Après trois années consécutives de croissance, les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France ont reculé de 4,3 % en 2024, atteignant 11,1 milliards d’euros, selon les chiffres de la direction générale du trésor français, relevant du ministère de l’économie. Les échanges commerciaux entre les deux pays avaient atteint 11,8 milliards d’euros en 2023.
« Cette baisse s’explique principalement par la diminution des prix des hydrocarbures, qui a entraîné une contraction des importations françaises en provenance d’Algérie », selon la même source. Il convient de rappeler que la deuxième moitié de l’année dernière a été marquée par tensions diplomatiques, qui a débuté fin juillet dernier à la suite de la reconnaissance du président français d’un prétendu « plan d’autonomie » marocain pour le Sahara occidental occupé.
Dans un entretien début février au journal français L’Opinion, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait déclaré au sujet des relations algéro-françaises : « (…) Mais, plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu. (…) ».
Les importations françaises d’Algérie en baisse de 11,2 %
Les importations françaises en provenance de l’Algérie ont reculé de 11,2 % en 2024, s’établissant à 6,3 milliards d’euros contre 7,1 milliards d’euros en 2023, selon les mêmes chiffres. « Cette baisse s’explique principalement par la baisse des cours mondiaux des hydrocarbures, secteur qui représente 79,4 % des exportations algériennes vers la France », lit-on dans le document du trésor français, publié le 27 février dernier.
Les ventes d’hydrocarbures vers la France ont ainsi enregistré une diminution de 14 %, passant de 5,8 milliards d’euros en 2023 à 5 milliards d’euros en 2024. Plus précisément, les importations françaises d’hydrocarbures algériens étaient composées à 46,7 % de pétrole brut, en légère baisse de 2,7 % à 2,7 milliards d’euros, et à 41,9 % de gaz naturel, liquéfié ou gazeux, en forte diminution de 19,1 % à 2,4 milliards d’euros.
« Malgré ce recul, certains segments ont affiché une résilience notable », souligne la même source, qui précise que les produits pétroliers raffinés et le coke ont progressé de 3,7 %, atteignant 789 millions d’euros. En revanche, les importations françaises de produits industriels algériens hors hydrocarbures ont légèrement diminué de 2,6 %, s’établissant à 414 millions d’euros.
Les exportations françaises de biens vers l’Algérie en hausse
En 2024, selon les mêmes chiffres, les exportations françaises de biens vers l’Algérie ont progressé de 6,6 % en glissement annuel, atteignant 4,8 milliards d’euros, après un léger repli de 0,5 % en 2023. « Cette reprise repose sur plusieurs dynamiques sectorielles », selon les mêmes chiffres, desquels il ressort que l’année dernière, les produits industriels étaient le principal poste d’exportation de la France vers l’Algérie, tandis que les produits agricoles sont devenus le quatrième poste d’exportations françaises.
« Les produits industriels, qui constituent le premier poste d’exportation vers l’Algérie, représentent 39,8 % du total des exportations françaises, mais leur progression reste modeste, avec une hausse de 1,8 % à 1,9 milliards d’euros. Les matériels de transport confirment leur rôle moteur en enregistrant une croissance dynamique de 28,2 %, atteignant 1,1 milliard d’euros, soit 23,2 % du total des exportations françaises vers l’Algérie. Les exportations d’équipements mécaniques, matériels électriques et électroniques affichent également une progression soutenue de 22,8 %, s’élevant à 1,1 milliards d’euros », détaille la même publication.
« Le secteur agricole, longtemps pilier des échanges franco-algériens est désormais le quatrième poste de nos exportations, il a néanmoins enregistré une hausse de 16,5 %, atteignant 322 milliards d’euros en 2024, après une chute de 73,1 % en 2023. Ce redressement est essentiellement porté par la forte reprise des ventes de céréales au premier semestre, qui ont bondi de 105,6 %, atteignant 329 millions d’euros sur l’année après une contraction drastique de 80,7 % en 2023 », explique-t-on. Et d’ajouter : « En revanche, les exportations de produits des industries agroalimentaires, cinquième poste à l’exportation, ont connu un net recul de 21,9 %, passant de 408 millions d’euros en 2023 à 319 millions d’euros en 2024 ».
L’Algérie, deuxième débouché des exportations françaises en Afrique
L’Algérie conserve néanmoins sa position de deuxième débouché des exportations françaises en Afrique, derrière le Maroc (7,4 milliards d’euros) et devant la Tunisie (3,4 milliards d’euros), selon le même document.
« La hausse des exportations françaises vers l’Algérie, combinée à la baisse des importations françaises en provenance d’Algérie, a mécaniquement entraîné une amélioration du solde commercial français. Celui-ci s’est résorbé de 1,1 milliard d’euros pour s’établir à -1,5 milliard d’euros en 2024″, note la même source.
La même publication a également évoqué le stock d’IDE française en Algérie. « D’après les données de la Banque de France, le stock d’IDE français en Algérie (c’est-à-dire la somme des flux, réajustée selon le taux de change) s’élevait en 2023 à 2,8 Mds EUR, plaçant également la France en troisième place des investisseurs en Algérie (probablement la première hors hydrocarbures), derrière les États-Unis et l’Italie. Traditionnellement, les IDE français se dirigent vers trois secteurs : les services financiers, l’industrie manufacturière et les industries extractives », précise-t-on.