souligner : « Toutefois, la montée des tensions budgétaires pose des problèmes importants de financement et, si elle se prolonge, entraînera une augmentation de la dette publique à moyen terme. L’incertitude mondiale persistante et la volatilité des cours des hydrocarbures devraient freiner les exportations et l’investissement, contribuant à creuser le déficit courant en 2025. »
Selon le Fonds monétaire international : « Les perspectives économiques sont exposées à plusieurs risques, principalement dus à la volatilité des prix des hydrocarbures dans un contexte de politiques commerciales instables et de tensions géopolitiques, et à des déficits budgétaires persistants qui mettent en péril la viabilité de la dette et renforcent l’interdépendance financière entre l’État, les entreprises publiques et les banques publiques. Toutefois, les perspectives économiques à moyen terme s’amélioreraient si des réformes de diversification de l’économie étaient soutenues, et si le Plan d’Action des autorités et des réformes structurelles étaient mis en œuvre. »
Le FMI recommande de mettre en œuvre un rééquilibrage budgétaire progressif dans les meilleurs délais
Afin de préserver la stabilité macrofinancière et d’atténuer les risques à court terme dans un contexte mondial volatil, la mission du FMI recommande « un rééquilibrage budgétaire progressif mais mis en œuvre dans les meilleurs délais. » « Ce rééquilibrage permettra de freiner l’augmentation des besoins de financement due aux déficits élevés et à la chute des cours des hydrocarbures, ce qui contribuera à réduire les vulnérabilités, à reconstituer des marges budgétaires et à stabiliser la dette publique à moyen terme », préconise la même source.
Et d’ajouter : « La politique monétaire doit rester guidée par la conjoncture économique et fermement centrée sur son objectif d’inflation, tout en surveillant étroitement l’évolution du secteur financier. Une plus grande flexibilité du taux de change renforcera la capacité de l’économie à absorber les chocs extérieurs dans un contexte de volatilité accrue des cours des hydrocarbures et d’incertitude à l’échelle mondiale. »
Parmi les priorités de réforme à moyen terme figurent l’amélioration de la soutenabilité des finances publiques, la mission du FMI recommande « le renforcement des cadres opérationnels de la politique monétaire et financière », et « la poursuite des réformes structurelles visant à stimuler l’investissement privé, la croissance inclusive et la création d’emplois. »
« La stratégie d’ajustement budgétaire serait renforcée par des réformes visant à augmenter les recettes hors hydrocarbures et à rationaliser les dépenses », explique la mission, précisant qu’« une stratégie révisée de mobilisation des recettes soutiendrait les efforts visant à élargir l’assiette fiscale, notamment en rationalisant les dépenses fiscales, et à améliorer la conformité fiscale par la numérisation de l’économie. »
Selon le FMI : « Une réforme des subventions aiderait à reconstituer les marges de manœuvre budgétaires et à créer un espace budgétaire pour les dépenses prioritaires, notamment l’aide ciblée aux ménages vulnérables », et « l’amélioration de l’efficacité des investissements publics appuierait la réalisation des objectifs de diversification économique des autorités. » « Il serait essentiel d’améliorer la surveillance, l’efficience et la gouvernance des entreprises publiques pour maîtriser les risques macrofinanciers », indique la même source.
« La mission salue les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la loi organique budgétaire de 2018, qui devrait améliorer la transparence et renforcer la responsabilité dans l’exécution budgétaire, la création au sein du ministère des Finances d’une unité chargée de superviser les entreprises publiques et de renforcer la gestion des risques budgétaires, ainsi que l’application attendue de la nouvelle loi sur les marchés publics », lit-on dans le communiqué.
La mission félicite les autorités « pour la poursuite de la mise en œuvre de la loi monétaire et bancaire de 2023, l’amélioration de la gestion de la liquidité et le renforcement des capacités en matière de prévision macroéconomique et d’analyse des politiques. » « Une clarification du cadre de la politique monétaire — en définissant clairement un objectif premier et un point d’ancrage nominal — renforcerait la transmission et l’efficacité de cette politique », selon le FMI, qui ajoute : « Il est essentiel d’améliorer la surveillance du secteur financier pour atténuer les risques liés à l’interdépendance financière étroite entre l’Etat, les entreprises publiques et les banques publiques. »
La mission salue également « les efforts que déploient les autorités pour diversifier l’économie et améliorer le climat des affaires pour stimuler l’investissement privé ». Parmi les principales initiatives, le FMI cite « la création d’un guichet unique pour l’accès au foncier, les efforts visant à aligner les exportations sur les normes internationales et la promotion du commerce en ligne. »
La mission encourage « la poursuite de ces réformes mais déconseille l’application généralisée d’incitations fiscales susceptibles de générer des pertes de recettes », et que « des mesures supplémentaires peuvent être prises en éliminant les restrictions administratives, en assouplissant les marchés des produits et du travail et en assurant des conditions de concurrence équitables entre les secteurs public et privé. »
La mission salue également « les récentes réformes de la gouvernance et les efforts continus visant à renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ainsi qu’à accroître la transparence et la responsabilité dans le secteur public. »