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Crise Algérie-France : la CCIAF appelle à préserver les liens économiques

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Alors que les relations entre l’Algérie et la France connaissent un regain de tension, la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF) a déploré, dans un communiqué publié le 17 avril, les répercussions de la crise diplomatique sur la coopération économique et a invité les acteurs des deux pays à maintenir le cap du partenariat et de l’investissement, loin des considérations politiques.

Moins de deux semaines après la reprise du dialogue entre les deux pays après plusieurs mois de tensions diplomatiques, une nouvelle crise surgit, à la suite de l’arrestation en France d’un agent consulaire algérien, interpellé dans le cadre de l’enquête sur le présumé enlèvement du Youtubeur Amir Boukhors, connu sous le nom d’Amir DZ.

Alger a annoncé lundi 14 avril sa décision d’expulser 12 agents exerçant auprès de l’ambassade et des consulats de France. Paris a réagi mardi 15 avril et annoncé le rappel de son ambassadeur en Algérie, Stéphane Romatet, et l’expulsion de 12 agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien dans l’Hexagone.

Au cours d’un entretien téléphonique le 31 mars dernier, les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont mis un terme à huit mois de crise inédite entre l’Algérie et la France. Cette période de tensions avait été déclenchée par la décision en juillet 2024 du président français de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

L’échange entre les deux chefs d’Etat avait été suivi par la visite à Alger du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. A l’issue de l’audience que lui avait accordée le président Tebboune, le MAE français avait annoncé un retour « à la normale » entre les deux pays. Dans sa déclaration, il a également a également abordé les relations économiques algéro-françaises. 

« J’ai eu l’occasion de rappeler les difficultés apparues ces derniers mois s’agissant du développement de nos échanges particuliers dans les secteurs agroalimentaire, automobile ou du transport maritime. Le président Tebboune m’a assuré de sa volonté de leur donner une nouvelle impulsion », avait-il indiqué.

Crise Algérie-France : La CCIAF s’exprime

La CCIAF a réagi en appelant à préserver les liens économiques « La relation algéro-française a subi ces derniers jours un regain de tension qui a malheureusement affecté la collaboration économique et plus spécifiquement l’investissement et le développement d’entreprises françaises de renom en Algérie », lit-on dans le communiqué signé par Michel Bisac, président de la CCIAF.

« Nous déplorons fortement cette escalade relevant de la politique politicienne. Celle-ci intervient quelques jours seulement après la reprise d’un dialogue constructif entre les Présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, qui ont placé l’intérêt des deux nations à la hauteur des multiples liens qui les unis », écris la CCIAF.

Et de souligner : « Les liens économiques constituent un enjeu majeur à préserver et à consolider car ils sous-tendent des liens humains et sociaux qui ont vocation à prémunir l’avenir quel que soit les turbulences du moment. »

Selon la CCIAF : « Les acteurs économiques doivent unir leurs efforts sur la concrétisation d’investissements créateurs de valeur ajoutée dans un esprit d’intérêts réciproquement bénéfiques à l’écart des tensions politiques actuelles. »

« C’est pourquoi nous nous associons à l’engagement qu’a réaffirmé le Conseil du Renouveau Economique Algérien CREA en faveur de partenariats internationaux équilibrés et mutuellement respectueux », indique la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française.

Et d’ajouter : « Nous appelons l’ensemble des acteurs économiques, les entreprises françaises, les entreprises algériennes ainsi que les entreprises de la diaspora à s’inscrire dans la démarche initiée par les deux Présidents afin de préserver le lien économique et à le prémunir des conséquences de dégradations relationnelles. »

La CCIAF réaffirme « son engagement et sa disponibilité à œuvrer dans l’intérêt des entreprises des deux pays dans le cadre de ses missions », et encourage « les entreprises impactées par cette dégradation du climat des affaires qui depuis la France travaillent avec des partenaires Algériens à se manifester auprès de ses services pour réaffirmer leur volonté de pérenniser leurs partenariats qui ne l’oublions pas, ont également vocation à maintenir des emplois stables en France », conclut le communiqué.

Le CREA annule sa visite en France

Mardi 15 avril, le Conseil du Renouveau économique algérien (CREA) a annoncé, dans un communiqué, l’annulation de la visite qu’il devait effectuer en France, ainsi que de la rencontre prévue avec le Mouvement des entreprises de France (MEDEF).

Cette visite avait été annoncée par le MAE français lors de son déplacement à Alger. Il avait indiqué que le patron du Medef recevra également son homologue algérien du Conseil du renouveau économique algérien (CREA) le 9 mai prochain, et la tenue avant l’été prochain, d’une réunion du comité mixte économique algéro-français (COMEFA).

Le CREA a précisé que cette décision « intervient à la suite d’une mesure prise par les autorités françaises, déconseillant fortement à un dirigeant d’une entreprise française de transport maritime de se rendre en Algérie pour concrétiser un projet d’investissement ».

Le PDG de l’armateur français CMA CGM, Rodolphe Saadé, devait effectuer une visite officielle à Alger mardi dernier, accompagné de son équipe dirigeante, dont la vice-présidente Christine Cabau Woehrel, et de son conseiller diplomatique, Patrice Bergamini, avons-nous appris de sources proches du groupe Sogeport, selon le journal El Watan.

Le patron de la compagnie maritime française devait être reçu par le président Abdelmadjid Tebboune et le ministre des Transports, pour finaliser un vaste projet d’investissements négocié discrètement depuis près d’un an.

« Cette annulation provoquée et justifiée par les autorités françaises au motif de la  »crise entre les deux pays », contredit les déclarations officielles appelant à l’apaisement et à la normalisation des relations algéro-françaises », selon le communiqué duu CREA.

« Il est paradoxal que les mêmes autorités françaises, qui expriment des préoccupations quant à la participation limitée des entreprises françaises aux appels d’offres internationaux en Algérie, prennent des mesures qui entravent les initiatives d’investissement privés », a déploré le CREA.

« Face à cette situation incohérente et aux signaux négatifs adressés aux acteurs économiques algériens », le CREA a estimé qu’il « n’est pas opportun de maintenir sa visite en France ni sa rencontre avec le MEDEF ».

L’Organisation patronale algérienne a réaffirmé « son engagement en faveur de partenariats internationaux fondés sur la réciprocité, la transparence et le respect mutuel et demeure mobilisé pour défendre les intérêts de l’économie algérienne et de ses acteurs ».

11,1 milliards d’euros d’échanges commerciaux en 2024

Les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France ont reculé de 4,3 % en 2024, atteignant 11,1 milliards d’euros, selon les chiffres de la direction générale du trésor français, relevant du ministère de l’économie. Les échanges commerciaux entre les deux pays avaient atteint 11,8 milliards d’euros en 2023.

En 2024, les importations françaises en provenance d’Algérie ont baissé de 11,2 %, atteignant 6,3 milliards d’euros contre 7,1 milliards en 2023. Cette baisse est principalement due au recul des prix mondiaux des hydrocarbures, qui représentent près de 80 % des exportations algériennes vers la France.

Les ventes d’hydrocarbures ont chuté de 14 %, notamment le gaz naturel (-19,1 %) et, dans une moindre mesure, le pétrole brut (-2,7 %). Toutefois, certains segments comme les produits pétroliers raffinés et le coke ont progressé (+3,7 %). Les produits industriels hors hydrocarbures ont quant à eux diminué de 2,6 %.

En 2024, les exportations françaises vers l’Algérie ont augmenté de 6,6 %, atteignant 4,8 milliards d’euros. Cette hausse s’explique par la dynamique de plusieurs secteurs. Les produits industriels, premier poste d’exportation, ont progressé légèrement (+1,8 %), tandis que les matériels de transport (+28,2 %) et les équipements mécaniques, électriques et électroniques (+22,8 %) ont fortement contribué à la croissance.

Le secteur agricole, devenu le quatrième poste d’exportation, a rebondi de 16,5 %, porté par une reprise spectaculaire des ventes de céréales (+105,6 %). En revanche, les exportations de produits agroalimentaires ont chuté de 21,9 %.

L’Algérie reste le deuxième marché africain pour les exportations françaises en 2024, derrière le Maroc et devant la Tunisie. L’augmentation des exportations françaises vers l’Algérie, combinée à la baisse des importations en provenance de ce pays, a réduit le déficit commercial français, passé de -2,6 à -1,5 milliard d’euros.

Par ailleurs, le stock d’investissements directs étrangers (IDE) français en Algérie atteignait 2,8 milliards d’euros en 2023, faisant de la France le troisième investisseur dans le pays, principalement dans les services financiers, l’industrie manufacturière et les industries extractives.

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