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Le président Tebboune évoque l’emploi de la main-d’œuvre subsaharienne en Algérie

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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a évoqué, pour la première fois, la possibilité d’employer des travailleurs subsahariens dans plusieurs secteurs en manque de main-d’œuvre, notamment l’agriculture. Cette question a été abordée lors d’une rencontre avec des représentants de la société civile jeudi dernier à Béchar, où il a effectué une visite de travail et d’inspection.

« Nous n’avons aucune objection. Nous avons d’excellentes relations avec tous les peuples d’Afrique, et plus particulièrement ceux des pays du Sahel. Certes, nous ne sommes pas d’accord avec les putschistes dans certains pays, mais pas avec les peuples. Dans cette région, les liens familiaux sont profonds et denses », a-t-il déclaré selon le journal El Watan.

Le président Tebboune a donné l’exemple des « familles algériennes et maliennes à Bordj Badji Mokhtar et à Tin Zaouatine (côté malien) qui ne sont séparées que par les frontières ». Il a ajouté : « C’est pourquoi, nous n’avons pas de problèmes à ce que les migrants subsahariens travaillent en Algérie. Les chantiers sont là et les gens ont besoin de main-d’œuvre, notamment dans l’agriculture. À condition que leur entrée sur le territoire soit organisée ».

Cette déclaration pose la question de l’ouverture officielle du marché du travail aux migrants africains. Jusqu’à présent, même si la loi algérienne autorise le travail des étrangers, elle impose qu’ils soient en situation régulière. Toute personne étrangère souhaitant travailler en Algérie doit obtenir un permis de travail ou une autorisation temporaire, comme le prévoit la loi n° 81-10 du 11 juillet 1981 sur l’emploi des travailleurs étrangers, rappelle le même journal.

Selon la réglementation actuelle, trois régimes existent. Le premier est destiné aux travailleurs exerçant pour plus de trois mois. Le deuxième concerne ceux travaillant pour trois mois ou moins. Le troisième régime s’applique aux travaux exceptionnels d’une durée n’excédant pas 15 jours, avec un total cumulé de trois mois maximum par an.

Depuis quelques années, l’Algérie voit arriver un grand nombre de migrants subsahariens. Certains souhaitent rejoindre l’Europe, tandis que d’autres s’installent en Algérie, souvent sans statut légal. Ces migrants cherchent du travail dans les chantiers ou auprès de particuliers, sans bénéficier de protection juridique.

Le journal El Watan rappelle également une étude réalisée en 2023 par des chercheurs du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) a analysé ce phénomène dans cinq wilayas : Oran, Alger, Béjaïa, Tlemcen et Tamanrasset. Le sociologue Mohamed Saïb Musette, qui a participé à cette étude, explique que « les travailleurs étrangers se divisent en deux catégories distinctes ».

Selon lui, « il y a les nouveaux migrants arrivés au cours des cinq dernières années en provenance généralement d’Afrique subsaharienne, avec un niveau d’instruction faible, une expérience professionnelle limitée, une situation financière précaire, une intégration très faible et l’espoir de réduire la durée de transit par l’Algérie. Le deuxième profil regroupe les travailleurs migrants temporaires. Originaires, généralement, des pays arabes et asiatiques, ces anciens travailleurs migrants sont plus instruits et expérimentés, et mieux intégrés dans l’économie algérienne ».

Mohamed Saïb Musette relève aussi deux points importants. D’une part, la baisse du nombre de travailleurs étrangers réguliers. « On observe, selon les données accessibles, une baisse du volume des travailleurs étrangers. Au début de ce millénaire, ils étaient à peine un millier de salariés détenteurs d’un permis de travail, avant que ce chiffre ne passe en 2016 à 100 000. Fin 2020, le nombre de permis en cours de validité était divisé par cinq, soit moins de 20 000 étrangers bénéficiaires. Il est à souligner que les ressortissants de certains pays (comme la Tunisie ou la France) ne sont pas soumis au régime de permis de travail. Ils doivent néanmoins être enregistrés », indique-t-il.

D’autre part, il évoque la difficulté de mesurer le nombre de travailleurs sans papiers : « Le volume des travailleurs exerçant sans aucun papier reste statistiquement insaisissable ». L’étude signale également que « 16% des étrangers affirment être victimes de discrimination, laquelle est plus intense à l’égard des Subsahariens (32%) que des Arabes ou des Asiatiques ». Mohamed Saïb Musette ajoute : « L’Algérien oublie parfois qu’il est aussi Africain. Plus que la discrimination, le racisme noir-blanc est latent ».

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